Depuis des années, je réclame un Fonds régional d’adaptation au changement climatique. Car l’Europe n’est pas prête pour affronter les conséquences du dérèglement de la nature. Nous devons donner aux régions les moyens de mettre en place des stratégies pour y faire face
Cet été, la moitié du territoire de l’UE aura été en situation d’avertissement sécheresse, selon l’observatoire européen des sécheresses. Ces conditions sont, liées à un manque de précipitation persistant combiné à une vague de chaleur ayant commencé en mai. La température est montée jusqu’à 47 degrés à Pinhao, au Portugal. Cet été fut l’un des plus chauds jamais enregistré dans le monde. Plus de 761 000 hectares ont brûlé en Europe au cours de l’aimée 2022. C’est plus d’un million de terrains de footbal, ou la superficie de la Belgique et de la Suisse réunies.
L’Italie, la France, le Portugal, la Roumanie, l’Espagne ont connu le plus de feux de forêt. D’importants et nombreux feux de forêt se sont déclarés au mois de juin à Chypre, dans le sud de l’Italie, dans la région d’Athènes, en Grèce ; et en juillet notamment au Portugal, au Canaries, dans le sud et dans l’ouest de la France, en Croatie, dans le centre de la Grèce, en Slovénie, dans la province de Valence, en Espagne.
Les incendies en Europe ne sont plus cantonnés aux pays du Sud. Les départ d’incendies, liés aux sècheresses accrues, touchent désormais massivement l’Europe centrale. La Bretagne en France, ou encore le nord de l’Europe, ne sont plus épargnés. Cinq Etats ont fait la demande d’une assistance de la réserve RescEU (le Portugal, l’Albanie, la France, la Slovénie et la République Tchèque) dans le cadre du mécanisme de protection civile de l’UE.
Au mois de juin 2022, des orages violents ont fait plusieurs morts en France, en Grèce et en Bulgarie. De forts orages ont aussi frappé l’Europe en juillet et en août, notamment en Roumanie, en France, en Italie, en Slovénie, en Finlande, en Pologne ou encore en Autriche. Le bilan de ces tempêtes est de 5 morts en Corse, où des vents ont soufflés à plus de 225 km/h, 5 morts en Autriche, 2 morts en Italie, 1 mort en Roumanie. Plus de 20 inondations dans 14 pays européens ont été recensées cet été, notamment en Roumanie, en Autriche, en Serbie et Macédoine, en Irlande, en Espagne ou encore en Finlande. Le pire est à craindre pour cet automne. Plusieurs tornades ont aussi été recensées au mois de juin, notamment aux Pays-Bas faisant deux morts ou encore en République tchèque. Au début du mois de juillet une avalanche du glacier de la Marmolada en Italie a provoqué la mort de 10 personnes et fait 11 disparus. Plus une seule région d’Europe est épargnée. Nous devons agir. La proposition de création d’un nouveau fonds régional d’adaptation au changement climatique devient plus qu’urgente.
Nous avons adopté un rapport concernant le Fonds de solidarité de l’Union européenne (FSUE), en plénière du Parlement européen. Nous faisons un certains nombre de propositions pour la réforme du FSUE. Et nous attendons de la Commission des avancées sur ce plan. La deuxième chose est que nous n’avons pas attendu puisque dès 2019 nous avons indiqué que la question des catastrophes naturelles était aujourd’hui une priorité pour notre Commission du Développement Régional (REGI).
Et je veux rappeler que notre Commission REGI a accompli une mission en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas suite aux inondations meurtrières de l’été 2021. Et les membres qui faisaient partie de cette délégation qu’en trois ou quatre jours d’inondation, il y a eu un bilan humain absolument tragique : plus de 100 morts en Allemagne avec un coût astronomique ; plus de 40 milliards d’euros de dégâts rien qu’en Allemagne. Mais cet épisode tragique des inondations en 2021 est extrêmement interessant. La crue a commencé en Belgique dans la Meuse, elle est s’est poursuivie aux Pays-Bas et vous avez eu le pic absolument catastrophique en Allemagne. Et nous avons un problème de circulation de l’information et un problème dans les systèmes d’alerte précoce. Il y a une dimension transfrontalière. Avec notre collègue Pascal Arimont, nous avons travaillé sur cette question pour avancer sur des propositions mais la dimension transfrontalière est extrêmement importante. Il faut renforcer les systèmes d’alerte précoce.
Nous devons conduire l’ensemble des régions vers une stratégie en matière d’adaptation au changement climatique
Sur la question de l’adaptation au réchauffement climatique : nous avons fait un certain nombre de propositions. C’est la position de notre Commission REGI et il va falloir que nous nous exprimions de manière commune vis à vis du Conseil, de la Commission européenne, au niveau politique, pour demander à ce que nous puissions avancer dans cette législature vers des moyens nouveaux.
Mais les négociateurs des règlements avaient aussi déjà anticipé ces questions. Je veux rappeler que nous avons des règlements pour la période 2021-2027 qui non seulement mentionnent dans les objectifs l’adaptation au réchauffement climatique mais nous avons introduit l’obligation de flécher 30% sur les objectifs climatiques et environnement. Nous avons également introduit le principe « Do No Harm » c’est à dire ne pas nuire à l’environnement.
Les règlements de la politique régionale assument aujourd’hui en partie ces nouveaux défis mais clairement la multiplication, l’intensité des catastrophes naturelles qui se répetent chaque année, non seulement enrayent la mise en oeuvre des programmes opérationnels et font reculer les objectifs de la cohésion. Et nous le verrons, ils le feront de plus en plus partout à l’échelle de l’Union.
C’est pourquoi il faut vraiment intégrer ce pilier prévention – adaptation au réchauffement climatique dans la politique régionale. Et conduire l’ensemble des régions à avoir des plans “Climat” avec une stratégie en matière d’adaptation. Ce n’est pas le cas partout. Le Portugal est très en avance. Mais dans d’autres pays, on est très en retard. Nous devons avoir cette vision européenne. Nous en discuterons avec les coordinateurs pour voir comment dans les ateliers de travail, nous pouvons encore renforcer les propositions qui sont déjà contenues dans les rapports qui ont été votés en plénière.
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