La question de la recomposition politique se pose

dimanche 15 octobre 2017.
 

par Martine Billard, secrétaire nationale du Parti de gauche (PG) à l’écologie

Le premier tour de l’élection présidentielle a montré que beaucoup de Français-e-s ne votent plus en fonction du critère gauche-droite. Aujourd’hui, le clivage principal porte sur le rapport à la mondialisation entre ceux qui arrivent à en tirer profit ou à ne pas trop en souffrir et ceux qui en sont victimes. Le vote Macron correspond aux personnes qui espèrent s’en sortir individuellement, quand le soutien à l’extrême droite est le refuge des désespérés qui s’en prennent à leurs voisins plutôt qu’à ceux que le système engraisse.

Heureusement, cette élection a permis d’exprimer l’espoir collectif d’une autre société par le vote pour Jean-Luc Mélenchon et pour le programme «  l’Avenir en commun  », qui a rassemblé plus de 7 millions d’électeurs. Les formes innovantes et joyeuses de campagne, la place donnée à l’éducation populaire ont créé une dynamique qui a redonné goût à la politique. Elle a entraîné de nombreux jeunes, des habitants des quartiers populaires et des citoyens qui, dégoûtés de la politique, notamment après ces cinq années de gouvernement PS, avaient d’abord pensé s’abstenir. Mais, c’est aussi la constance dans le positionnement politique et le fort engagement écologique de Jean-Luc Mélenchon qui ont attiré des électeurs qui se sont convaincus qu’au moins lui ne céderait pas aux premières difficultés.

Le score de 6,36 % de Benoît Hamon a acté la faillite du Parti socialiste. Après le ralliement de dirigeants de ce parti, dont Manuel Valls, à Emmanuel Macron, qu’en restera-t-il à l’issue du deuxième tour des législatives  ? Le logo PS est devenu bien petit ou a carrément disparu des affiches des candidats aux législatives. Et parmi le peu de députés élus, combien s’opposeront au gouvernement  ? Pourtant, les premières déclarations des nouveaux ministres montrent qu’il s’agit d’un gouvernement clairement au service du patronat, décidé à casser non seulement le Code du travail, mais aussi l’école publique, et à offrir l’assurance-maladie aux assurances privées.

Le temps est donc venu de tourner la page du PS. S’accrocher à des appels à l’unité dans le but de «  sauver la gauche  » lors des élections, de faire barrage un coup à Macron, un coup au FN, devient de moins en moins opérant. Il faut de la clarté et ceux qui au PS ne veulent pas, demain, finir au mieux dans une opposition molle au nouveau président doivent en tirer les conséquences, et rompre.

La question de la recomposition politique se pose dans des formes radicalement nouvelles. Le premier défi consiste à ne pas répéter l’erreur de 2012 du cartel de partis qui a découragé ceux qui s’étaient engagés dans la campagne présidentielle.

Des dizaines de milliers de personnes se sont enregistrées sur la plateforme jlm2017.fr depuis le 23 avril, atteignant près de 540 000 signataires et prolongeant ainsi la dynamique de la campagne présidentielle dans la campagne des législatives des candidats de la France insoumise. Le premier enjeu est de remobiliser les 7 millions d’électeurs pour ne pas donner les pleins pouvoirs à Macron, puis de rassembler encore plus largement.

Cela ne peut se faire que sur un projet clair de lutte contre l’ubérisation de nos sociétés, de rupture indispensable avec le modèle productiviste et de remise en cause des traités européens, qui empêchent toute transition écologique et promeuvent le dumping social. Ce projet, avec l’écologie sociale au cœur et la bataille pour la VIe République, peut rassembler une majorité dans notre pays et s’appuyer sur un peuple mobilisé. À nous d’être imaginatifs et d’en trouver la traduction dans de nouvelles formes organisationnelles.


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