Florange, la trahison de Bercy

vendredi 18 janvier 2019.
 

L’annonce faite début décembre a peu surpris dans la vallée industrielle de la Fensch : la filière liquide d’ArcelorMittal en Lorraine ne redémarrera pas au terme des six années de « mise sous cocon » prévues dans l’accord signé en 2012 entre le géant indien et l’État, sous la présidence de François Hollande. Pour Lionel Burriello, leader syndical CGT du site, c’est une nouvelle trahison de l’exécutif après les renoncements de Jean-Marc Ayrault, mais la lutte n’est pas terminée pour autant, et le sidérurgiste réclame aujourd’hui des comptes au gouvernement d’Édouard Philippe.

Pour l’heure, seule la direction de l’entreprise a annoncé de façon unilatérale son désintérêt pour la relance de la production, malgré une conjoncture favorable à la demande d’acier. Du côté du Ministère de l’Économie, c’est portes closes : « Pour eux, les dégâts semblent avoir été limités par des investissements en faveur de la transformation qui pérennisent des emplois, mais pour nous, c’est surtout la question de la production d’un acier lorrain, propre, créateur d’emplois, et indispensable à la transition écologique, qui est lâchement abandonnée », résume Lionel qui a manifesté début décembre devant le Ministère. « À Bercy, c’est le grand mélange des genres : le commissaire à la réindustrialisation récemment nommé est ancien PDG d’une filiale de St-Gobain. Il raisonne comme un financier, qu’en terme de rentabilité et de profit, pas comme un politique ». Faute d’une véritable politique industrielle stratège et souveraine dans notre pays, le gouvernement s’est soumis aux intérêts d’un dirigeant uniquement préoccupé par l’expansion de son activité au niveau mondial.

Pourtant, des technologies nouvelles à faibles émissions auraient pu être déployées ici pour pallier les 6 millions de tonnes d’acier importées chaque année en Europe avec toutes les conséquences environnementales que cela génère en terme d’acheminement et de reconditionnement de la matière brute. De plus, le coût du démantèlement des trois hauts-fourneaux restants et de la dépollution des friches, représente plus de deux fois et demi celui de la construction d’une aciérie électrique nouvelle qui aurait été utile au développement économique direct et indirect de tout un territoire. Pour la CGT Florange, l’heure est au rapprochement avec les luttes d’Ascoval dans le Nord et de Ford en Gironde pour continuer à défendre au mieux les intérêts des milliers d’ouvriers suspendus à la politique industrielle du gouvernement macroniste.

Gilles Wobedo


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