Selon Emmanuel Macron, le programme de l’union des gauches pour les législatives interdit aux Français d’abattre leurs propres arbres. Sauf que...
Emmanuel Macron sort du bois. Le président de la République s’investit (enfin) dans la campagne des législatives, après un début de second quinquennat poussif et un entre-deux-élections contraint par les polémiques embarrassantes. Désormais dans l’arène, le chef de l’État définit clairement sa cible, son adversaire principal : Jean-Luc Mélenchon.
Comme ses ministres et sa majorité, le chef de l’État érige la NUPES, l’Union des partis de gauche, en nouveau péril rouge. Au risque de commettre plusieurs erreurs factuelles sur certaines mesures de leur programme ou de verser dans l’exagération sur d’autres.
Un argument est très en vogue dans la majorité pour dénoncer la tonalité liberticide du projet des gauches réunies : il prévoirait d’interdire aux gens d’abattre leurs propres arbres. Emmanuel Macron a lui-même repris cet exemple, mercredi 8 juin, lors d’un déplacement en Seine-Saint-Denis, un département qui avait placé le leader insoumis en tête du premier tour de la présidentielle.
“Dans le programme de la NUPES, il y a 35 fois le mot ‘interdit’”, a-t-il ainsi expliqué face aux caméras, répétant des propos déjà tenus dans son interview à la presse régionale vendredi 3 juin. Et d’ajouter : “C’est quand même un projet où on explique aux gens qu’on va vous interdire de couper les arbres chez vous”. Problème : cette mesure n’est présente ni dans les propositions de l’union des gauches, ni dans le programme défendu par les insoumis à la présidentielle.
En réalité, le chef de l’Etat, comme Christophe Castaner avant lui, fait référence à une proposition de la NUPES qui touche à l’abattage d’arbres sur des parcelles de tailles importantes. Les superficies concernées qui figurent dans une proposition de loi de 2020, sont assez éloignées de l’image d’un individu coupant du bois chez lui.
Dans le détail, cette mesure mise en avant pour “défendre la forêt, poumon de la planète” dans le chapitre ”écologie, biodiversité, climat, biens communs et énergie”, prévoit “d’interdire les coupes rases sauf en cas d’impasse sanitaire avérée”. Elle concerne, avant tout, les propriétaires privés de forêts, exploitant sylvicoles. L’objectif de tout cela : “Eviter la conversion des forêts feuillues en bonne santé en monoculture résineux, comme le dénoncent de nombreuses associations écologistes et de collectifs citoyens”, explique Côme Delanery, membre de l’équipe du programme de l’alliance de gauche, à Libération.
Il n’est donc pas question d’interdire à un particulier de couper ses arbres dans son jardin, comme le laissent entendre le chef de l’Etat et ses troupes à quelques jours, désormais, du premier tour des élections législatives.
Pour Jean-Luc Mélenchon, cette exagération traduit la “panique à bord” au sein de la Macronie, à l’heure où les sondages donnent les deux coalitions au coude-à-coude dans les intentions de vote au niveau national. En meeting mercredi dans le Calvados, département où Elisabeth Borne est candidate, le leader de la France insoumise a répondu aux attaques de ses adversaires en citant une interview de Christophe Castaner un peu plus tôt dans la semaine. Lui aussi agitait la menace de la “régulation soviétique” à travers la coupe des arbres.
“Qu’est-ce-qu’il a dit ? ‘On ne pourra même plus couper son bois dans sa propre propriété’”, a lancé le chef de file de la NUPES, après avoir ironisé sur le risque d’un “hiver nucléaire et d’une invasion de sauterelles”. (
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