La valeur et le travail chez Karl Marx.

vendredi 11 novembre 2022.
 

Les classes laborieuses sont les créatrices de valeur.

De la femme de ménage à l’ingénieur, de l’artiste aux chaudronniers, du chercheur au cariste, des restaurateurs aux juristes, de l’enseignant au médecin, du plombier au carreleur, du cheminot au raffineur, etc, ils sont tous les créateurs de richesses qui font fonctionner le monde par leur travail.

**

Dans un contexte de remise en cause des métiers, des qualifications professionnelles, de détérioration des conditions de travail dans une multitude de secteurs, de la perte de sens du travail il m’a paru opportun de rappeler comment Karl mars concevait la création de valeur par le travail humain.

**

Karl Marx distingue deux valeurs pour une marchandise : sa valeur d’usage (utilité) et la valeur d’échange ou tout simplement valeur.

La valeur d’une marchandise (biens ou services) est le temps social moyen nécessaire à sa production. Il s’agit ici d’un travail abstrait. Ce travail résulte de l’action d’une force de travail humaine.

De même que dans les sciences physiques on distingue la force et le travail, résultat de l’exercice de cette force, on distingue force de travail et travail résultant de l’exercice de cette force.

Contrairement à une conception naïve, Marx explique que l’employeur ne paie pas le travail mais la force de travail de l’employé. Sans cette distinction, on ne peut saisir ce qu’est l’exploitation de la force de travail.

La valeur d’une paire de chaussures par exemple n’est pas égale au temps nécessaire à sa production dans une usine particulière mais elle est égale au temps social moyen nécessaire à sa production dans différentes usines fabriquant la paire de chaussures de même type. Ce temps de production dépend notamment de la productivité du travail et d’un rapport de force entre capital et travail.

Ainsi tout produit ou marchandise est une cristallisation d’un travail abstrait. Considérons par exemple une bouteille de bière. Le fétichisme de la marchandise selon Marx consiste à considérer cette bouteille dans son aspect purement physique et utilitaire, voire esthétique.

Si l’on considère cet objet comme résultat d’un processus de travail, il peut être considéré comme du travail cristallisé. Ce travail peut avoir des sources multiples : culture du houblon, fabrication de la bière, fabrication de la bouteille, nécessitant notamment du verre, fabrication de l’étiquette nécessitant du papier et de l’encre de couleur, fabrication de la capsule nécessitant du métal. Si chaque composante nécessaire à la fabrication de la bouteille a nécessité un travail créateur de valeur, chacune s’agglutine au travail cristallisé global exprimant la valeur de la bouteille de bière. On voit sur cet exemple que la valeur d’une marchandise peut nécessiter l’exercice d’un collectif de force de travail

Seul le travail vivant humain crée de la valeur. Le « travail » de la machine ne crée pas de valeur mais transfert progressivement sa valeur au produit qu’elle fabrique.

Mais comme toute marchandise, la valeur d’une machine fabriquée par des humains est le temps social moyen nécessaire pour sa production. C’est dans la mesure où toutes les marchandises sont cristallisations d’un travail abstrait que celles-ci sont échangeables. La valeur se réalise dans l’échange, dans la médiation sociale.

La forme valeur, en simplifiant, est l’expression monétaire de cette valeur d’échange : c’est ce que Marx appelle l’équivalent général. L’échange d’une marchandise M contre une marchandise M’ s’effectue par l’intermédiaire d’une quantité d’argent A : M –A –M’. Marchandises est ainsi intégrée dans le processus de circulation.

Ainsi la valeur d’une marchandise n’est pas isolable. En s’exprimant d’une manière relative par rapport à la valeur d’une autre marchandise, la valeur s’incorpore dans le corps concret d’une valeur d’usage. Cette apparition de la marchandise dans le monde de la consommation peut faire oublier sa substance profonde : du travail abstrait cristallisé.

La force de travail d’un travailleur est aussi une marchandise qui se vend moyennant un salaire. La valeur de cette force est égale à la somme des valeurs des marchandises (biens et services) nécessaires à sa reproduction comme force de travail. On peut inclure dans cette valeur la somme des valeurs des marchandises nécessaires à la vie de la famille du travailleur.

Ainsi toutes les marchandises, objets, bien et services sont produites par les travailleurs et sont du travail humain cristallisé. Tel est l’essence du travail.

Dans une société divisée en deux classes : l’une propriétaire des moyens de production et d’échange et l’autre propriétaire de sa force de travail et des biens que celle-ci a produits pour le travailleur (par exemple une habitation ), la valeur créée par le travailleur se divise en deux parties. La première partie correspond à la valeur de la force de travail du serf ou du salarié et la seconde partie correspond à la valeur des marchandises au profit du propriétaire des moyens de production. La valeur créée par ce surtravail est appelée plus-value par Marx.

L’internationalisation de la division technique et sociale du travail rend la valeur d’une marchandise encore plus abstraite et renforce le caractère fétichiste des marchandises.

Le sang et les larmes qui sont contenus dans un Smartphone pour réaliser sa fabrication disparaissent derrière l’éclat de son design et de ses performances techniques.

En réalité, le Créateur du Monde avec sa variété infinie d’objets et de processus est le Travailleur.

Est-il fier de l’être ?

Ce n’est pas certain car tout est mis en œuvre par la classe dominante pour invisibiliser son travail créateur.

Hervé Debonrivage

Annexe

Forme de la valeur – Synthèse du Capital de Karl Marx (livre I, chapitre 1, partie 2/3)

https://lepoing.net/forme-de-la-val....

Comment Marx se réfère-t-il au travail et à la domination ? Emmanuel Renault Dans Actuel Marx 2011/1 (n° 49), pages 15 à 31**

**

Invisibilisation de l’activité productive des travailleurs dans les entreprises par les médias https://www.gauchemip.org/spip.php?... **

Hervé Debonrivage


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message