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La situation est-elle « bloquée » au sein du Nouveau Front Populaire sur le candidat pour Matignon ? Bompard et Faure ne sont pas du même avis
Une salle, deux ambiances et autant de récits. Une semaine après le début des discussions à gauche pour désigner un candidat pour Matignon, le Nouveau Front Populaire n’est guère plus avancé. Pire, alors que l’échéance du 18 juillet se rapproche, les relations se tendent, notamment entre socialistes et insoumis après l’échec de l’hypothèse Bello.
Ce lundi 15 juillet, Manuel Bompard ne masque pas son agacement. Oui, les discussions sur le nom du Premier ministre sont « dans une situation de blocage » et le coupable est tout désigné : le Parti socialiste et son « entêtement » à refuser « toutes les propositions qui sont faites autres que celles issues du Parti socialiste », en l’occurrence son Premier secrétaire Olivier Faure, tacle-t-il sur BFMTV.
Bien que moins virulente, la numéro 1 des Écologistes Marine Tondelier est sur une ligne proche. « Le problème que j’ai eu avec le Parti socialiste, c’est qu’ils n’ont mis qu’un nom sur la table : Olivier Faure », expliquait-elle la veille dans l’émission Questions Politique. Et si elle se défend de toute animosité avec son homologue socialiste, elle déplore de voir le nom émerger au seul motif que ce soit « le chef ». « C’est quoi cet argument ? Nous on va dire “C’est Marine parce que c’est la cheffe des Verts”. Les communistes vont dire “Nous c’est Fabien, parce que c’est le chef” », oppose-t-elle.
Vendredi, l’émergence du nom de la présidente de région Réunion a soufflé un vent d’espoir à gauche. Sortie du chapeau par le Parti communiste - sur fond de tractations de groupe à l’Assemblée - , la candidature d’Huguette Bello cochait presque toutes les cases à gauche : expérience parlementaire, en lien avec les différentes sensibilités de gauche tout au long de sa carrière locale et nationale, femme, saluée même par le camp présidentiel…
Et pourtant. Au Parti socialiste, le nom n’a pas soulevé les foules. Le Premier ministre doit « parler à tout le monde », et il n’est « pas certain qu’Huguette Bello soit dans cette situation » a tenté de déminer la porte-parole du PS Dieynaba Diop sur BFMTV dès vendredi soir. Le lendemain, le Conseil national du parti actait officiellement son rejet de la candidature Bello. Au nom de quoi, s’offusquent désormais les insoumis ? « On a aucun argument qui permette de justifier le refus du PS sur cette proposition », s’agace Manuel Bompard.
Le Premier secrétaire socialiste Olivier Faure donne une partie de la réponse ce lundi sur France 2 : « Il y avait des socialistes qui considéraient - et c’est bien normal - que le parti qui a gagné les élections européennes à gauche, c’est le Parti socialiste ; (que) le parti qui est le plus en dynamique dans ces élections législatives, c’est le groupe socialiste ». Le sous-entendu est évident : le candidat désigné pour Matignon doit être issu de Parti socialiste, ou au moins de la même sensibilité. Dans cette optique, Huguette Bello et son profil radical ne font pas l’affaire.
Pour autant, alors que Manuel Bompard insiste sur le « blocage » de la situation, Olivier Faure refuse catégoriquement d’employer le terme. « Rien n’a été bloqué, on a simplement eu une discussion », assure-t-il. Avant de renvoyer la balle à La France insoumise : « Il y a eu d’autres candidatures qui ont été proposées et qui ont fait l’objet d’un refus de la part des insoumis. Ce n’est pas illogique qu’à chaque fois, on ait chacun son mot dire. »
Malgré tout, Olivier Faure reste optimiste, espérant que le consensus soit trouvé « dans la semaine ». « L’état d’esprit est bon, assure-t-il. Nous avons des gens qui cherchent ensemble à produire un résultat et je pense que nous y parviendrons, je n’ai aucune inquiétude là-dessus. » Le député de Seine-et-Marne déclare même que oui, « absolument », les discussions vont reprendre ce lundi entre les cadres.
Vraiment ? Sur BFMTV quelques minutes plus tard, son homologue insoumis n’a pas l’air du même avis. « Les discussions sur le Premier ministre ne peuvent pas reprendre tant que le Parti socialiste ne renoncera pas au blocage permanent qu’il met sur l’ensemble des candidatures qui incarnent la ligne de rupture qui est porté par le programme du Nouveau Front Populaire », martèle-t-il.
Derrière les discours divergents, c’est la responsabilité de l’échec qui se joue à gauche, en cas d’incapacité à trouver un nom, et a fortiori si Emmanuel Macron en profite pour reprendre la main d’ici là. D’où la nouvelle option (re)mise sur la table ce lundi par Olivier Faure : « élargir » les candidatures, pourquoi à quelqu’un issu « de la société civile » ? La balle est dans les autres camps... et déjà attrapée au vol par une figure des écologistes : « Ça peut être une solution intéressante », estime la sénatrice Mélanie Vogel sur BFMTV. Reste à savoir si l’idée séduira aussi en haut-lieu et chez les insoumis et les communistes.
Jade Toussay et Marie Haynes
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