Dinah, une adolescente de 14 ans, s’est suicidée le 5 octobre, suite à l’insupportable harcèlement raciste et lesbophobe dont elle a été victime dans le cadre scolaire. Cet événement gravissime est malheureusement loin d’être isolé. Selon un rapport sénatorial publié fin septembre 2021, entre 800 000 et 1 000 000 d’élèves seraient chaque année victimes de harcèlement, soit près d’un élève sur 10.
Un million d’élèves harcelés, Blanquer met en place… un numéro vert
Un million d’élève. Face à ce chiffre vertigineux, les mesures du plan harcèlement proposé en novembre dernier par Jean-Michel Blanquer apparaissent particulièrement dérisoires : un numéro vert, un message aux élèves du Président de la République, l’organisation d’une conférence internationale, la création d’un prix « Non au harcèlement »…
Il ne suffit pas de communiquer. L’école doit protéger les enfants et les adolescent.e.s qui lui sont confié.e.s au quotidien et elle ne peut le faire dans les conditions dégradées qu’elle connait aujourd’hui, avec la constante réduction des moyens humains des dernières décennies. Vite, des moyens humains
Ce ne sont pas des incantations qui pourront protéger les élèves, mais la présence de davantage d’adultes dans les établissements, de personnels capables de détecter les situations, de recueillir les confidences, d’intervenir dans le règlement des conflits, etc… Ce qui manque en particulier, ce sont des infirmières, des assistantes sociales, des personnels de vie scolaire, des psychologues de l’Éducation nationale, des CPE, des assistant.e.s d’éducation.
Aujourd’hui, on compte un assistant d’éducation pour cent élèves, certains établissements n’ont pas d’infirmière à temps complet, le nombre de postes de CPE a été réduit au cours du quinquennat… Il faut donc recruter et renforcer partout les effectifs de vie scolaire.
IL faut aussi une solide formation sur ces questions pour tous les personnels qui interviennent dans les établissements. Les enseignant.e.s, notamment, s’estiment mal formé.e.s. Selon le rapport du Sénat, 62% d’entre elles et eux déclarent avoir à gérer des situations de harcèlement mais 65% se sentent mal armé.e.s pour le faire.
83 % des enseignant.e.s indiquent ne jamais avoir reçu de formation dédiée à la prévention et à la gestion du harcèlement, alors même qu’ils sont autant à considérer que la lutte contre le harcèlement doit être considérée comme un enjeu de santé publique. Cette question doit être intégrée dans la formation initiale de tous les professionnels de l’Éducation nationale et un vaste plan de formation continue doit être mis en place pour que chacune et chacun apprenne à repérer les signaux d’alerte et à agir en équipe, en mobilisant toute la communauté scolaire.
Il faut aussi renforcer l’éducation à l’égalité dans les programmes scolaires de la maternelle au lycée, pour que chaque élève apprenne à comprendre et accepter les différences et à refuser toutes les formes de discrimination. Pour que le sexisme, l’homophobie, le racisme, la transphobie, les discriminations liées à l’apparence physique sortent de la vie quotidienne des établissements, il faut que ces questions entrent dans les programmes et soient abordées dans les classes.
Face à la souffrance quotidienne de milliers d’enfants et d’adolescent.e.s, cette souffrance parfois si insoutenable qu’elle empêche de continuer à vivre, il ne suffit pas de communiquer, il faut agir, en donnant à l’école les moyens de protéger celles et ceux qu’elle accueille au quotidien.
Clarisse Guiraud (livret éducation de la FI)
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