A) Ecouter le chant sur You tube
B) Contexte historique
C) 27 août 1933 La chanson résonne devant les SS
D) Paroles chantées actuellement
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De 1930 à 1933, des centaines de milliers de SS et SA allemands sont payés par le grand capital international (particulièrement compagnies pétrolières anglo-saxonnes et banques) pour "casser" du syndicaliste et du militant anticapitaliste.
Dans le même temps, patronat, droite, nazisme, armée et Eglise catholique allemands nouent une alliance de plus en plus soudée.
11 octobre 1931 Front de Harzburg (nazis, droite, patrons, militaires...)
Allemagne 1931 1932 Patronat, armée et droite marchent au nazisme
28 février 1933 L’Allemagne devient un immense camp de concentration
9 mars 1933 Les bourreaux SA et SS nazis s’amusent du député social-démocrate Bernard Kuhnt
21 au 26 juin 1933 Semaine sanglante de Köpenick en Allemagne nazie
Les premiers camps de concentration sont créés dès l’installation du chancelier Hitler au pouvoir avec l’accord total de ses alliés : droite, patronat, Eglises chrétiennes.
Dachau : Premier camp de concentration nazi 20 mars 1933
Camps de concentration nazis avant 1939 (message reçu en forum sur notre site)
Le traitement des prisonniers est immédiatement ignoble avec une mortalité considérable. C’est la raison pour laquelle j’ai toujours considéré que les premiers camps pouvaient être caractérisés d’emblée comme des camps d’extermination.
Ce chant a été écrit en juillet-août 1933, dans un des premiers camps de concentration situés en Allemagne, celui de Börgermoor, près d’Osnabrück, par des prisonniers communistes. Cette prison mouroir était rattachée au camp principal de Papenburg, qui comptait 17 camps annexes, avec le statut de « Strafgefangenenlager ». Parmi les morts de Börgermoor, signalons le Prix Nobel de la Paix, Carl von Ossietzky, arrêté aussitôt après l’incendie du Reichstag.
Au lendemain d’une nuit de brimades et de sévices, un ouvrier mineur de Marienburg nommé Johann Esser, « homme d’un certain âge, calme et réfléchi », qui avait déjà publié des poèmes dans le journal l’Echo de la Ruhr, promis de réfléchir aux paroles d’un poème sur leur sort.
L’acteur et metteur en scène Wolfgang Langhoff contribua à la rédaction. Dans son ouvrage Wolfgang Langhoff : « Les soldats du Marais sous la schlague des nazis : 13 mois de captivité dans les camps de concentration », traduit par Armand Pierha, Plon, 1935), il décrit ainsi le camp de Börgermoor « Le tout est entouré d’une clôture de barbelés haute de trois à quatre mètres ; c’est une clôture multiple, c’est à dire qu’il y a quatre réseaux successifs de barbelés, avec, au milieu un chemin de ronde pour les gardes. Le camp n’est pas très grand : quatre cents mètres de périmètre environ. A l’extérieur de la clôture, près de l’entrée, se trouvent les baraques de la Kommandantur, les dortoirs et la cuisine des SS. C’est tout ! On ne voit rien d’autre. Aussi loin que porte la vue, c’est la lande. Mais pas une lande romantique. Elle est brune et noire, craquelée, coupée de fossés, une file de poteaux télégraphiques se perd à l’horizon. Sur une petite éminence, juste devant le camp, trois ou quatre chênes chauves ou rabougris. Devant la Kommandantur, un grand mât blanc avec le drapeau de la croix gammée. La garde du camp se compose de 80 SS ».
Ce poème avait alors pour nom « Börgermoorlied » (chant du camp de Bögermoor). La musique a été composée par Rudi Goguel, un employé de commerce, également prisonnier.
Nous savons par les Mémoires de ce Rudi Goguel que ce chant était déjà connu le 27 août 1933. A cette date, les prisonniers participaient au Zirkus Konzentrazani (Cirque des concentrationnaires) ; les chanteurs étaient issus pour la plupart de l’association ouvrière de chant de Solingen.
« Les seize chanteurs, pour la plupart membres de l’association ouvrière de chant de Solingen, défilaient bêche à l’épaule dans leurs uniformes de police verts (nos vêtements de prisonnier de cette époque-là). Je menais la marche, en survêtement bleu, avec un manche de bêche brisé en guise de baguette de chef d’orchestre. Nous chantions, et déjà à la deuxième strophe, presque tous les mille prisonniers commençaient à entonner en chœur le refrain. De strophe en strophe, le refrain revenait de plus belle... ».
Issu de la préhistoire de l’univers concentrationnaire, le Chant des Marais chemina de camp en camp pendant près de 12 ans jusqu’à la libération des camps nazis en 1945.
Un témoignage publié en 1938 (« Le Peuple allemand accuse : appel à la conscience du monde », préface de Romain Rolland, Editions du Carrefour), nous pouvons lire : « Les camps de Papenburg se trouvent dans des régions comprenant des dizaines de milliers d’hectares de landes et de plaines marécageuses. C’est dans ce marais que les prisonniers doivent travailler, souvent dans l’eau jusqu’à la ceinture, par tous les temps, en été comme en hiver ».
Quelques déportés de Börgermoor eurent la chance de survivre à l’internement. Libérés en 1936, à l’issue de la peine à laquelle ils avaient été condamnés, ils choisirent de s’exiler et firent connaître le chant en Angleterre. C’est là qu’en 1936, le compositeur Hanns Eisler, collaborateur musical de Bertolt Brecht, en fit une adaptation pour le chanteur Ernst Busch. Celui-ci rejoignit en 1937 les Brigades internationales en Espagne, de sorte que le Chant des déportés, chanté par les volontaires allemands des Brigades, acquit rapidement une grande notoriété. Radio Madrid le popularisa en Espagne.
D’autres rescapés de Börgermoor se réfugièrent en Tchécoslovaquie : le texte original y fut imprimé dès 1935 ; Radio Prague le diffusa. De Madrid à Paris, de Prague à Moscou, le Chant des Marais se propagea : pourtant, assez curieusement, il ne fut jamais diffusé ou même évoqué à la BBC.
En France, il fut transmis de bouche à oreille ; il commença à être connu avant que les premiers convois de déportation ne partent de France. Il entra au répertoire de chorales dès 1936 à côté d’autres chants antifascistes, ou d’airs plus traditionnels. Il fut chanté dans les camps du sud de la France, où nombre de républicains espagnols furent internés avant de connaître Mauthausen ; dans les prisons où Pétain jetait les « indésirables », étrangers réfugiés, communistes, syndicalistes, démocrates. Les déportés du convoi du 18 août 1944 un des derniers convois partis de Compiègne l’entonnèrent.
Source : http://www.fndirp.asso.fr/wp-conten...
Intitulé « Das Lied der Moorsoldaten » (Le chant des soldats du marais), il traduit la plainte des antifascistes et des juifs, premiers internés dans ces camps.
Par la suite des détenus d’autres nationalités l’adoptèrent ; c’est alors qu’il connut des variantes dans les paroles et des adaptations musicales.
Loin vers l’infini s’étendent
Loin dans l’infini s’étendent
De grands prés marécageux
De grands prés marécageux
*
Pas un seul oiseau ne chante
Pas un seul oiseau ne chante
Dans les arbres secs et creux.
Dans les arbres secs et creux.
*
Oh ! terre de détresse
Oh ! terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Où nous devons sans cesse
Piocher !
Piocher. Piocher.
*
Dans ce camp sinistre et sauvage,
Dans ce camp morne et sauvage
Entouré de murs de fer
Entouré de murs de fer
Il nous semble vivre en cage
Il nous semble vivre en cage
Au milieu d’un grand désert.
Au milieu d’un grand désert.
*
Oh ! terre de détresse
Oh ! terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Où nous devons sans cesse
Piocher !
Piocher. Piocher.
*
Bruits des pas et bruit des armes
Bruit de chaînes, bruit des armes
Sentinelles jour et nuit
Sentinelles jour et nuit
Et du sang, des cris, des larmes,
Et quitter peur, et larmes
La mort pour celui qui fuit.
La mort pour celui qui fuit.
*
Oh ! terre de détresse
Oh ! terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Où nous devons sans cesse
Piocher !
Piocher. Piocher.
*
Mais un jour de notre vie
Mais un jour dans notre vie
Le printemps refleurira
Le printemps refleurira
Liberté, liberté chérie,
Libre alors dans ma patrie
Je dirai : tu es à moi.
Je dirai tu es à moi.
Oh ! terre enfin libre,
Oh ! terre d’allégresse
Où nous pourrons revivre,
Où nous pourrons sans cesse (bis)
Aimer !
Aimer - Aimer.
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