En novembre 2015, le Parti Ouvrier Indépendant a scissionné entre une majorité toujours dénommée POI et une minorité devenue POID (Gluckstein, Markun, Schivardi).
En cet automne 2017, le POI a porté plainte pour "abus de confiance" à l’encontre du principal dirigeant du POID, Daniel Gluckstein. Celui—ci a publié des communiqués de presse donnant son point de vue. Nous les reproduisons ci-dessous sans prendre évidemment position sur le fond.
Nous mettrons en ligne la position du POI lorsque nous en serons informé.
Comme je l’avais annoncé (1), je me suis rendu ce 6 novembre, à 10 heures, à la convocation de la brigade financière de la police judiciaire.
Durant près de quatre heures, j’ai répondu aux questions qui m’ont été posées en m’appuyant sur les nombreux documents que le POID a rendu publics et que chacun peut consulter depuis plus d’un an sur le site de La Tribune des travailleurs.
Il m’a été confirmé que j’étais « suspecté d’abus de confiance » en conséquence du refus obstiné et délibéré de la direction du POI (antidémocratique) de régler à l’amiable les différends financiers résultant de la rupture.
Reprenant le déroulement chronologique des événements, j’ai montré qu’à chaque étape les secrétaires nationaux du POI (devenus en novembre 2015 secrétaires nationaux du POID) ont agi pour préserver les intérêts de tous les militants, de quelque côté qu’ils se soient rangés après l’éclatement du parti.
J’ai montré également, documents et faits à l’appui, que, de manière systématique, nous avions cherché à régler à l’amiable les contentieux existants, nous heurtant à une fin de non-recevoir de la partie adverse.
Il se confirme donc que c’est délibérément que ces dirigeants sans scrupules ont préparé le recours à la police et à la justice contre le POID.
Cette volonté de judiciarisation d’un conflit politique entre organisations ouvrières est étrangère au mouvement ouvrier.
À présent, sur la base de l’enquête de police, le parquet sera amené à prendre sa décision :
ou bien il estimera qu’intervenir pour trancher sur un plan juridique un différend politique ne relève pas de sa compétence ;
ou bien il donnera suite à l’accusation d’abus de confiance (qui, je le rappelle, est passible de trois ans de prison ferme et 375 000 euros d’amende).
Lorsque la réponse du parquet sera connue, j’en informerai, comme je l’ai toujours fait, l’opinion publique ouvrière et démocratique.
Sans attendre, étant dans l’impossibilité de répondre personnellement aux innombrables messages de soutien et de solidarité qui me sont parvenus venant de militants appartenant à tous les horizons du mouvement ouvrier et démocratique, je veux, par l’intermédiaire de La Tribune des travailleurs, adresser à tous mes chaleureux remerciements.
Paris, le 6 novembre, 17 h 30
Le 6 novembre prochain, je suis convoqué par la brigade financière de la police judiciaire « dans le cadre d’une enquête judiciaire diligentée à la demande du Parquet de Paris sur des faits d’abus de confiance commis en 2015 sur la commune de Paris, en tout cas sur le territoire national, au préjudice du Parti ouvrier indépendant ».
Renseignements pris, j’apprends que cette convocation fait suite à « une dénonciation » (c’est le terme juridique officiel) et que ses auteurs s’y sont pris à deux fois, une première tentative étant restée sans suite en 2016.
J’apprends également que la peine prévue par le Code pénal pour abus de confiance est de trois ans de prison ferme et 375 000 euros d’amende.
À ce stade, je ne dispose pas d’autre information sur ce qui me serait reproché.
Toutefois, cette convocation n’est pas une totale surprise. Le 15 juin 2016 en effet, les dirigeants du POI non démocratique adressaient par écrit une mise en demeure aux secrétaires nationaux du POID « sous peine de voir la mécanique judiciaire se mettre en marche ». À quoi les secrétaires nationaux du POID avaient répondu, point par point, trois jours plus tard (ces documents sont consultables sur le site de La Tribune des travailleurs).
Mais les dirigeants du POI non démocratique sont restés sourds à tout dialogue. Leur décision était prise « de mettre la mécanique judiciaire en marche ». D’où la première dénonciation de juin 2016, sans suite, et la deuxième dénonciation suivie d’effet en juin 2017.
Abus de confiance ? S’il fallait parler d’un « abus » en 2015, ce serait plutôt celui par lequel les trois secrétaires nationaux du parti, ainsi que la moitié du bureau national élu au congrès précédent, et avec eux des milliers d’adhérents, se sont retrouvés, en quelques jours, interdits de fait d’exercer leur mandat et dépossédés de leur parti, de leurs locaux et de toute possibilité d’exprimer leur point de vue !
Deux ans ont passé. Les auteurs du coup de force de 2015 et des menaces de 2016 sont devenus les « dénonciateurs » de 2017.
Dans quel but ?
Je suis engagé depuis un demi-siècle dans l’action politique organisée au service de l’émancipation ouvrière. On peut partager ou non mes opinions et mes engagements. Mais je mets au défi quiconque d’établir qu’un seul de mes actes ait été guidé par une autre motivation que le respect du mandat confié.
Militant trotskyste, j’ai toujours considéré la dénonciation d’un adversaire politique à la justice et/ou à la police comme un procédé étranger au mouvement ouvrier, dont nombre de combattants ont été victimes aux heures sombres du stalinisme triomphant.
Pouvais-je imaginer être un jour moi-même l’objet d’une telle dénonciation par des responsables politiques osant se réclamer de Trotsky ? Cela constitue, à ma connaissance, un fait sans précédent.
2015, 2016, 2017 : d’abord l’expulsion du POI et de son courant CCI, puis les menaces, aujourd’hui la dénonciation à la justice et à la police, demain mon emprisonnement ? Si l’objectif de cette escalade est de nous faire taire, elle échouera.
Depuis 2015, les moyens d’expression qui nous ont été confisqués, nous les avons reconstruits, en toute indépendance. Semaine après semaine, La Tribune des travailleurs voit s’élargir le nombre de ses abonnés et de ses lecteurs.
Je n’ai aucun doute sur le fait que les lecteurs de notre Tribune, membres ou non du POID, auront à cœur d’apporter à cette tentative de nous bâillonner par les moyens les plus vils la seule réponse qui s’impose : étendre, toujours et plus, la diffusion de La Tribune des travailleurs, élargir, dans ses colonnes, le libre débat entre les partisans de la lutte de classe, à quelque courant du mouvement ouvrier qu’ils appartiennent.
À la dénonciation policière nous opposerons ensemble la libre discussion fondée sur la démocratie ouvrière. Je rendrai compte des suites de cette convocation.
Paris, le 24 octobre 2017
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