Panthéon : Entre ici Manouchian !

samedi 24 février 2024.
 

Aujourd’hui, en ce 80e anniversaire de l’exécution de 22 résistants étrangers dont il était le leader, Missak Manouchian va entrer au Panthéon avec son épouse et compagne de lutte, Mélinée.

Après Jean Moulin, Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Germaine Tillion et Jean Zay, c’est un survivant du génocide arménien et un symbole de la résistance au nazisme que l’on célèbre, mais aussi l’engagement des étrangers dans la Résistance et leur passion pour la France, pays d’accueil de ces orphelins apatrides.

Ils étaient les figures de proue de cette fameuse « affiche rouge » jouant les clichés de l’anti-bolchevisme et de l’antisémitisme. Cette affiche proclamait en tête « Des libérateurs ? » et au bas de l’affiche, cette réponse « La libération par l’armée du crime » : sur dix noms, les cinq placés en première ligne comportent la mention « juif ». Environ 15 000 exemplaires furent collés dans les grandes villes françaises, en février 1944. L’objectif : discréditer le mouvement. Dix portraits en médaillon, avec à la pointe du V, un homme, "Manouchian, Arménien, chef de bande, 56 attentats, 150 morts, 600 blessés". Les dix hommes avaient tous été condamnés à mort par le régime d’occupation nazi, en compagnie de 12 autres et d’une femme. Le 21 février, tous les hommes seront fusillés au Mont-Valérien. La femme, Olga Bancic, sera décapitée en Allemagne le 10 mai suivant. Ils faisaient tous partie du réseau de résistance communiste « Francs-tireurs et partisans - main-d’œuvre immigrée » (FTP-MOI), et plus précisément de ce que la propagande nazie surnommait le « Groupe Manouchian » du nom de leur meneur. C’est lui, Missak Manouchian, qui écrivit à sa femme Mélinée cette belle phrase : « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. »

Comme d’habitude en France, la controverse a éclaté avant même la cérémonie sur la présence du Rassemblement National. Marine Le Pen a annoncé qu’elle se rendrait à la panthéonisation du résistant communiste, malgré les réserves d’Emmanuel Macron pour qui "les forces d’extrême-droite seraient inspirées de ne pas être présentes ». Pour le président de la République, le RN ne fait pas partie de « l’arc républicain ». La France Insoumise en fait-elle partie ? Et les trotskystes qui veulent renverser la République font-ils partie de l’arc républicain ? Emmanuel Macron, en accordant une interview au quotidien communiste L’Humanité, semble vouloir privilégier l’affrontement avec le Rassemblement National comme s’il cherchait à se défendre d’ouvrir la voie pour 2027 à Marine Le Pen.

Jean-Marcel Bouguereau


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