LA POLICE CAJOLE-T-ELLE ?

mardi 3 octobre 2023.
 

La manifestation du 23 septembre aura été un bon succès. Sa seule existence en est un. Et la volonté de faire de la coalition de syndicats, d’associations et de partis qui l’a convoquée une structure permanente est un des effets de la prise de conscience qui a atteint toute la sphère de la défense des libertés en France.

L’absence du PS et du PCF, comme on le sait, ne doit rien au hasard. Il s’agit bien d’un clivage sérieux et d’un désaccord réel. Chacun à leur manière, et pour leurs propres raisons, refuse d’entrer dans la remise en cause du fonctionnement actuel de la police. Les prétextes ne leur manquent pas, aussi étranges dans les deux cas. Comment Le PCF peut-il refuser une manifestation au risque supposé de slogans spontanés que les appelants ne proposent pas ? Veut-il voir défiler au pas et en silence ? Comment le PS peut-il encore se sentir lié par la loi « permis de tuer » que son ex-premier ministre a fait voter ? Le bilan n’est-il pas assez clair ?

Quelques jours avant cette manifestation du 23 septembre contre les violences policières, le journal « Le Monde » a publié un résumé très saisissant de ce que cette expression recouvre. Il a été largement diffusé sur les réseaux sociaux. « D’ordinaire présenté à la presse, le rapport annuel de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) a été publié presque en catimini sur le site du ministère de l’Intérieur, jeudi 21 septembre, sans communication particulière » dit le journal. On devine combien cette discrétion est annonciatrice. « Sans doute, moins de quarante-huit heures avant une manifestation « pour la justice sociale, contre les violences policières et le racisme », à l’appel de La France insoumise, Europe Écologie-Les Verts et une centaine d’associations et de syndicats, le ministère de l’Intérieur a-t-il voulu désamorcer par avance l’inévitable charge polémique associée à la publication de chaque rapport » admet le quotidien. Certes, c’est pour dire que les tirs sont moins nombreux et que le nombre de morts qui en résultent, dans un pays où la peine de mort est abolie, n’est pas de nature à recevoir un jugement moral de la part de l’auguste journal. La compilation reste parlante, malgré les circonvolutions de langage de l’auteur de l’article qui tente encore d’en abaisser la portée.

Mais cela reste admirable, et d’autant plus étonnant qu’une partie des délits mis en lumière dans l’article sont ceux qui profitent à ce journal, comme à beaucoup d’autres. « Le Monde » note en effet : « Les autres manquements commis par des policiers sont, par ailleurs, en nette augmentation : après six années de baisse d’affilée, les enquêtes pour des vols commis par des fonctionnaires connaissent une hausse, avec 64 procédures, comme celles relatives à la violation du secret professionnel (74 saisines) ou au détournement de fichiers (56 saisines) ». Les « fichiers détournés » ne seront pas mieux présentés que cela. Pourtant, de quoi s’agit-il ? De quelles affaires ? etc. Rien. Motus. Pourquoi ce silence ? Mais on sait combien les fichiers empruntés aux procédures judiciaires donnent ensuite certaines des campagnes coups de téléphone journalistiques en chaine, pour de soi-disant « enquêtes » qui tiennent plutôt du service après-vente policier pour faire pression sur les juges plutôt que de l’investigation.

En tous cas, selon « Le Monde », « L’IGPN note une nette hausse de ses enquêtes liées à l’usage de la force sur la voie publique. En 2022, vingt-deux personnes sont mortes après un tir de la police, selon le rapport annuel de l’Inspection générale de la police nationale. Plus de la moitié d’entre elles ont été visées à l’occasion d’un refus d’obtempérer ». Il est donc admis qu’il y a un caractère systémique cette situation. D’ailleurs, le journal dit avec franchise ce qui est : « À l’instar des années précédentes, notent ainsi ses rédacteurs, un peu moins de la moitié du portefeuille de l’IGPN (48 % des enquêtes) est constitué par des enquêtes portant sur l’usage de la force (508 au total, contre 510 en 2021) ». Dans plus de la moitié des cas (54 %, soit 272 saisines), le recours à la force se déroule sur la voie publique, un chiffre en nette hausse « puisqu’il représentait 37 % des allégations en 2021 ». Idem pour l’usage des armes à feu individuelles à l’occasion d’opérations de police : « 47 cas ont été recensés en 2022, contre 38 l’année précédente, soit une augmentation de 23,7 % ». C’est donc parfaitement clair, et la tendance ne s’inversera pas avec la débandade de l’autorité politique devant les adeptes de Alliance, poussant l’audace jusqu’à appeler à une manifestation au domicile du juge qui avait placé en garde-à-vue le policier qui avait massacré un jeune marseillais.

Le journal le note d’ailleurs : « Le nombre de renvois devant le conseil de discipline (112) et les autres propositions de sanctions (244 au total, du blâme à l’exclusion temporaire en passant par les avertissements) sont les moins nombreux depuis 2016 ». Le bilan est désastreux. « Au total, en 2022, 38 personnes sont mortes à la suite d’actions de police (une de plus qu’en 2021) dont près des deux tiers après un tir : 19 de ces décès sont liés à l’usage d’une arme de poing, 3 autres ont été recensés après un tir d’arme d’épaule. Sur ces 22 décès liés à des tirs, 13 ont été occasionnés au cours de refus d’obtempérer et, dans un cas recensé à Nice le 19 janvier 2022, la mort a résulté d’une manipulation accidentelle de l’arme pendant une interpellation ».

La minorisation de la réalité meurtrière qui suit ces propos est à l’image du niveau moral où s’est effondré la bien-pensance de ce pays. L’année de la mort de Nahel, 17 ans, abattu dans la rue après combien d’autres comme Rayana, visée et tuée alors qu’elle était simple passagère du véhicule, le journal trouve le moyen de souligner la baisse des cas de mort. Peut-être est-ce une des manifestations de l’ignominie qu’est le terme de « bavures policières ». Le journal se réjouit donc sans autre jugement moral : « Contrairement à ce que pourrait laisser penser la vigueur du débat sur les tirs effectués à l’occasion de refus d’obtempérer, leur nombre était en baisse en 2022 (138 tirs en direction de véhicules en mouvement contre 157 en 2021) ». Or, ces tirs représentent 54 % des usages de leur arme à feu par les policiers. Quoi de plus pour tout revoir, tout repenser, tout réorganiser.

Plus de 60 000 militantes et militants de la France insoumise ont participé à la votation sur le texte « Approfondir la NUPES pour la faire gagner » qui appelle à une liste NUPES aux élections européennes. Ce texte, enrichi par les travaux de l’Assemblée représentative du 17 juin dernier et adopté par celle-ci, a été proposé à la votation des insoumis·es.

95,44% POUR UNE LISTE NUPES !

Voici les résultats de cette votation dans le détail :

Sur 61 010 participant·es,

95,44% pour, soit 58 225 voix

2,36% contre, soit 1 437 voix

2,21% blanc, soit 1 348 voix

Les résultats de cette votation confirment la détermination de la France insoumise pour une liste commune de la NUPES aux élections européennes de 2024.

Elle salue à ce titre l’initiative des organisations jeunesse de la NUPES qui travaillent ensemble à l’élaboration d’une liste de combats politiques prioritaires au Parlement européen. Elle appelle toutes les composantes de la NUPES à soutenir cette démarche et à se retrouver pour construire ensemble un programme d’action commun.


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