Le Parti de Gauche publie Discours en Amérique Latine, inédit de Jean Jaurès

jeudi 23 septembre 2010.
 

Cette fête de l’Humanité fut aussi l’occasion de présenter un livre auquel je tiens beaucoup et auquel j’ai eu le grand plaisir de participer à sa réalisation : Discours en Amérique Latine - 1911, de Jean Jaurès (aux éditions Bruno Leprince). Il s’agit d’un recueil de discours du grand socialiste, prononcés en 1911 en Argentine, et traduit pour la première fois en français car ils n’existaient plus qu’en espagnol non réédités depuis 1922 ! Cette situation peut vous paraître étonnante. Oui, on peut encore publier et lire du Jaurès inédit. Ce livre a une histoire étonnante et je vous en parlerai plus longuement à l’occasion d’un prochain billet. Cet ouvrage prend d’autant plus de valeur qu’il rassemble également quelques photos jamais publiées en France, du voyage de Jaurès. Ces dernières ont été retrouvées par Raquel Garrido, à Buenos Aires, à l’occasion de plusieurs voyages qu’elle y avait fait en 2009. Dimanche donc, avec Jean Luc, qui signe la préface, j’ai eu l’honneur de présenter ce livre. J’y ai rédigé un article de « cadrage historique » qui raconte les raisons et les conditions de ce séjour. C’est ce que j’ai présenté en quelques minutes.

Après moi, Jean Luc a fait un discours de près d’une heure dans lequel il a donné toute l’importance des discours ici publiés. Incroyable Jean-Luc, son discours fut exceptionnel ! J’ai vu des gens pleurer dans le public tellement l’émotion était forte. Je m’excuse auprès des lecteurs qui penseront que je fais de la flagornerie. Militant aux cotés de Jean-Luc depuis près de 15 ans, je n’en suis plus là dans ma relation avec lui. Mais, la force de ses propos dimanche m’a bluffé. Pendant près d’une heure, Jean Luc a peint la fresque magnifique de la longue histoire du cheminement des idées des lumières en Amérique latine depuis deux siècles. Puis, il a décrit la conception républicaine de la Nation et l’apport de Jaurès. Il a raconté combien il était difficile, combien il fallait de courage, d’héroïsme, pour des hommes et des femmes de quitter ceux qu’ils aiment pour émigrer « ailleurs ». Lui, petit fils d’immigrés espagnols passés par le Maroc et l’Algérie a raconté un moment d’histoire de sa famille et son cheminement patriotique.

En l’écoutant, je pensais à lui, à son parcours politique. Comme moi, dans sa jeunesse, mais bien avant, il fut, quelques années, militant d’une organisation trotskyste où les strictes règles internes demandaient que l’on ait un pseudonyme. De telles habitudes n’étaient pas l’exclusive des trotskystes d’ailleurs, j’ai lu que Michel Rocard au PSU en utilisait un aussi, « Servet » je crois. On craignait des problèmes venant de nos employeurs, une dissolution soudaine ordonnée par la police de Raymond Marcellin (c’était fréquent dans les années 70). Bref, c’était une autre époque… Le « pseudo » de Jean-Luc était Santerre, du nom du chef de la garde nationale durant la grande Révolution Française (et qui a donné son nom à une rue du 12e non loin de chez moi). Le mien était « Tristan », pour faire un clin d’œil à un poète auteur des « Amours jaunes ». Le poète maudit ou le révolutionnaire armé, le choix de Jean-Luc était meilleur que le mien. Et, au moment du choix, au même âge que moi (18 ans sans doute), il semblait déjà avoir plus de culture historique, et plus de suite dans les idées.

Santerre, ou sans terre, je ne sais si Jean-Luc a seulement choisi ce nom en fonction de son empathie pour le personnage historique, ou bien aussi pour le jeu de mots qu’il proposait. « Sans terre », l’enfant venu d’un pays où le soleil est partout, a dû aussi ressentir cette absence durant sa jeunesse, « exilé » dans le Jura si froid en hiver. Puisqu’il n’était pas né ici, il a donc décidé d’être de partout et c’est ainsi qu’il est devenu ce militant républicain universaliste que nous connaissons, amoureux de la France, de toute la France, et non seulement d’un petit bout. Les forces des hommes et des femmes sont souvent nées d’une blessure. J’ignore si Jean-Luc partage cette approche qui met de coté les rencontres et les lectures qui ont marqué son existence. Il est possible qu’il la trouve facile. J’en parlerai peut être un jour avec lui. Ou pas. Mais, dimanche, son discours était hors du commun, et c’est une conception large et généreuse de la patrie républicaine, aux antipodes de la France de Sarkozy, qu’il nous a fait partager, de façon inattendue, sur le stand du Parti de Gauche. J’aurais aimé que beaucoup de journalistes qui le suivent généralement, assistent à ce grand moment. Ils auraient découvert de lui une facette qu’ils ignoraient.

Bientôt, ce discours sera sur le site de la Télé de Gauche, grâce à Raymond Macherel qui en a filmé l’essentiel. Ne le ratez pas. Et en attendant, achetez le livre que nous avons publié. Commandez le chez votre libraire.


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