Cent dix ans après sa mort, l’héritage de Jaurès plus que jamais nécessaire

mardi 6 août 2024.
 

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Le 31 juillet 1914, en tuant Jean-Jaurès, c’est tout l’esprit fraternel et pacifiste du socialisme que Raoul Villain, ultranationaliste, cherche à anéantir. Difficile de ne pas déceler dans cet épisode tragique de la gauche des résonances avec le contexte actuel.

« Il se voulait le défenseur d’une société pacifiée où les relations sociales entre individus, entre peuples, entre États seraient régies par la recherche du bien commun et de l’émancipation humaine », se remémore le sénateur de Seine-Saint-Denis. Mais, peu à peu, l’ombre de la Grande Guerre s’est épaissie et l’idéal démocratique de souveraineté populaire s’est transformé en un nationalisme revanchard des plus rances.

Cent dix ans plus tard, le RN, Fratelli d’Italia, le Vlaams Belang belge, l’AfD allemande et le PVV de Geert Wilders ont déferlé sur le Parlement européen, le 9 juin dernier. L’histoire bégaie. Revoilà « cette vague de la rancœur » qui a afflué en 1914, alerte Fabien Gay.

C’est aujourd’hui « le souffle du conservatisme, de la concurrence de tous contre tous, celui d’une parole décomplexée qui humilie, plane au-dessus de nous », observe le sénateur. Un souffle putride, qui jamais ne retombe, et appelle encore à « s’en prendre aux homosexuels, aux migrants, aux jeunes de nos quartiers, et qui dresse des listes de personnalités à abattre ». À l’image du site d’extrême droite Réseau libre et de ses incitations à mettre une « balle dans la nuque » de 180 personnalités, dont des rédacteurs de l’Humanité, et pour lequel le parquet de Paris a ouvert une enquête.

L’heure de la guerre idéologique contre l’extrême droite

« Nous vivons une inversion invraisemblable des valeurs », s’insurge le communiste : « Pour certains, la République, ce serait défendre la préférence nationale, les violences policières ou encore la chasse aux pauvres et aux immigrés. » Des anathèmes martelés par une presse conservatrice, aux mains de milliardaires qui mettent à profit leur capital pour répandre leur poison réactionnaire.

Et désormais le centre aussi s’y met, pris dans son propre piège, en revendiquant le monopole de la raison et en instaurant un clivage fallacieux entre lui et les soi-disant extrêmes. « L’hôte de l’Élysée a réussi en un septennat à décomposer et recomposer la vie politique française, et renvoie dos à dos le Nouveau Front populaire et l’extrême droite », rappelle Fabien Gay. Le même système fou poursuit des militants de la justice sociale et environnementale, au même titre que des assassins islamistes, pour motifs terroristes. En octobre dernier, Gérald Darmanin confirmait, à la commission d’enquête parlementaire sur les groupuscules violents, que près de 10 000 personnes étaient suivies pour leur appartenance à « l’ultragauche ».

La seule issue salvatrice possible, pour le directeur de l’Humanité : « Reprendre la main idéologiquement pour rendre majoritaires les idées de progrès, de partage, de solidarité qui fondent notre contrat démocratique et social ! » Et pour cela s’appuyer sur l’ensemble des forces politiques de gauche afin de construire un contre-discours crédible. En un mot : l’unité. « Se concerter et délibérer cordialement pour l’action commune », dirait Jaurès.

Applaudissements et dépôt des gerbes au pied de la plaque commémorative incrustée d’or, concluent cette matinée. Militants et élus entament en chœur la Marseillaise et l’Internationale. « L’union n’est pas facultative », abonde Raphaëlle Rémy-Leleu. « Nous avons besoin de la construire au quotidien », ajoute Lamia El Aaraje, selon qui « la diversité de la gauche fait sa force ». Le Nouveau Front populaire a franchi un premier pas en s’accordant sur le nom de Lucie Castets. Une union non seulement pour endiguer la vague brune, mais surtout pour gouverner.

Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !


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