Les Restos du cœur contraints de réduire de 150 000 le nombre de leurs bénéficiaires

vendredi 8 septembre 2023.
 

Le président des Restos du cœur, Patrice Douret, a lancé un appel à l’aide dans plusieurs médias. À cause de l’inflation et de l’augmentation des demandes, l’association a annoncé dimanche 3 septembre qu’elle devrait refuser 150 000 personnes à partir de novembre.

«  Il faut se rendre compte que l’inflation est d’une violence inouïe  », demande solennellement Patrice Douret, président des restos du cœur, au 13 heures de TF1 samedi 2 septembre. Il explique ensuite que le nombre de repas servis par les Restos du cœur a augmenté de 35 % depuis l’année 2022. Concrètement, 142 millions de repas ont été distribués gratuitement par l’association l’an dernier, contre plus de 170 millions aujourd’hui, selon le président.

«  Aujourd’hui ce n’est plus tenable  », affirme gravement Patrice Douret, en prévenant que son association a un déficit 35 millions d’euros et pourrait «  mettre les clés sous la porte d’ici trois ans  » si rien n’est fait.

Au moins 150 000 personnes ne pourront pas accéder aux Restos du cœur «  Dès novembre, nous allons devoir restreindre le nombre de bénéficiaires. Il s’agirait d’au moins 150 000 personnes sur les 1 300 000 à qui nous venons en aide  », explique le président des Restos du cœur au Parisien. En plus de cette réduction du nombre de personne que va accueillir l’association, les bénévoles vont devoir donner moins de produit aux bénéficiaires.

Patrice Douret alerte également sur le profil des nouveaux Français dans le besoin  : «  Aujourd’hui, toutes les catégories d’âge sont concernées  : des bébés aux retraités en passant par ceux qui ont un emploi et pensaient être à l’abri.  » En cause  : l’inflation, contre laquelle le gouvernement ne lutte qu’à coups de mesurettes et d’effets d’annonce.

«  Nous demandons le lancement d’un plan d’urgence alimentaire  » Au journal de TF1 et dans Le Parisien, Patrice Douret appelle à l’aide  : «  Nous demandons des réponses concrètes, précises, immédiates, et le lancement d’un plan d’urgence alimentaire.  » Cet appel fait suite à de nombreuses alertes aux pouvoirs publics de la part de l’association, restées sans réponses.

Dimanche 3 septembre au soir, l’État a promis 15 millions d’euros d’aides supplémentaires. Le président des Restos du cœur rappelle que 10 étaient déjà prévus, ce qui laisse donc une aide exceptionnelle de 5 millions d’euros, quand plusieurs dizaines sont nécessaires.

Aide alimentaire : l’État abandonne ceux qui ont faim

Derrière le cri d’alarme des Restos du cœur, le désarroi des associations d’aide alimentaire, confrontées à une hausse sans précédent de la demande et à une baisse de leurs moyens.

https://www.humanite.fr/societe/aid...

C’est une situation qui illustre les choix politiques de l’exécutif. Alors que les indicateurs de croissance d’emploi se maintiennent, les associations ne parviennent plus à faire face à l’afflux de personnes en besoin d’aide alimentaire. Le 3 septembre, les Restos du cœur ont tiré la sonnette d’alarme, les premiers : 170 millions de repas ont déjà été distribués cette année, contre 142 millions l’année dernière entière, déjà en hausse par rapport à 2021.

« Aujourd’hui, toutes les catégories d’âge sont concernées : des bébés aux retraités en passant par ceux qui ont un emploi et pensaient être à l’abri », alerte Patrice Douret, le président des Restos. Coincée entre cette accélération et l’augmentation des prix de fonctionnement, l’association pourrait « mettre les clés sous la porte d’ici trois ans », si rien n’est fait, a-t-il prévenu. D’ores et déjà, les Restos sont contraints de durcir les critères d’accès à l’aide, au risque d’en exclure 150 000 personnes.

16 % des Français ne mangent pas à leur faim À des degrés divers, toutes les associations qui font de la distribution alimentaire sont confrontées à la hausse conjointe des coûts et du nombre de bénéficiaires. En mai, déjà, une étude du Crédoc estimait que 16 % des Français ne mangeaient pas à leur faim, contre 12 % l’année précédente. En cause, la hausse des prix des denrées alimentaires, dont l’inflation a atteint en août 12,7 % de plus qu’en 2022.

En dehors d’une vague promesse, début septembre, du blocage des prix de 5 000 produits, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire s’est contenté de demander aux distributeurs de faire un effort. La hausse des prix de consommation courante est pourtant, pour l’essentiel, alimentée par l’explosion des profits, a rappelé l’association 60 millions de consommateurs. Une analyse partagée par le président de l’Autorité de la concurrence, qui alertait sur le risque que l’inflation « dure plus longtemps que prévu, si les entreprises en profitent pour augmenter les prix au-delà de l’augmentation de leurs coûts ».

Autre facteur, la précarisation accrue du travail, avec la multiplication des temps partiels, CDD et autres statuts d’autoentrepreneur. « On n’a jamais eu un taux de chômage aussi bas, mais la pauvreté continue de gagner du terrain et touche les classes moyennes basses. Cela pose problème aux associations. On fait de l’aide humanitaire. On est là pour aider des gens qui ont eu des accidents de la vie, qui ont été sortis du système, pas pour compléter des dispositifs Pôle emploi ou pour aider des salariés embauchés à temps partiel », s’agace sur France Culture Jean Stellittano, du Secours populaire des Alpes-Maritimes.


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