« AMFIS 2023 » de LFI : retour sur le tour de force exceptionnel des insoumis

lundi 4 septembre 2023.
 

LFI. Pour la sixième fois, les insoumis se retrouvaient du 23 au 27 août 2023 pour leurs universités d’été. Pour la quatrième fois, ce rendez-vous incontournable pour tout insoumis s’est déroulé sur le site de Châteauneuf-sur-Isère. En dépit de la chaleur caniculaire et des pluies battantes à partir de l’avant-dernier jour, le succès est total. Les AMFIS ont été confortés, une fois de plus, comme le plus grand évènement de la rentrée politique. Ni les conditions météorologiques ni les polémiques construites de toutes pièces par l’extrême droite et alimentées par des commentaires fielleux n’auront empêché aux AMFIS d’être un fantastique moment d’éducation populaire, de formation et de grande fraternité.

Au total, plus de 4 000 personnes s’y sont rendues, ainsi que 550 jeunes. Et pour cause, la programmation exceptionnelle élaborée en partenariat avec l’Institut La Boétie a légitimement séduit. Ces AMFIS incarnent la centralité de la France insoumise dans le champ politique. Ils sont un moment d’éducation collective. Ils sont aussi une représentation fidèle de la vie insoumise et de son organisation. Ces universités d’été sont également un lieu de bouillonnement culturel et intellectuel avec ses concerts, ses pièces de théâtres, ses projections de films. Toutes ces pièces du puzzle ont permis à chacun d’échanger, d’apprendre et de mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons.

Tout cela n’aurait pas été possible sans la détermination sans faille du socle et de la matrice des AMFIS : ses cohortes de volontaires. Tous ont apporté leur pierre à ce bel édifice et sans eux, ces journées d’été ne seraient pas ce qu’elles sont. Retour sur les moments forts de cette nouvelle démonstration de force insoumise. Notre récit.

Les « AMFIS 2023 » de LFI : démonstration de la puissance de feu des insoumis et de la fraternité qui les rassemble

Des centaines. Partout. Dès l’entrée, on sent que l’on se trouve devant une ruche gigantesque avec plusieurs essaims qui gravitent tout autour. Les volontaires sont des dizaines dès l’accueil, chaleureux et organisés. Chaque participant se voit remettre son bracelet et reçoit le programme. Digne d’une boîte de nuit mais le coût exorbitant de l’entrée en moins et ici, les vigiles (service d’ordre) sont tous souriants et attentifs.

Des accès facilités sont prévus pour celles et ceux qui en ont le plus besoin, notamment les enfants et les personnes âgées en raison des fortes chaleurs. Logistique, matériel, cuisine, service d’ordre, garderie des enfants (dits « Insouminots »), stands et village, coordination et communication, entretien, c’est toute une société parallèle qui s’est construire ex nihilo près du lac. Chaque tâche est essentielle. Aucune n’est en dessous d’une autre. Le moindre maillon de la chaine qui grippe et c’est toute la machine qui déraille. Ce n’est pas arrivé. Tous les maillons ont tenu, chacun fidèle à son poste.

Dès l’entrée aussi, une innovation se fait entendre. Des annonces par mégaphones retentissent à nos oreilles et génèrent quelques fous rires. Une avancée de plus qui rapproche les AMFIS d’un festival à part entière.

Cette année, une plus grande surface du site a été utilisée avec près de 35% de place supplémentaire. La « petite scène » en fait partie. La veille des AMFIS, les jeunes écoutaient un concert de jazz sur des palettes de fortune dispersées. Certains, allongés sur l’herbe, avaient le regard scrutant les étoiles. D’autres prolongeaient les conférences du jour et travaillaient encore au renversement du monde et à l’accomplissement de la méthode de l’union populaire pour y parvenir. Le fond de l’air avait comme un air de Rancière : nuits d’études, nuit d’ivresse. Ils étaient 550 à venir pour les journées jeunes du 19 au 23 août.

Le village méritait aussi plusieurs détours avec ses 70 exposants, ses stands militants et les centaines de partenaires militants invités. Il est une photographie vivante de l’organisation insoumise, une sorte d’organigramme à ciel ouvert. À l’inverse du reste de l’année, où passer de la délégation du parlement européen au groupe parlementaire passe par une boucle Telegram ou un aller-retour en TGV, ici tout est à portée de mains. Tout est accessible. La discussion est facile, les échanges fructueux, et chaque stand était tenu malgré la chaleur qui faisait cuir ses occupants à petit feu (l’astuce était de placer les chaises devant le barnum et non à l’intérieur puis d’ouvrir les côtés).

Autre nouveauté qui a fait ses preuves : « l’Espace du livre » organisé par l’Institut la Boétie avec des milliers d’ouvrages qui sont autant de bréviaires pour l’édification d’un autre monde. Là-bas, on pouvait aussi y retrouver des dizaines d’auteurs pour des séances de dédicaces. Le midi et le soir, chacun pouvait se retrouver sur les grandes tablées des cantines ou autour des camions de nourritures.

Un intense moment de préparation intellectuelle et pratique

176 évènements dont 98 conférences organisées en cinq parcours et plus d’une vingtaine de formations. Plus de 360 intervenants, dont les deux tiers ne sont pas membres de LFI. Plus d’une centaine d’universitaires, chercheurs et chercheuses. 80 représentants des luttes et des dizaines et dizaines d’invités internationaux et d’organisations politiques ou associatives.

La puissance de ce programme en acier trempé est marquée de la signature politique de l’Institut La Boétie, fondation insoumise. Il matérialise la philosophie des AMFIS comme interface unique entre insoumis, personnalités engagées, sympathisants, et toute personne curieuse ou désireuse d’apporter sa pierre à l’édifice d’un autre monde bâti sur l’intérêt général humain. Le secrétaire général de l’Institut, Manuel Menal, le résume parfaitement : « Nous concevons notre rôle comme celui de passeur entre les mondes intellectuels et artistiques et le monde politique : pouvoir proposer plusieurs dizaines de conférences accessibles au plus grand nombre est une grande chance ».

Il poursuit : « Cela nous a aussi permis de satisfaire une très forte demande : rendre accessibles, dans un format plus bref, certains des cours donnés au cursus renforcé de l’Institut ». Car oui, les AMFIS sont avant tout un moment d’éducation collective : tout le monde vient y faire le plein de connaissances, par l’échange et l’écoute. Les formations dispensées le mercredi ont répondu à une forte demande des insoumis : en apprendre plus ou réviser ses connaissances sur la théorie de l’ère du peuple, le matérialisme historique, le féminisme et le genre, la lutte contre le racisme, savoir organiser un café populaire ou un porte à porte etc…

Quant aux conférences, le niveau de couverture des sujets faisait vite tourner la tête. Difficile de tout suivre sans une machine à voyager dans le temps.

Combattre l’extrême droite ? Le débat entre Clémence Guetté, Razmig Keucheyan et Benoit Hamon y répondait avec justesse. La co-présidente de l’Institut La Boétie a rappelé la stratégie gagnante : « Aller chercher les abstentionnistes et occuper le terrain là où le RN est fort » tout en assumant « l’union dans la radicalité ». Dans le même ordre, le député insoumis Thomas Portes et le porte-parole de la Jeune Garde, Raphaël Arnault apportaient aussi des munitions utiles. La leçon est claire : à l’extrême droite, qu’ils soient en cravate ou en blouson, ce sont les mêmes. Ils se retrouvent dans la même idéologie puante qu’il faut abattre. C’est une menace physique pour toutes et tous et il faut s’y préparer sérieusement.

Préparer la prochaine grève générale ? La conférence de l’Institut La Boétie animée par Marion Beauvalet avec le syndicaliste Olivier Mateu et deux sociologues de haut niveau traçait la bonne feuille de route. Comment bloquer efficacement les flux dans la société capitaliste ? Il faut les décortiquer, comprendre qui fait quoi, connaître chaque statut et chaque position stratégique pour mieux saboter la machine capitaliste. Quelques bâtons dans les bonnes roues et les bons secteurs et hop, tout déraille.

Connaître en détails le processus de répression des mouvements sociaux ? Le débat animé par la députée insoumise Aurélie Trouvé avec Raphaël Kempf, avocat des Soulèvements de la terre et d’autres camarades était bien calibré à cet effet. Les pratiques du camp présidentiel menacent l’Etat de droit. La leçon à retenir ? Quand on se bat collectivement, on peut gagner, comme le montre la victoire contre le décret de dissolution des Soulèvements de la terre devant le Conseil d’Etat.

L’idéologie néolibérale a aussi été au cœur de nombreux débats. C’était vrai aussi pour celui intitulé « Pourquoi détestent-ils les artistes ? » dans lequel les intervenants rassemblés autour de Sarah Legrain ont dénoncé les attaques de la droite et de l’extrême droite contre les artistes puis ont soulevé les questions du statut de l’artiste, de ses droits sociaux, de la place de ses productions dans la société. Les propos d’Olivier Neveux ont particulièrement brillé. Il a fait remarquer que les ultra libéraux « détestent l’art » pour la simple et bonne raison que le métier d’artiste échappe aux critères de marché. Il a aussi rappelé que la violence des attaques à droite ne dédouanait pas les errances de la social-démocratie sous Hollande. Sa conclusion : remettre l’art au cœur des stratégies politiques.

Quant aux grands entretiens, ce nouveau format associant une personnalité invitée et une personnalité de LFI ou de l’Institut La Boétie., ils ont été un franc succès. Un format « très apprécié aussi bien du côté du public que des intervenantes et intervenants » d’après les mots de Manuel Menal. Quel plaisir d’écouter Monique Pinçon-Charlot évoquer les trois millions de millionnaires qui parasitent le pays. De même pour Edouard Louis qui a décrit la littérature comme un nouvel espace de résistance, un espace d’émotion politique. Le rôle de l’écrivain, du porte-voix, doit être de se tenir au contact du peuple, des mouvements sociaux, pour mieux porter la parole des autres. Il termine sur ce mot : « à la fin, le seul pouvoir c’est celui de s’emparer de l’appareil d’Etat et cela passe par la victoire de la NUPES et de la France insoumise ».

« Siamo tutti antifascisti » : grand moment de célébration pour l’entretien de Médine et son showcase

La file était longue, l’amphithéâtre du palais des congrès bondé. A peine la présidente du groupe parlementaire et l’artiste engagé étaient-ils sur la scène que déjà retentissaient des tonnerres d’applaudissements. Autant de mains qui disaient d’un même son harmonieux : nous avons tenu bons face aux aboiements de l’extrême droite et les commentaires agités qui ont embrayé. Nous avions raison de ne rien lâcher. Nous sommes fiers de compter Médine parmi nous. Celui qui se définit comme « le porte-voix de ceux qui sont silencieux » est revenu sur sa vision de l’art, celui qui bouscule, conflictualise, et subvertit.

Mathilde Panot confirme : la conflictualité est importante pour nous autres, insoumis. Nous l’écrivions plus haut : les capitalistes détestent les artistes car ces derniers réagissent au capital et ses méfaits. Ils les détestent encore plus quand ils poussent loin leur engagement et ne répondent pas à leurs critères racistes, comme Médine. L’écrivain engagé poursuit sur la récupération du lexique et de l’idéologie de l’extrême droite qui gangrènent le débat public. Le public acquiesce et répond d’une même voix « Siamo tutti antifascisti ». L’émotion est palpable. Le soir, la même énergie s’empare de la grande scène quand le showcase commence à 21h30.

« Notre pays, c’est l’humanité » : conférence de Jean-Luc Mélenchon et meeting de l’union populaire

Deux moments incontournables. La conférence du leader insoumis sur la « méthode de l’union populaire » a rechargé les batteries insoumises à bloc. En 1h30, le public a pu fortifier sa compréhension du monde et des grands enjeux qui le traversent. Le théoricien de la révolution citoyenne et co-président de l’Institut La Boétie a livré une nouvelle une analyse complète tant du moment politique que nous vivons, que du monde qui nous entoure. Il a appelé à manifester en masse le 23 septembre en faveur de toutes les justices et contre les violences policières. L’appel est signé d’un collectif très large : une « concrétisation immédiate de l’Union populaire » d’après les mots du leader insoumis. Le danger a été rappelé : la jonction de la droite et de l’extrême droite progresse partout. Darmanin en est le candidat.

La NUPES est la seule alternative pour contrer cette coalition mortifère. Unis, nous pouvons gagner aux européennes. Le dilemme est posé : « Soit il y aura une liste d’union, soit il y aura une liste des unitaires. ». Sur une échelle plus grande, l’Union populaire est aussi une matrice : « La solution des relations internationales de la France, à l’âge du défi climatique, c’est l’union populaire ». C’est la coopération : « L’union du peuple français avec le peuple nigérien, avec le peuple du Mali, avec le peuple burkinabé ». Comme José Marti en son temps, le leader insoumis rappelle ce qui bat dans le cœur et la conscience de chaque insoumis : « Notre pays, c’est l’humanité ».


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