Macron en campagne contre la gauche

lundi 24 juin 2024.
 

Depuis que le Président a jeté sa « grenade dégoupillée » (la dissolution) sur la classe politique, il est en campagne. Non pas contre l’imminence de l’arrivée du RN au pouvoir, mais contre le Front Populaire.

Emmanuel Macron a un plan et il compte bien le faire réussir. L’idée est aussi simple que suicidaire : permettre à Jordan Bardella d’accéder à Matignon pour que, face à sa médiocrité, Marine Le Pen perde la présidentielle en 2027.

Toutes les planètes semblaient aligner : un RN à 30% et une gauche en plein pugilat fratricide. Or, en moins d’une semaine, la gauche a mis sur pied le Nouveau Front Populaire et à l’index ses vieilles rancœurs – ouf que la campagne ne dure que trois semaines, car ça craque de partout.

Le Nouveau Front Populaire, Macron n’était pas prêt. Il n’espérait qu’un énième duel avec l’extrême droite où sa peau serait, encore et encore, sauvée par le barrage des électeurs de gauche. Hélas, le stratège de l’Élysée s’est planté. C’est la gauche qui va tenir tête à l’extrême droite.

Et comment la droite – et donc la Macronie – compte-t-elle réagir ? Va-t-elle tenir le rôle du castor ? Que nenni !

Le 9 juin, dans son « adresse aux Français », Emmanuel Macron n’avait même pas évoqué la gauche. Depuis ce jour, il n’a qu’une cible dans son viseur : le NFP. Hors de question de la laisser remporter ces législatives anticipées.

Ainsi, dès le 12 juin, lors d’une conférence de presse, Emmanuel Macron fustige « l’attitude en particulier de certains députés de La France insoumise », qui a « créé un désordre parfois constant, […] inquiétant pour les Français ». Il met ensuite dos-à-dos le RN et la gauche en déclarant que « les deux extrêmes » ont obtenu « près de 50% » des voix aux européennes. Une « fièvre extrémiste » contre laquelle il entend lutter.

Parallèlement, Emmanuel Macron cherche à émouvoir son monde, faisant savoir qu’il est « profondément blessé », « touché » par le résultat des européennes car, voyez-vous, « ça fait sept ans qu’[il] travaille comme un fou pour que le pays aille mieux ». Sortez les mouchoirs !

Et le Front populaire ? Le chef de l’État le qualifie d’emblée d’alliance « indécente » et « contre-nature » entre une gauche « républicaine » et une extrême gauche « antisémite, communautariste et antiparlementariste ». Toute honte bue, Emmanuel Macron a « eu une pensée, ces dernières vingt-quatre heures, pour Léon Blum, qui a dû se retourner dans sa tombe ».

Sur tous les plateaux de télé, les macronistes sont en ordre de marche : le Front populaire est une aberration d’extrême gauche, qui va ouvrir les frontières et mener le pays à la banqueroute. Pas une sortie sans que le Président ne tacle le Front populaire. Dernière en date, ce 18 juin, où il sort de la bouche d’Emmanuel Macron les mots de l’extrême droite : le NFP a un programme « quatre fois pire [que celui du RN] en termes de coût », « totalement immigrationniste », qui propose des « choses ubuesques » comme « aller changer de sexe en mairie ». Le tout sur un ton qui laisse dubitatif… Même dans son camp, ça passe mal – voir ici et là.

« Je ne ferai pas campagne aux législatives », avait osé le Président. Ça se passe de commentaire.

Loïc Le Clerc


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