Yvette Chassagne et Luciano Pavarotti s’en sont allés

vendredi 7 septembre 2007.
 

Pour une fois, j’ai regardé les infos télé ce soir. Faut dire, il y a matière. Mais non, pas le voyage du président en Alsace (quoique...). L’hystérie médiatique, ça commence sévèrement à me saoûler. Non, ce matin, aux aurores, le nouvelle m’est tombée dessus : Luciano Pavarotti est mort... Ouh la ! Si les géants se mettent à lâcher la rampe, on va où ? Alors, ce soir, on en a beaucoup parlé, fatal. Allez, j’avoue, ce n’était pas (de très loin pas) mon préféré. J’ai une espèce de vénération pour Domingo. Ah ! L’Espagne... Donc bien sûr, Pavarotti, c’était juste la pointure en dessous. Mais bon, en même temps, je ne suis pas spécialiste, je me contente d’aimer, à l’instinct. Comme lui chantait, sans avoir jamais vraiment appris. Et puis, il a permis à des millions de gens d’écouter de l’opéra alors que sans lui, peut-être ils auraient continué à penser en toute bonne foi que le plus grand interprète de Verdi, c’est Florent Pagny...

Ce soir donc, partout la mort de Pavarotti, sur toutes les chaînes, de la plus regardée à la plus confidentielle. Ils te l’ont ressuscité en boucle, le colosse, que c’en aurait été un régal, si on ne nous avait pas refilé toujours les mêmes extraits, le même tape-à-l’œil. Avec les Spice Girls (si, si !), Elton John, Céline Dion, manquait plus que Mireille Mathieu ! Quelle tristesse ! Alors qu’on avait rêvé d’un petit bout d’Otello, ou de l’Élixir d’Amour, un chouïa de Rodolfo, ou de Cavaradossi... On va pas jouer les snobs ni les bobos, c’était très bien quand même, promis, et en cadeau, au détour d’un écran, j’ai aperçu Domingo, alors, de quoi se plaint-on...

Pour faire léger, puisque j’étais devant le poste autant en profiter, il y avait Lang sur Canal. Oui, Jack, le ministre de la Culture. (Comment ça, ce n’est plus lui ? Depuis quand ? On change les emblèmes et on ne me prévient pas ? Ça ne va pas du tout cette affaire !) Donc, notre Jack, on lui demande de commenter le décès précédemment évoqué. Tu penses bien qu’il se régale. Lui, natif de Mirecourt, la musique, il connaît, même qu’il lui a inventé sa fête à la Musique, alors Pavarotti, pour lui, c’est du velours. Sauf qu’il s’est un peu pris les pieds dans le tapis en évoquant Placido Dominguez... Et pour conclure, il nous a avoué qu’il regrettait le côté « un peu commercial » du défunt ténor. Commercial, dans la bouche de Lang ! Marrant, non ? Mon papa avait une expression pour ça : c’est l’hôpital qui se fout de la Charité, qu’il disait ...

Les infos, je vous disais. Le président en Alsace. Ce type-là au pays des vendanges tardives, tu te dis que quand même y a pas de justice, lui qui fait profession de ne jamais avoir bu une goutte de vin... Sauf peut-être pendant la campagne, avec Poutine, mais ça, c’était l’effet jogging, qu’on nous avait dit à l’époque. On l’a vu dans une usine, avec des ouvriers, des vrais, en bleu de chauffe, et tout, même que les bleus étaient gris, et qu’ils applaudissaient le discours du chef. Et il a fait quoi, à votre avis ? Il a dédicacé le blouson d’un de ces gars. Tu le vois d’ici le gazier, revenu à la maison. Micheline, elle ne peut même plus lui nettoyer sa salopette à Gérard. Mais si ça a pu lui faire plaisir... La démagogie, ça continue à fonctionner à plein régime, y compris en Alsace, surtout en Alsace. Faut bien les remercier d’être la seule région de droite et se faire pardonner la promotion éclair de Bockel. En attendant des jours plus drôles, puisque nos amis de PRS 67 nous convient à lui faire une petite conduite au président, aujourd’hui midi à l’Esplanade, à Strasbourg. Ne loupez pas ça, si vous êtes dans le quartier...

Voilà pour les infos de ce soir. Et du coup, personne n’a parlé des obsèques de quelqu’un de tout à fait formidable, qui a été emmenée aujourd’hui : Yvette Chassagne. Ah bien sûr, je vous parle d’un temps, etc. etc. Yvette Chassagne, la première femme préfète en France. C’était en 1981, avec François Mitterrand. Une femme préfète, il avait osé. Pas n’importe quelle femme, vous vous en doutez. Une résistante avec Daniel Mayer, (elle avait témoigné au procès de Papon), une socialiste élue à Narbonne, dans l’opposition PC-PS-Verts, une infatigable militante des causes républicaines. Yvette Chassagne, c’était plus qu’une idée de la parité, c’était la parité en marche dans une France tournée vers son avenir. Nous étions quelques-unes à avoir salué sa nomination en 81. Ce soir, 6 septembre, jour de ses obsèques, personne ne lui a rendu hommage. Dommage...

brigitte blang prs 57


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