Présidentielles 2022 : décomposition accentuée de la 5ème république

dimanche 24 avril 2022.
 

Des projections sondagières farfelues au temps du peuple

La leçon majeure de ce scrutin n’est évidemment pas la présence au second tour des deux gardiens du système du duo Macron – Le Pen. Annoncée par les médias dominants, elle ne constitue que la face émergée de l’iceberg : la faillite du système de la cinquième République et la décomposition avancée des forces qui l’ont porté. Longtemps l’élection présidentielle a résisté à l’abstention, elle est après 2002 la deuxième la plus haute depuis 1965 à 26,3%. Elle marque la perte de confiance de l’électorat dans la classe politique et le rejet institutions désuètes qui tournent le dos aux classes populaires.

Au final, les deux finalistes ne totalisent que 51% des exprimés et 37% des inscrits. D’ailleurs ils auront tout fait pour favoriser la fuite des urnes : les sujets essentiels éludés, une candidate de l’extrême droite qui ne fait pratiquement pas de meetings et parle davantage de ses chats que de son programme, un président sortant qui refuse de débattre, sans compter une nouvelle fois les difficultés d’acheminement du matériel électoral. Les sondages ont montré tout au long de la campagne leur peu de crédit : leurs projections farfelues de l’automne d’un cumul Le Pen Zemmour à 34 % quand Jean-Luc Mélenchon était maintenu sous 10% ; la toute fin annonçant un risque pour E. Macron alors qu’il finit à près de 28%.

Deuxième leçon, la chute des partis traditionnels. La république en marche, Les républicains le Parti socialiste, ayant fourni les trois derniers présidents, constituent 80 % de l’actuelle Assemblée Nationale, mais ils atteignent seulement 35% des voix le 10 avril. Ils en cumulaient encore 50% en 2017. Aucun parti historique ne parvient à atteindre le seuil des 5%. Les Verts de Y. Jadot doivent s’y faire, ils n’incarnent pas l’alliance du social et de l’écologie à 4,6%. Les partis Socialiste (1,7%) et Communiste (2,3%) sont désormais déliquescents. Anne Hidalgo est ratatinée dans sa ville ; Fabien Roussel est humilié dans son fief de Saint-Amand-Les-Eaux, dépassé par Marine Le Pen.

Malgré les invectives et les injures, continuant à échafauder en pleine campagne présidentielle des combines dans la perspective des élections législatives, le PS et le PCF n’ont créé aucune dynamique, et tout au contraire sont pleinement responsables de la configuration du second tour. En refusant d’appeler à battre le RN au premier tour, ils se retrouvent à donner des leçons de morale, incapables de tirer le moindre bilan, répétant, comme Carole Delga, les mêmes calomnies à l’égard du pôle Populaire. Plus que jamais, c’est le temps du peuple, comme le montrent les excellents scores dans les quartiers populaires et territoires ultra-marins.

Benoît Schneckenburger


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