Pour une planification écologique (par Martine Billard, députée écologiste de Paris, apparentée Parti de gauche).

mercredi 7 octobre 2009.
 

Il y a encore quinze ans, les écologistes apparaissaient soit comme de doux farfelus, soit comme des opposants au progrès, lorsqu’ils dénonçaient les pollutions, dont la pollution automobile, comme responsables de la destruction de notre planète et de notre santé. Pourtant, les émissions de gaz à effets de serre liées aux activités humaines provoquent un tel réchauffement climatique que la vie sur terre est menacée. Il ne suffit pas de pointer du doigt la responsabilité de nos sociétés, ni de se limiter à rendre chacun individuellement responsable car la somme des modifications de ces comportements individuels ne suffira pas à renverser suffisamment le cours actuel du capitalisme pour éviter la catastrophe écologique.

C’est le système économique du profit immédiat, de la production sans limite et de la surconsommation de certains, sans égard quant aux conséquences sur l’environnement qui est responsable. Il n’est plus possible de répondre par des mesurettes. Il faut des politiques fortes qui ont un coût. Dans ce contexte, la fiscalité ne peut être qu’un outil secondaire incitant au retrait du marché des produits polluants et facilement substituables, et à certaines conditions : elle doit être juste socialement et accompagnée de politiques actives des pouvoirs publics pour développer des alternatives ainsi que des actions de reconversion. Or, le résultat de certains dispositifs financiers introduits au nom de l’écologie n’est pas toujours convaincant. Ainsi, la taxe générale sur les activités polluantes appliquée aux installations de traitements des déchets ménagers devait décourager l’incinération et l’enfouissement au profit de la réduction et du recyclage des déchets.

Plus d’un tiers du montant de cette taxe disparaît dans le budget général. De même, seulement 5 % des sommes récoltées sur le livret de « développement durable » sont affectées à leur objet, selon les propres déclarations des banques. Plus globalement, la droite refuse quasi systématiquement de recourir à la réglementation, aux sanctions, voire aux interdictions, particulièrement quand cela concerne les entreprises ou son électorat. Aussi, le marché européen des quotas d’émissions de gaz à effets de serre, qui concerne 3 500 entreprises françaises considérées comme les plus polluantes, est-il particulièrement laxiste : 90 % d’entre elles sont exemptées des droits à polluer puisque les quotas leur sont attribués gratuitement. Cela a généré une bulle spéculative qui peut éclater à tout moment. Chantal Jouanno vient d’annoncer la baisse des bonus automobiles mais pas la hausse des malus, et la SNCF abandonne toute une partie du fret ferroviaire au profit du transport routier. C’est un comble ! Au moment où la taxe carbone est annoncée pour modifier les comportements des ménages et des entreprises. Mais pour que les ménages puissent utiliser moins leur voiture ou puissent réduire leur consommation de fuel ou de gaz domestique, encore faudrait-il qu’ils aient des alternatives possibles.

Or, les dispositifs d’aide à l’isolation des logements et au changement de chauffage sont insuffisants et extrêmement compliqués. Quant au développement des transports collectifs, l’État s’est retiré de leur financement depuis que l’UMP gouverne. La volonté de changer les modes de production, d’échanges et de consommation ne peut se limiter à des incitations fiscales. Les enjeux sont trop importants et trop urgents. Il faut une véritable politique globale pensée à l’échelle internationale et articulée au niveau national et à l’échelon local. Cela suppose une planification écologique démocratique pour promouvoir une relocalisation des productions, la promotion de circuits courts de consommation, l’arrêt de l’étalement urbain et un habitat de qualité et économiquement accessible. Donc, une politique écologique et sociale.


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