Revenu de base 2017 : la grande manipulation politico –médiatique.

samedi 26 janvier 2019.
 

Les soubassements du revenu de base 2017 médiatisé.

Depuis mai 2016, l’idée de revenu universel ou de revenu de base occupe une place de choix – vraiment de choix médiatique – dans l’espace du supposé débat public. Tous les médias en parlent pour tout dire et ne rien dire. Rien dire de quoi ? Rien dire du pourquoi on en parle ! Nous allons faire tomber les masques un à un…

Nous ne revenons pas ici sur les origines et la diversité des conceptions du revenu universel de base. On peut d’ailleurs trouver dans Wikipédia un article assez complet : Revenu de base en France https://fr.wikipedia.org/wiki/Reven...

On ne répondra en annexe qu’à deux questions montrant que l’idée de revenu universel n’est pas nouvelle et qu’elle n’est pas seulement défendue par des personnalités politiques de gauche mais aussi par des personnalités de droite.

Cet article fait suite à d’autres concernant le revenu universel ou d’existence de base que l’on retrouvera dans l’annexe 3. Après avoir montré que l’idée de revenu universel n’était pas nouvelle dans le débat public, avoir montré qu’elles aient été remises à l’ordre du jour par le parti socialiste surtout à partir de mai 2016, nous allons montrer ici pourquoi il s’agit d’une vaste manipulation politico–médiatique À l’occasion des primaires dites de gauche et de l’élection présidentielle de 2017.

1 – Une campagne de presse de grande envergure et de longue durée sur le revenu universel.

1.1 La réactualisation de la notion de revenu universel date de 2013.

La même année que se créait "Le Mouvement français pour un revenu de base (MFRB)" en 2013 pour rassembler les différents partisans du revenu de base dans le but d’obtenir son instauration en France d’ici 2020, le Monde diplomatique de mai 2013 a consacré un dossier de plusieurs articles sur le revenu universel :"Revenu garanti : utopie à portée de main". L’article est disponible en cliquant sur le lien suivant : http://www.monde-diplomatique.fr/20...

Puis, Le Monde diplomatique revient sur la question dans son numéro de juillet 2016 "Le revenu garanti et ses faux amis" L’introduction du texte était :

"Du Forum économique de Davos à la Silicon Valley en passant par les assemblées du mouvement Nuit debout en France, le revenu de base est sur toutes les lèvres depuis quelques mois. La Finlande affirme vouloir l’instaurer ; les Suisses ont voté sur le sujet en juin. Mais, entre l’utopie émancipatrice que portent certains et la réforme limitée que veulent les autres, il y a un monde…" http://www.monde-diplomatique.fr/20...

1.2 La campagne de presse actuelle.

Elle s’ouvre en avril 2016 :

Le Figaro 18/0 4/2016 : Minima sociaux : Manuel Valls veut une réforme très rapide

http://www.lefigaro.fr/social/2016/...

Le Huffington post titre le 20 avril : Manuel Valls ouvre le chantier du "revenu universel", mais avec une définition bien particulière "d’universel"

http://www.huffingtonpost.fr/2016/0...

Le Figaro du 23/05/2016 Un revenu universel ? oui, mais au minimum de 750 euros mensuels Une allocation variable avec l’âge selon le think tank Fondation Jean-Jaurès Début de l’article : "La Fondation Jean-Jaurès, proche du Parti socialiste, publie une étude qui s’intéresse à l’impact de la mise en place d’un revenu de base distribué à tous les Français."

http://www.lefigaro.fr/social/2016/...

Dans son émission Pixel, France Culture le 3 juin diffuse : "Pourquoi le revenu de base n’existe toujours pas ?"

https://www.franceculture.fr/emissi...

France Culture . 3 juin 2016. (Rappelons que le lancement du mouvement France Insoumise a lieu à Paris place de Stalingrad le 5 juin 2016.)

Une première vague commence en septembre 2016. Le 19 septembre, le Figaro titre : revenu minimum de base : comment ça fonctionne

http://www.lefigaro.fr/economie/le-...

Voici le début de l’article : "Ce lundi s’ouvre la Semaine internationale du revenu de base. Le collectif parisien du Mouvement Français pour un Revenu de Base (MFRB) organise des événements un peu partout dans la capitale dont l’animation de la journée du 24…"

Une accalmie durant l’été 2016. Les vacances contribuent à le faire oublier les turbulences sociales printemps 2016.

Les 17 et 20 septembre 2016,le magazine Challenges consacre deux articles sur cette question . https://www.challenges.fr/politique...

Mais le la est donnée par Europe 1 le 20 septembre 2016 : "Le revenu universel garanti : clé de la campagne présidentielle" On voit alors une photo sur le site représentant Manuel Valls avec la légende Manuel Valls veut porter l’idée du revenu minimum universel garanti pendant la campagne électorale.

http://www.europe1.fr/economie/le-r...

Nous citons cet article car il replace bien le regain d’intérêt pour le revenu universel dans son contexte politique.

"Évoqué par certains candidats à droite, ce dispositif est également prôné par Manuel Valls, qui espère en faire un marqueur de gauche.

La réforme des minima sociaux est engagée. Des mesures de simplification sont en effet prévues dans le projet de loi de finances 2017, dont les grandes lignes macro-économiques devraient être dévoilées mardi. Parmi les mesures à prévoir, beaucoup concernent la simplification. Avec, notamment, l’inscription du principe "dites-le une fois", qui doit permettre de limiter le nombre de pièces justificatives à fournir lorsqu’une personne désire bénéficier de minima sociaux, comme le RSA. Le montant de ces minima sera également figé pendant trois mois, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Une allocation unique. Et ce n’est qu’un début. Manuel Valls espère en effet aller plus loin dans la simplification, en mettant en avant l’idée d’un revenu minimum universel garanti. Une allocation unique, qui remplacerait tous les minima sociaux du RSA à l’allocation adulte handicapé en passant par le minimum vieillesse. Le scénario privilégié par le Premier ministre serait de fusionner la dizaine de subventions existantes pour instaurer ce revenu minimum, qui serait accessible dès l’âge de 18 ans - quand le RSA n’est, aujourd’hui, attribué qu’aux plus de 25 ans, sauf exception.

De 400 à 500 euros par mois. Manuel Valls n’est pas le seul à parler aujourd’hui de revenu minimum universel garanti. Le sujet est aussi devenu primordial pour Michèle Rivasi, eurodéputée candidate à la primaire EELV, mais aussi Frédéric Lefebvre, candidat à la primaire de la droite qui n’a pas réussi à obtenir les parrainages nécessaires pour concourir, mais ne renonce pas pour autant à peser dans les débats. Les deux hommes divergent en revanche sur deux points importants : les conditions d’attribution et le montant de l’allocation. Pour Frédéric Lefebvre, il faut envisager un revenu minimum universel garanti compris "entre 800 et 1.000" euros. Surtout, le principe même de ce dispositif est d’être "universel", donc versé sans conditions de ressources. Manuel Valls, en revanche, s’appuie sur les propositions contenues dans le rapport Sirugue, qui parle plutôt d’une attribution sous conditions de ressources, et d’un montant de 400 euros mensuels. Auquel s’ajouterait un complément d’insertion de 100 euros par mois pour les 18-65 ans.

Marqueur de gauche. À Matignon, les équipes ne seraient pas forcément emballées par ce revenu minimum. "Mais Manuel Valls ne nous a pas lâchés", confie un conseiller. Le Premier ministre est en effet convaincu que ce sujet sera un enjeu de la campagne présidentielle. Et qu’il pourrait devenir une manière pour la gauche de se distinguer de la droite. Manuel Valls fait le pari qu’un revenu plus lisible sera plus acceptable par l’opinion publique, et que le volet insertion permettra de répondre à ceux qui voudraient accuser le gouvernement d’encourager l’assistanat. Son entourage indique que le chef du gouvernement devrait porter des propositions fortes dans les prochains mois.

Reste un problème : cette allocation grève le budget de l’État. L’étendre aux jeunes coûterait, selon une étude de Bercy, pas moins de 6,6 milliards d’euros".

Sur le même sujet : Le revenu minimum de base bientôt expérimenté dans 20 villes des Pays-Bas Frédéric Lefebvre veut "regarder de près" le revenu universel Revenu universel de base : ces pays et ces villes qui l’ont testé

Fin de l’article

Dans Le Monde du 21 septembre ,est indiqué que Benoît Hamon rencontre Bernie Sanders …le 21 septembre. La « rencontre inspirante » de Benoît Hamon avec le démocrate Bernie Sanders

http://www.lemonde.fr/politique/art...

Libération le 23 septembre enchaîne le 23 septembre avec un article explicatif : Tout comprendre sur le revenu universel

http://www.liberation.fr/france/201...

Puis le magazine Capital publie le 30 septembre : Revenu universel : bientôt 500 euros par mois pour tous

http://www.capital.fr/enquetes/econ...

François Langlet était interrogé le 14 octobre 2016, au JT de 20 heures à France 2 sur le revenu universel.

http://www.francetvinfo.fr/monde/le...

Remarquons que la convention nationale du mouvement "France insoumise" à lieu le 15 et 16 octobre 2016.

Le 19 octobre 2016, Le Monde publie un article intitulé : « L’idée d’un revenu de base n’est pas portée par les principaux candidats à la présidentielle » Évidemment ce n’est pas le cas pour Benoît Hamon.

http://www.lemonde.fr/politique/art...

L’imbrication de cet article avec le précédent du 21 septembre suggère l’idée non explicitée que Mélenchon ne soutient pas le revenu universel contrairement à Benoît Hamon.

Le magazine Les Échos du 26/10/2016 titre : Revenu universel et palme d’or

http://www.lesechos.fr/26/10/2016/L...

L’article commence ainsi : "Le sujet du revenu universel a enfin acquis sa place légitime dans le débat public, nourrissant les programmes à gauche comme à droite. "

Le 7 novembre le magazine Le Point Il était une fois le revenu universel introduction de l’article : "La proposition phare de Benoît Hamon gagne du terrain, à droite comme à gauche. Mais de quoi parle-t-on exactement ?" Par Beatrice Parrino et Marc Vignaud (Article réactualisé Le 24 janvier 2017) http://www.lepoint.fr/economie/il-e...

Une deuxième vague médiatique apparaît en janvier 2017..

Par exemple le magazine l’Express du 2 janvier 2017 publie un article d’accroche : "Progrès ou "trappe à pauvreté" ? Le revenu universel fracture la gauche " http://www.lexpress.fr/actualite/po...

RTL. Le 9 janvier "Benoît Hamon sur RTL : le revenu universel passera par une extension du RSA"

http://www.rtl.fr/actu/politique/be...

France Inter le 11 janvier : Daniel Cohen : "Le revenu universel va renforcer le pouvoir de négociation des gens sur le marché du travail"

https://www.franceinter.fr/emission...

À proximité de la primaire dite de gauche (du 22 et 29 janvier 2017), le 12 janvier 2017 , Le Figaro sonne le départ de la course : "Primaire à gauche : le revenu universel divise les candidats" "Hamon le défend tandis que Vincent Peillon et Arnaud Montebourg s’y montrent opposés. Manuel Valls a une position plus mesurée." est le sous-titre d’une photo où figurent ces quatre candidats.

http://www.lefigaro.fr/economie/le-...

Mais un tour de piste d’échauffement préparatoire démarre sous l’égide de Hamon et Valls dans Libération dès le 20 décembre 2016 :"A gauche, « revenu minimum décent » ou « revenu universel d’existence"

http://www.liberation.fr/france/201...

Le Monde du 16/01/2016 fait référence à l’évaluation du coût par l’OFCE du revenu minimum

http://www.lemonde.fr/idees/article...

"…C’est ici qu’intervient la contrainte financière. Pour que ce système ne fasse pas de perdants, il faudrait, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), verser à chaque adulte 785 euros par mois. Montant de l’addition, 480 milliards d’euros, soit 35 points de CSG ou 22 points de PIB ! La France, déjà championne en la matière, passerait à un taux de dépenses publiques équivalent à… 79 % du PIB ! Il suffit de rappeler que la révolte fiscale de 2013 a été provoquée par une hausse dix fois moindre des impôts pour comprendre le caractère impraticable du revenu universel, qui ne dispense pas de financer l’Etat régalien, les retraites, la santé, l’éducation…

Rappelons que le total des recettes nettes du budget de l’État s’élève à 239,6 milliards d’euros en 2016 Source : http://www.performance-publique.bud...

Le Monde du 18 janvier ne traite pas de "l’avenir en commun" mais de l’avenir du travail "Les Voix de l’économie : Quel avenir pour le travail ?"

http://www.lemonde.fr/idees/article... De la culture du son

Cette vague prend alors de l’intensité. Par exemple, entre le 16 janvier et le 26 janvier 2017Le Monde consacre six articles sur le revenu universel de base. Le journal La Tribune fait paraître en janvier quatre articles sur ce thème

Le revenu universel, fausse bonne idée La Tribune

http://www.latribune.fr/economie/le...

Il y a une grosse incompréhension sur le revenu universel Par Jean-Eric Hyafil |La Tribune La Tribune 20/01/2017

http://ww.latribune.fr/opinions/tri...

Piketty pour un revenu universel... non universel Par Ivan Best Source : La Tribune 25/01/2017 http://www.latribune.fr/economie/fr...

En réalité, Thomas Piketty s’oppose bel et bien à ce qu’il est convenu d’appeler le revenu universel. Si les mots ont encore un sens, il s’agit bien d’un revenu distribué à tous, ce que l’économiste et ses amis jugent absurde. Sinon, il n’est pas universel. Thomas Piketty se rapproche en réalité de la proposition d’un Manuel Valls, d’un "revenu décent" attribué aux personnes sans ressourc

L’Express du 25 janvier titre : revenu universel : 10 économistes à la ressource.

http://www.lexpress.fr/actualite/po...

Le 26/01/2017 Revenu universel : Valls et Hamon se disputent la référence à Pik Le Monde.

http://www.lemonde.fr/les-decodeurs...

Libération. 27 janvier 2017 Revenu universel : Hamon répond à Mélenchon

http://www.liberation.fr/france/201...

Le Monde du 30 janvier, dans sa rubrique idées titre : "le revenu universel est le contraire d’une proposition libérale."

http://www.lemonde.fr/idees/article... Le Monde véhicule ainsi l’idée que le revenu universel serait une proposition radicalement de gauche. Ce n’est évidemment pas par hasard.

Dans tous ces articles, Benoît Hamon est cité et le plus souvent considéré comme le porteur de l’étendard revenu universel de base, Manuel Valls passant alors au second plan. Même le magazine ultralibéral Capital du 14 janvier sous la plume de Marc Leras titre : "Benoît Hamon assume le revenu universel d’existence"

http://www.capital.fr/a-la-une/actu...

Une interview en vidéo YouTube de Benoît Hamon sur le revenu universel est mis en ligne le 18 janvier 2017 (voir notre article précédent)

https://www.youtube.com/watch?v=pXM...

On y retrouve la fameuse tarte à la traîne de la raréfaction des emplois due à la transition numérique mais plus positivement l’idée de la réduction du temps de travail. On a fait des commentaires sur ce tuyau dans notre article précédent sur : revenu universel made in PS.

La radio– télévision n’est évidemment pas en reste. Ainsi par exemple, France info confectionne le 15 janvier 2017 un long article intitulé : "Article à lire pour comprendre le débat sur le revenu minimum". L’article est émaillé de vidéos où Benoît Hamon est interrogé par l’expert économique de France 2 François Langlet sur le revenu universel d’existence.

http://www.francetvinfo.fr/politiqu...

Cette campagne de presse continue encore Ainsi, Direct matin du 12 février 2017 y consacre un long article : "Tout savoir sur le revenu universel"

http://www.directmatin.fr/france/20...

Libération du 12 février s’interroge : revenu universel, clash génération nel ? http://www.liberation.fr/debats/201...

L’article commence ainsi : "Elle est devenue la « hype » de la campagne présidentielle : le revenu universel, mesure portée par Benoît Hamon depuis août 2016, symbolise dorénavant bien plus qu’un programme politique ; elle est l’emblème d’un choix de société, d’une avancée radicale, d’un futur de tous les possibles pour les tenants d’une gauche retrouvée, qui parle à nouveau aux jeunes…" On comprend vite en relisant un tel article que le revenu universel constitue un produit d’appel pour faire ses courses électorales dans la boutique de Benoît Hamon. C’est un produit innovant qui plaît aux jeunes, tourné vers l’avenir, humanitaire comme antidote contre la pauvreté (alors que les vieilles revendications traditionnelles concernant les minima sociaux sont ringardes, vintages, tournées vers le passé ?).

Le journal La Tribune apparemment très friand de revenu universel anonçe le 21 février : "Revenu universel : combien coûtent les étapes de Benoît Hamon ?" Par Jean-Christophe Catalon

http://www.latribune.fr/economie/fr...

La liste précédente est loin d’être exhaustive : il ne s’agit ici que de quelques exemples. concernant la presse nationale La presse régionale a aussi largement traité de cette question. Pour ne prendre qu’un seul exemple parmi des dizaines, le Dauphiné Libéré du 12 janvier titrait : Êtes-vous favorables à un revenu universel versé par l’État ? http://www.ledauphine.com/actualite...

On mmesure l’absurdité de cette question quand l’on sait que le coût du revenu universel préconisé par Benoît Hamon s’élève à 349 milliards d’euros alors que les recettes de l’État s’élèvent à 239 ou 294 milliards d’euros selon paramètres pris en compte.

L’institut Montaigne, think tank libéral phare, se préoccupent aussi des propositions sur le revenu universel :

http://www.institutmontaigne.org/fr...

Chose amusante, il mentionne aussi le travail réalisé par l’autre hink tank proche du PS, la fondation Jean-Jaurès. "Plusieurs think tank ont publié des rapports consacrés à la faisabilité d’un revenu de base (Fondation Jaurès) ou d’une allocation unique (Ifrap), mais ils envisagent des réformes très différentes en pratique (prise en compte ou non de la structure du foyer, modalités très variables de financement de ce revenu, suppression d’un nombre plus ou moins importants de dispositifs existants…etc.). Pour la Fondation Jaurès, qui propose la réforme la plus proche de celle défendue par Benoît Hamon, un revenu de base de 750 euros par mois aurait un coût brut de 504 milliards (336 Md€ pour 500€ par mois et 675 Md€ pour 1 000€)."

Il est d’ailleurs relayé le 20 février par le magazine Le Point qui titre : "L’institut Montaigne estime le coût du revenu universel à 350 milliards d’euros"

http://www.lepoint.fr/economie/l-in...

On a ici un excellent exemple de la manière dont la presse et plus généralement les médias cherchent à imposer dans l’espace public une thématique et ici un axe de campagne propulseur d’un candidat. Ce candidat, de ce faite, acquiert une bonne visibilité.

Mais quel est l’efficacité d’un tel matraquage médiatique ? Après martèlement, les sondeurs passent à l’action pour mesurer l’impact : flop ?

RTL du 24 février 2017 "Présidentielle 2017 : le revenu universel de Benoît Hamon ne plaît pas aux salariés Selon un sondage BVA du 24 février, une majorité de salariés n’est pas favorable à l’instauration de cette mesure, proposition phare du candidat socialiste." Selon ce sondage, 60 % des salariés seraient opposés au revenu universel préconisé par Benoît Hamon.

http://www.rtl.fr/actu/politique/pr...

Mais l’objectif était-il de convaincre les salariés de la validité de cette mesure ? Pas forcément. La manipulation est plus subtile. Elle a 4 fonctions.

3 – Quelles sont donc les facteurs expliquant cette offensive idéologique ?

Rappelons d’abord, comme nous l’avons expliqué dans l’article précédent, que la proposition de revenu universel de base a été organisée par le PS à partir d’avril – mai 2016.

L’opposition à la politique antisociale et liberticide du gouvernement.

Rappelons que lesgouvernements sous la présidence de François Hollande ont à charge :

– La mise en œuvre d’une politique d’austérité s’accompagnant de différentes lois antisociales TSG, CICE, loi de non régulation bancaire, ANI, Allongement de la durée des cotisations, Acte de responsabilité, pacte de responsabilité, loi El Khomeri (loi travail) et une loi renseignement qui a provoqué l’opposition de l’ensemble des syndicats et de la ligue droits de l’homme.

– Et, ce qui est au moins aussi grave, une répression policière antisyndicale et anticitoyenne d’une rare intensité dans sa durée accompagnée d’une instrumentalisation des casseurs pour réprimer le mouvement contre la loi travail. . Remarquons que la demande d’enquête parlementaire à ce sujet par la Ligue droits de l’homme et par le député communiste Jacques Candelier qui a déposé une résolution à l’assemblée n’apas été suivi d’effet. Aucun appui à ces demandes de la part de Montebourg et de Hamon.. (Enquête parlementaire maintien de l’ordre durant les manifestations contre la loi travail  http://www.gauchemip.org/spip.php?a... )

Chacun peut savoir quels ont été Les votes pour chacune de ces lois par les députés socialistes en cliquant ici : il suffit de savoir à quel département appartient le députés concernés.. Ce qu’ont voté les députés socialistes https://drive.google.com/folderview...

Ainsi, le gouvernement Valls à partir du début mars 2016 a du affronter de nombreuses manifestations et grèves Aux lois précédentes, s’ajoutent l’augmentation des taux de TVA en 2013 et 2014 et la politiques d’austérité, les promesses non tenues par les gouvernements Hollande

Rappelons qu’au congrès de Poitiers de 2015, seuls 28 % des adhérents sont opposés à la politique gouvernementale. Quant à la loi travail, la motion de censure n’a pas réuni le nombre de voix suffisantes sur les bancs "socialistes".

Première fonction : Pour faire oublier tout cela et éviter d’entamer un débat sur ce noir bilan , le PS a propulsé l’idée de revenu universel. Première fonction donc : l’effacement des mémoires. C’est l’effet Alzheimer..

Deuxième fonction  : Présenté comme un moyen de lutte contre la pauvreté, un moyen de de faire face à la supposée raréfaction du travail, une aide pour la jeunesse, etc. le revenu universel,est instrumentalisé par le PS et certains membres du gouvernement pour se donner des couleurs de gauche dans des discours qui veulent apparaître comme progressiste. C’est l’effet caméléon.

Une troisième fonction de ce recours au revenu universel est de donner l’illusion d’une unité de gauche au sein du PS : Manuel Valls et Benoît Hamon se retrouvent pour partager l’idée de revenu de base, idée de grande élasticité ou malléabilité. Benoît Hamon victorieux à la primaire PS doit donc maintenant, fort de son revenu de base peut ainsi représenter tout le PS. C’est donc un recollage des morceaux de la cale du vaisseau PS en situation de naufrage.

C’est l’effet recollage – racolage du revenu d’existence de base dans sa version up– dette 2017.

La quatrième fonction est une fonction d’écrasement – effacement : il faut écraser et marginaliser la campagne de France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon.

Il s’agit donc de récupérer des mesures existant dans le programme "L’avenir en commun" telles par exemple la sécurité sociale intégrale, la continuité du salaire en cas de perte d’emploi, etc. On peut ainsi donner l’illusion que le revenu universel résout presque à lui seul tous les problèmes sociaux et se situe plus à gauche et dans l’avenir que l’avenir en commun.

Cela évite aussi à Benoît Hamon d’avoir élaboré un programme sur la longue durée et forcément relativement complexe non seulement dans son contenu mais dans son processus d’élaboration collective comme cela a pu se faire avec France insoumise.

L’entreprise de marketing politique PS, fort de ses 60 millions d’euros de budget, 4 millions d’euros de budget propagande, de ses 22,4 millions d’euros en frais de personnels, élabore ainsi un produit concurrentiel, pour se tailler des parts de marché dans l’électorat de Mélenchon. Les apparatchiks du PS pensent ainsi pouvoir préserver leur influence et leur siège. Benoît Hamon enrichira le produit d’une dose d’écologie pour le rendre plus soutenable et durable, d’autant que les Verts sont partisans depuis longtemps du revenu universel.

C’est en quelque sorte la fonction : "Retire-toi de là, que je m’y mette".

L’incroyable campagne de presse mise en œuvre pour soutenir idéologiquement ce thème de campagne suppose un réseau très étendu de cette entreprise PS au sein de la presse et des puissances financières contrôlant les médias. Il est évident que tous les propriétaires des médias aucun intérêt à voir l’audience de Mélenchon devenir majoritaire.

La proposition du revenu universel imposée par les médias au détriment du programme l’avenir en commun dont la publicité par les médias a été quasi nulle est donc en réalité une énorme manipulation.

Il s’agit donc pour les groupes d’appuis de France insoumise de neutraliser les quatre fonction manipulatoires précédemment décrites.

Résumons le plan de notre démarche concernant ces différents articles– étapes  :

Le lecteur a la possibilité d’écouter une musique adaptée en cliquant ici pour le générique de fin. https://www.youtube.com/watch?v=-ep...

– Présentation de la notion de revenu universel

– Critique économique (Michel Husson et vidéo de l’université de Nantes)

– La fable de la raréfaction du travail

– Le débat sur le revenu de base existait déjà il y a 15 ans : c’est un serpent de mer

– Comment le PS ressort l’idée des cartons avec un dépoussiérage au plumeau numérique..et veut fusionner les minima sociaux

– Les relais de la campagne médiatique pour l’actualisation du revenu universel. – Les raisons politiciennes de cette réactualisation par le PS et les médias..

Annexe 1 : Bon à savoir 

Certains parlementaires défendent le revenu universel, mais il est intéressant de savoir ce qu’ils ont voté comme lois notamment durant le mandat de François Hollande.

Ce q ont voté les députés socialistes https://drive.google.com/folderview...

Liste des votants du traité de Lisbonne en 2008 http://www.ladepeche.fr/article/200...

Liste des députés ayant voté la motion de censure contre le gouvernement Hollande en mai 2016 http://www.francetvinfo.fr/economie...

Annexe 2 : Deux questions simples sur le revenu universel

1) L’idée d’un revenu universel - est-elle récente ?

Non L’idée, qui date du XVIIIe siècle, "L’idée d’une allocation universelle existe depuis plus de deux siècles. Que ce soit VOLTAIRE, dans L’homme aux quarante écus (1768), Thomas PAINE, dans Justice agraire (1797) ou John Stuart MILL, dans Principes d’économie politique (1848), plusieurs auteurs précurseurs ont avancé l’idée d’un revenu inconditionnel versé à tous les habitants d’un territoire. " Dans la même source , il est indiqué : "Yoland BRESSON, économiste et fondateur de l’Association pour l’Instauration d’un Revenu d’Existence, fut l’un des premiers à formuler cette idée en France dans les années 1980."

Source :Sénat. Jean DESESSARD sénateur Président du groupe écologiste. https://www.senat.fr/leg/ppr15-353.html

Cette dernière affirmation demande à être nuancé par le fait Yoland Bresson a certes élaboré une théorie économique du capital– temps en situation de post–salariat conduisant à la notion de revenu d’existence mais il n’est pas à proprement parler le fondateur de l’idée de revenus social universel déconnecté du temps de travail. https://fr.wikipedia.org/wiki/Yolan...

C’est Jacques Duboin en 1955 qui théorisa économiquement la notion de revenu social d’existence. Mais son idée est même encore antérieure. Il est le créateur du mouvement "La grande relève" fondé en 1935 porteurs de l’idée et du projet de l’économie distributive.

Nous avons d’ailleurs consacré un article à ce mouvement. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Voici un extrait d’un article concernant sur le site "Revenus de base" "Vers un revenu social pour tous ?" Jacques Duboin a posé les principes d’une économie rationnellement organisée. Le premier d’entre eux est celui d’un « revenu social assuré à tous de la naissance à la mort » ainsi qu’il le rappelle dans Les Yeux ouverts (Geheber, 1955) :

« L’homme possède le droit à la vie, car il le tient des lois de la nature. Il a donc droit à sa part dans les richesses du monde. Grâce à son travail, il pourrait se procurer cette part et ainsi gagner sa vie. Il le pourra désormais de moins en moins, car son travail est progressivement éliminé par un gigantesque appareil de production qui rend tous les jours le labeur humain un peu moins nécessaire. Cependant les progrès techniques qui se succèdent, en libérant de plus en plus l’homme de ses occupations matérielles, ne doivent pas le priver des biens créés sous prétexte que son travail n’a pas été nécessaire. En effet, si l’homme est dénué de moyen d’existence, son droit à la vie devient un leurre. Mais si l’homme a inventé la machine pour travailler à sa place, n’est-il pas juste qu’elle travaille pour lui ? (…) La fortune des hommes de notre temps réside dans l’efficience des techniques qui permettent de créer ces richesses. Nous avons donc tous le droit de profiter des découvertes de nos devanciers ; d’où ce deuxième principe : l’homme est l’héritier d’un immense patrimoine culturel qu’il trouve aujourd’hui en naissant, car l’équipement agricole et industriel n’est qu’une œuvre collective poursuivie pendant des siècles par une foule innombrable de chercheurs et de travailleurs, tacitement associés pour l’amélioration continuelle de la condition humaine. Cependant, si l’homme est l’héritier de ce prodigieux patrimoine, il n’est que l’usufruitier des richesses qu’il permet de créer. (…) Dans le monde moderne, la part d’usufruit ne se conçoit que sous la forme de pouvoir d’achat, donc de monnaie, puisqu’elle ne constitue plus qu’un titre de créance. Il faut que tout le monde possède de l’argent pour vivre, comme tout le monde a de l’air pour respirer ; d’où ce troisième principe : les droits politiques ne suffisent plus à assurer la liberté des hommes, car, pour vivre, il faut avoir de quoi vivre. Les droits du citoyen doivent se compléter des droits économiques du consommateur, concrétisés par un « revenu social » auquel il aura droit du berceau au tombeau. ».

En posant ce principe d’un revenu inconditionnel qui permettrait à chacun d’accéder à une vie digne et décente et rendrait la maison commune habitable à tous, il ouvre, le premier depuis Thomas Paine (1737-1809), un vaste débat d’une brûlante actualité. Ce revenu garanti indépendamment d’une activité salariante, dissocié du travail et consenti au nom d’un droit à la vie formellement reconnu est en (bonne) voie de passer enfin du statut d’utopie en débat et de revendication majeure à celui d’un projet officiel, prélude à une mutation sociale et à un nouveau cycle civilisationnel enfin apaisé.

Jacques Duboin s’éteint en 1976, presque centenaire, en pleine « société libérale avancée », alors frappée par le premier « choc pétrolier » – le moteur de la seconde révolution industrielle s’essouffle et l’économie quantitative se heurte aux épuisements terrestres annoncés…

Sa fille, Marie-Louise, reprend le flambeau et la direction de La Grande Relève. L’Association pour l’Économie Distributive continue par ailleurs d’assurer la diffusion de la pensée de Jacques Duboin. Depuis, la machine infernale s’accélère, dopée seulement, au fil des « trente honteuses » qui suivent, par une spéculation effrénée sur les fluctuations des prix et par une course non moins effrénée vers le futile et le superflu. La cupidité n’en finit pas de prospérer et la misère de s’étendre : si l’une et l’autre ne connaissent pas « la crise », l’abîme se rapproche pour tous."

Lire la suite en cliquant sur le lien http://www.revenudebase.info/2014/0...

Historiquement, on peut distinguer deux grandes origines de la notion de revenu universel de base Voici un extrait de l’article de Wikipédia sur le revenu de base. "Selon Liêm Hoang-Ngoc deux branches existent pour l’allocation universelle : une marxiste et une libérale2 ; la branche marxiste s’inspirerait de l’Introduction générale à la critique de l’économie politique, ouvrage dans lequel Karl Marx imagine le développement d’une société où l’humanité sera sortie du salariat et où les machines seules assureront la création de richesses, qui seront reversées sous la forme d’un « revenu socialisé universel »2. La branche libérale considère qu’il convient d’accorder une certaine somme d’argent aux citoyens, tantôt « filet de sécurité », tantôt « capital de départ », pour qu’ils puissent consommer et participer à la vie de la société. À chacun, ce faisant, d’organiser ses dépenses comme il l’entend."

(Source : Wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Reven... )

2) Le revenu universel de base est-il uniquement défendu par des personnalités de gauche ?

Comme l’indiquent plusieurs articles de presse, la réponse est non.

Par exemplele philosophe libérale Gaspard Koenig président du think tank Génération Libre, Nathalie Kosciusko-Morizet, Frédéric Lefebvre députés UMP puis LR, ancien membre du gouvernement Sarkozy– Fillon défendent l’idée d’un revenu universel Lefebvre estime même que ce revenu devrait se situer entre 800 et 1000 euros par mois sommes supérieure à celle proposée par Valls ou Hamon.

(Voir par exemple Le Monde 16/0 1/2017 Ici ) Revenu universel : débat utile, fausse bonne idée. http://www.lemonde.fr/idees/article...

Le magazine Regards montre aussi que cette idée n’est pas nouvelle et partagée par différents courants : Des propositions compatibles avec le système La propositionde Benoît n’est pas un marqueur de gauche qui serait incompatible avec le système

Source : regards http://www.regards.fr/web/article/p...

La mesure phare de Benoît Hamon sur le revenu universel a déjà suscité bien des commentaires. Si le premier volet consistant à étendre des droits sociaux revalorisés aux 18-25 ans et à mettre en place une allocation d’étude pour les étudiants ne fait guère de débat à gauche, la généralisation à l’ensemble du corps social n’est pas sans poser quelques difficultés.

Notons qu’une telle proposition n’est pas un marqueur entre gauche et droite, mais une différenciation qui traverse tous les camps. Ainsi des expérimentations ont été réalisés au Canada, aux Pays-Bas, et la Finlande a annoncé qu’elle testerait début 2017 un revenu de base universel versé chaque mois à chaque citoyen. En aucun cas, ces politiques ne sont une quelconque remise en cause des standards de la globalisation. L’approche de la Finlande sur le sujet de la dette grecque, parmi les plus dures du continent européen, devrait en convaincre aisément."

En fait, cette idée est reprise par de nombreux chercheurs et des courants de pensée très divers, des anarchistes aux écologistes en passant par les libertariens ou les ultralibéraux

Elle a repris de la force avec la création en 2013 du Mouvement français pour un revenu de base, dans le contexte d’une initiative citoyenne européenne, Selon le Mouvement français pour un revenu de base, ce revenu est « un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement ». Pour avoir une idée complète sur la diversité des personnalités et organisations défendant une certaine conception du revenu universel de base, il suffit de consulter l’article de

Wikipédia indique la liste des partisans du revenu de base https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste...

Annexe 3 : articles du site du PG Midi-Pyrénées

Le monde merveilleux du revenu universel (Michel Husson) http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Le revenu universel en débat, l’alternative et la baisse du temps de travail http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Articles de Debonrivage

L’inévitable raréfaction du travail humain : une fable émanant du fétichisme technologique http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Revenu universel : l’extrême gauche n’est pas naïve http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Revenu de base ou universel : des matériaux pour réfléchir. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

La fin du travail : effets de manche des clercs qui sont du côté du manche et un discours pas clair au service du Capital. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Le serpent de mer du revenu minimum inconditionnel http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Revenu d’existence de base made in PS : le monde merveilleux d’Astérix à l’ère du numérique http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Hervé Debonrivage


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message