Le projet de Macron marche sur ses deux jambes de droite

lundi 21 mars 2022.
 

Le président-candidat a présenté, jeudi 17 mars, les grands axes de son programme. Plus que jamais néolibéral sur le plan économique, il propose une version conservatrice des enjeux sociaux et régaliens, en occupant le terrain de ses adversaires de droite et d’extrême droite.

Un long monologue, beaucoup d’autosatisfaction, de grandes formules absconses et un pillage d’idées à droite et à droite. Jeudi 17 mars, Emmanuel Macron a présenté pendant plus de quatre heures « les grands axes » de son programme lors d’une conférence de presse filmée par les seules caméras du candidat. Ce dernier a immédiatement annoncé qu’il ne pourrait être exhaustif, renvoyant à plus tard bon nombre de sujets, tels l’outre-mer, la biodiversité ou le logement.

Défendant aveuglément le bilan de son quinquennat, le président sortant a seulement regretté de ne pas avoir mené à bout deux réformes promises en 2017 : celle des retraites, empêchée selon lui par la pandémie – ni la mobilisation sociale ni le 49-3 dégainé en première lecture à l’Assemblée nationale n’ont évidemment été évoqués – ; et celle des institutions, bloquée à l’en croire par le Sénat – mais en réalité enterrée par l’affaire Benalla, dont le nom n’a bien entendu pas été cité.

Certes, une inflation plus élevée rend le gel du point d’indice politiquement intenable. Mais en l’absence d’engagement sur le montant de ce dégel, la volte-face se limite à un effet d’annonce puisque, en période de forte inflation, c’est ce point qui est crucial. Si la hausse du point est, par exemple, de 2 % avec une inflation de 5 %, la situation réelle des fonctionnaires sera la même qu’en janvier et en aucun cas les pertes immenses de pouvoir d’achat accumulées par les agents publics depuis la fin des années 2000 ne seront compensées.

On comprend ici que l’opération ressemble à un rideau de fumée, laissant penser que si le président sortant est réélu en avril, la situation des fonctionnaires s’améliorera. Du côté de l’inflation, ce dernier n’a pas ménagé les effets d’annonce, de la prime inflation de 100 euros cet automne à la baisse de 15 centimes au litre, la semaine dernière. Dans tous les cas, ces mesures sont cosmétiques, puisqu’elles évitent soigneusement de traiter l’essentiel du problème que pose l’inflation : celui du partage de son poids entre les salaires et les profits.

Tout se passe comme si Emmanuel Macron avait cherché, à coups d’argent public, à gagner du temps en faisant croire qu’il soutenait le pouvoir d’achat pour reporter les vraies décisions. Là encore, on est dans l’effet d’affichage électoraliste pur. Et son silence durant sa présentation sur le sujet, le plus brûlant du moment pour les ménages français, confirme cette idée.

Romaric Godin et Ellen Salvi


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