Ce sont des témoignages stupéfiants recueillis par France Inter et Mediapart. Quatre adolescents ont été victimes d’insultes racistes et homophobes de la part de policiers, avant de passer 24 heures en garde à vue, manifestement pour rien. Ils ont 14 ans.
C’est un après-midi qui commençait normalement, le 26 mai dernier, pour ces quatre jeunes adolescents de 14 ans. Après avoir passé plusieurs semaines séparés par le confinement, ils décident de se retrouver pour aller acheter des bonbons et les manger devant l’immeuble de l’un d’entre-eux, au Kremlin-Bicêtre. Quand soudain, des policiers arrivent et commencent à contrôler et fouiller les adolescents, avant de les interpeller, sans leur en donner la raison. Selon le témoignage des quatre garçons, les policiers se font très vite insultants : « lui c’est un maghrébin, il est con », « eux, c’est des nègres, ils ne savent pas s’habiller », « vous êtes des pédés », « Il casse les couilles ce noir ». Les insultes racistes et homophobes fusent. La scène dure près de 3 heures. Ils sont ensuite menottés et emmenés au commissariat. Plusieurs heures après leur interpellation, le motif change au fil du temps : « On nous a dit un vol de bonbons, puis un vol en réunion, puis un vol à l’arrachée » raconte l’un d’eux.
Les parents de ces mineurs ne sont prévenus que plus tard. Ils ne sont pas informés de leur droit à choisir un avocat, ni d’assister aux auditions de leurs enfants. Les familles décident de prévenir la députée de leur circonscription : Mathilde Panot, vice-présidente du groupe de la France insoumise à l’Assemblée nationale. Elle intervient pendant les gardes à vue, pour soutenir les familles, et raconte : « Les droits des enfants n’ont pas été respectés alors qu’on est sur un cas d’injustice très clair. Finalement c’est toute une confiance dans la police comme service public qui est abîmée dans ce type d’affaires. Leur première rencontre avec la police c’est : on se fait embarquer, insulter, humilier, pour quelque chose sur lequel on n’a absolument rien fait ». »
Car, l’issue des 24 heures de garde à vue, les collégiens sont relâchés sans aucune poursuite : leurs téléphones portables prouvent qu’aucun n’est sorti de chez lui le jour du vol. Les adolescents ressortent choqués. L’un d’entre eux est quand même perquisitionné. Quelques jours plus tard, deux des jeunes sont de nouveau contrôlés par les mêmes policiers, qui essayent de les intimider pour que leurs parents retirent la plainte qu’ils ont déposé. « Ils ont pris mon téléphone, ils ont regardé à l’intérieur, puis ils ont baissé mon masque. Ils m’ont dit : c’est toi qui a porté plainte ? Pourquoi tu nous aimes pas ? ».
Au total, 4 plaintes ont été déposées par les familles et deux enquêtes administratives sont au cours. L’un des quatre adolescent fera sa rentrée en bac pro Sécurité l’année prochaine, car son rêve était de devenir… policier. Ce projet est toujours d’actualité pour lui : « ça m’a permis de voir ce qu’il ne faut pas faire dans la police ». Mais j’aimerais juste les revoir et leur dire, droit dans les yeux : ‘Vous n’avez pas honte ? C’est pas ça le métier, vous représentez mal la police’ ». »
Par Flore Cathala.
Date | Nom | Message |