"Bergman était un grand peintre de la femme"

mercredi 1er août 2007.
 

Le cinéaste suédois Ingmar Bergman est mort à l’âge de 89 ans, a-t-on appris lundi. Réaction de Michel Ciment, rédacteur en chef de la revue « Positif ».

Comment a-t-on découvert l’œuvre d’Ingmar Bergman ?

Ingmar Bergman a été découvert en France dans les années cinquante. Il a été l’exemple de ce que les futurs réalisateurs de la Nouvelle Vague (Godard, Truffaut, etc.) admiraient. C’était un auteur. Il utilisait sa caméra comme un écrivain pouvait le faire avec une plume. En s’attachant à des sujets profonds et personnels. Ses films évoquaient des problèmes existentiels comme peu de cinéastes ne l’avaient entrepris jusqu’ici. C’était notamment un grand peintre de la femme. Peu de réalisateurs se sont autant approchés que lui du mystère féminin.

Pourquoi est-il considéré comme un génie du cinéma ?

Quand on a continué à découvrir son œuvre par la suite, on a admiré sa capacité de métamorphose. Bergman ce n’est pas le cinéaste d’un style, d’un genre ou d’un sujet. Il a toujours su se renouveler. Il est aussi doué pour tourner un film existentialiste (« Les fraises sauvages »), une grande saga romanesque (« Fanny et Alexandre »), un opéra (« La flûte enchantée »), un film expressionniste (« Le Septième sceau ») ou plus expérimental (« Persona »). Homme de théâtre, c’était un excellent directeur d’acteur. On a découvert plus tard que c’était aussi un très grand écrivain. « Laterna Magica » est un chef d’œuvre de la littérature autobiographique.

Quelle influence son œuvre a-t-elle aujourd’hui ?

Bergman influence toujours beaucoup les cinéastes qui veulent exprimer leurs états d’âmes, leur moi profond. En France, pour les dernières générations, ça va de Patrice Chéreau à Arnaud Desplechin. Son œuvre a laissé une trace profonde. Notamment en Europe. En même temps, il ne faut pas se voiler la face. La tendance actuelle du septième art va à l’encontre de son cinéma. Mais même aux Etats-Unis, un réalisateur comme Woody Allen le considère, plus peut-être encore que Federico Fellini, comme son maître. « Saraband » (son dernier film tourné pour la télévision suédoise) qu’il a tourné à 85 ans était encore d’une incroyable modernité.

de Boris Bastide


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