Rentrée scolaire : la grande imprévision

dimanche 10 septembre 2017.
 

La rentrée scolaire est marquée encore plus que les années précédentes par le poids du nombre. Celui des élèves tout d’abord qui devrait augmenter de 50 000 dans le 2nd degré, tandis qu’ils ont augmenté de 150 000 dans le 1er degré depuis 2009. Loin d’accompagner cette affluence, les moyens du système éducatif vont subir un nouveau reflux. Il y aura encore cette année moins de postes d’enseignants qu’au début de la présidence Sarkozy en 2007. Et la désaffection pour le métier d’enseignant s’accroît, avec un nombre record de postes non pourvus aux concours, en particulier dans les régions les plus en difficulté. Ce déficit d’enseignants conduit à surcharger les classes, puisque 40 % des classes de Lycée auront jusqu’à 39 élèves, contre à peine 25 % il y a 5 ans. Ce débordement du système éducatif se répercute ensuite à l’université comme en atteste le nombre record de bacheliers sans affectation choisie cet été : près de 100 000 n’avaient obtenu aucun de leurs choix d’orientation en juillet et ils sont encore 6 000 à n’avoir aucune affectation en cette rentrée. Cette pénurie de moyens touche aussi tout l’accompagnement scolaire et éducatif, décimé par la baisse du nombre de contrats aidés aggravée par le gouvernement Philippe.

Cet engorgement n’a rien de conjoncturel ni d’imprévisible. Depuis le début des années 2000, la France a vu son nombre de naissances friser puis dépasser les 800 000 par an, alors qu’il était descendu sous la barre des 750 000 dans les années 1990. Les générations des décennies 2000 et 2010 qui entrent dans le système éducatif sont donc nettement plus nombreuses que celles des décennies 1980 et 1990 qui en sortent. L’investissement public dans l’Éducation nationale a suivi le chemin exactement inverse. Le gouvernement Raffarin/Chirac a stoppé toute création de postes en 2002, avant que Nicolas Sarkozy n’en supprime 70 000, dont une grande partie manquent encore aujourd’hui. Les gouvernements Hollande et désormais Macron n’ont pas inversé la tendance. Pire ils en confirment une grande part, notamment la poursuite criminelle de la fermeture des lycées professionnels.

Cette imprévision est tragique. Elle traduit une carence stratégique de l’État puisque la scolarisation est obligatoire. Les difficultés des 15 dernières générations pour être éduquées, formées et qualifiées vont se répercuter à leur tour sur les prochaines décennies. Les orientations par défaut, parfois même par tirage au sort comme aujourd’hui à l’université, préparent des parcours professionnels chaotiques et des pénuries de personnels qualifiés. Tout cela aura un coût social et économique bien plus grand que ne l’aurait été le développement du système éducatif à mesure de la hausse de la population. Par la faute de gouvernants qui ont tout oublié d’une obligation vitale de l’État : celle de la planification.

Laurent Maffeïs


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