« Si les quartiers populaires votent, nous serons au second tour »
Qu’attendez-vous de ces universités d’été ?
« C’est l’un des rares lieux avec la fête de l’Huma où la diversité de la pensée progressiste s’exprime en France. Là, nous allons à la rencontre de la grande élection française, la présidentielle. Nous devons mobiliser, vaincre la résignation. Car si l’on peut comprendre la protestation qu’a été l’abstention de masse lors des dernières élections, pour ce qui est de la présidentielle, si les milieux populaires ne vont pas voter, ça continuera comme avant. L’abstention vote Macron »
Le moment fort, ce sera votre meeting dimanche matin. Qu’allez-vous dire ?
« Mon discours résumera notre message au pays à quelques centaines de jours de la présidentielle. La civilisation humaine est mise au défi d’un désastre climatique et d’un désastre social. Dans cette situation nouvelle, Monsieur Macron et Madame Le Pen sont enfermés dans les idéologies les plus rétrogrades du XXe siècle. Ils sont d’autant plus dangereux qu’ils sont dans le déni des menaces réelles. Je vais donc proposer un diagnostic, un plan de marche et une stratégie politique inscrits dans notre époque. »
Seulement, des sondages réalisés avant l’été vous placent en dessous de la barre des 10 %, comme tous les autres candidats de gauche. Est-ce inquiétant ?
« Celui d’hier dans l’hebdomadaire Challenges me place à 11 %. Dans celui que vous citez, l’évaluation se basait sur une abstention de plus d’un électeur sur deux. Là était l’info ! Mais ils ont raison et tort à la fois. Si les milieux populaires ne vont pas voter, nous serons écrasés. Si la participation atteint le niveau normal de 80 %, nous arrivons au second tour. »
Vous avez récemment dit que cette élection pouvait vous « détruire » autant que vous faire arriver au pouvoir. C’est aujourd’hui ou jamais ?
« Il n’y a jamais de situation définitive. »
Sous-entendez-vous aussi que ce sera, à 70 ans, votre dernière élection présidentielle, à titre personnel ?
« Il est évident que c’est ma dernière candidature. C’est même un argument en ma faveur : je suis le seul à ne pas organiser une carrière. »
Pour cette élection, la gauche est désunie, avec les candidatures à venir d’Arnaud Montebourg, d’Anne Hidalgo, éventuellement d’un écologiste…
« Il y a 22 candidats de tous bords aujourd’hui. J’ai pris très tôt ma décision, après avoir beaucoup consulté et vérifié qu’il n’y avait pas d’autres candidatures dans nos rangs. Je ne croyais pas un instant aux odes du PS et des Verts sur leur volonté d’union. Tournons la page. Je propose une stratégie différente : l’union populaire, le rassemblement du peuple par un programme majoritaire. Nous avons soumis à un sondage les principales idées de notre programme. Nous constatons qu’elles sont ultra-majoritaires. Le programme, c’est donc la clef de la victoire. Croire qu’il existe une poudre de perlimpinpin permettant de régler magiquement les problèmes politiques en faisant une hypocrite guirlande de logos, c’est se tromper d’époque. »
Cela ressemble à « l’arc humaniste » que défend le maire (EELV) de Grenoble Éric Piolle, et candidat à la primaire écologiste. Il revient cette année aux Amfis, après avoir affirmé vouloir « changer le monde » avec vous. Vous êtes toujours sur la même longueur d’onde ?
« C’est ce que nous appelions avant lui : fédération populaire. Le secrétaire général des Verts Julien Bayou reprend aussi l’idée. Bonne nouvelle. Oui, il y a des convergences, solides, entre de larges secteurs de l’écologie politique, et surtout de l’écologie associative. Elles permettent d’imaginer une coalition gouvernementale après le second tour. Mais il faut aussi assumer la vérité : nos divergences ne sont pas secondaires. Notamment sur l’Europe, sur les stratégies de défense et d’indépendance de la France, sur le système de retraite. Ce ne sont pas de petites questions. Puisqu’il a été impossible de s’entendre avant l’élection, c’est aux électeurs de trancher. »
Le premier tour de la primaire écologiste a lieu dans moins de trois semaines. Si vous deviez choisir quelqu’un, ce serait qui ?
« Je ne m’y risquerai pas. Certes, malgré les divergences, il y a une proximité plus grande, avec Sandrine Rousseau ou Éric Piolle. Mais nous ne nous mêlons pas d’un choix qui appartient aux écologistes. Nous le respecterons dans tous les cas. »
Vous êtes député des Bouches-du-Rhône. Quel regard portez-vous sur la situation à Marseille, endeuillée par plusieurs règlements de comptes ?
« Si on nous avait écoutés, on n’en serait pas là. Le gouvernement a concentré tous les moyens sécuritaires sur la lutte contre le terrorisme et le flagrant délit. Il a négligé un autre danger, bien plus grand : les gangs qui trafiquent la drogue, les êtres humains et les armes. C’est le cas à Marseille. Les moyens de police doivent être répartis différemment, et la formation des policiers reprise à zéro. Une ou deux lois liées à la sécurité passent chaque année, pourtant la situation est pire que jamais. »
Le ministre de la Santé Olivier Véran envisage une troisième dose vaccinale pour les plus de 65 ans à l’automne. Qu’en pensez-vous ? Allez-vous vous faire vacciner ?
« Tout ça est organisé en dépit du bon sens. La rentrée scolaire n’est pas préparée pour faire face à la crise sanitaire. Pour moi, le pass sanitaire est une illusion dangereuse pour notre société. Il instaure de nouvelles discriminations sociales, un contrôle généralisé de la population, et l’illusion de l’immunité. Personnellement, je suis vacciné, et je milite pour la liberté d’en produire partout dans le monde. Mais je veux aussi dire la vérité : il diminue le risque mais ne nous protège que partiellement et n’empêche pas la contamination. Quant à la troisième dose, personne ne nous a prouvé quoi que ce soit au sujet de son utilité. »
Les ponts aériens se succèdent entre la France et l’Afghanistan. Faut-il accueillir tous les Afghans qui demandent à quitter leur pays désormais dirigé par les talibans ?
« Voilà le genre de débat sans objet qui est la spécialité de notre pays. Il n’y a pas de sujet ! La France a signé des conventions internationales sur le droit au refuge politique. Le pays est tenu par ça. Si des gens se présentent à la frontière et demandent ce statut, nous serons obligés de les accueillir. C’est la raison pour laquelle mieux vaudrait s’organiser avant et ne pas subir la situation. Disons aussi : l’Europe du Sud, dont fait partie la France, contribue déjà beaucoup à l’accueil des réfugiés. Ce n’est pas toujours aux mêmes de prendre en charge tout le monde. Ce ne serait ni supportable ni supporté. Commençons par donner la garantie aux Afghans déjà présents en France qui n’ont pas encore de permis de séjour et aux femmes demandeuses d’en avoir un . »
Avec les Amfis 2022, c’est la troisième fois que vous venez dans la Drôme en un an. Vous cherchez à vous installer dans le département ?
« (rires) Pourquoi pas, c’est un assez bel endroit. Mais non, je n’ai pas l’intention de m’installer dans la Drôme. Je compte le faire à l’Elysée. »
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