Le bilan Obama : derrière une devanture séduisante, le même fond de commerce ultralibéral…

mardi 6 décembre 2016.
 

« Je changerai l’Amérique et je changerai le monde », déclarait Obama lors de sa campagne victorieuse en 2008. Huit ans plus tard, le premier président métisse de l’histoire des Etats-Unis, même si il jouit toujours d’une importante côte de popularité, n’a pas réalisé les promesses annoncées.

Après le cataclysme des années Bush (2000-2008), marquées par la guerre, l’occupation (Irak, Afghanistan), la torture (Guantanamo), le naufrage économique et la crise financière de 2008, l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche avait soulevé un immense espoir aux Etats-Unis et dans le monde entier. Jeune (47 ans), éloquent et convaincant, il promettait de remettre les banquiers voyous de Wall Street au pas, d’élargir l’accès à un système de santé innaccessible aux Américains les plus modestes, de renégocier l’accord sur le libre échange entre le Mexique, les Etats-Unis et le Canada (l’Alena), ou encore de « renouveler la diplomatie américaine ». Si sa côte de popularité actuelle, supérieure à 55%, témoigne de sa remarquable capacité à communiquer, son bilan n’en demeure pas moins particulièrement décevant.

L’emploi et l’économie

De 11000 milliards de dollars à la fin 2008, la dette de l’Etat fédéral, alourdie par un plan de sauvetage du système financier de plus de 800 milliards de dollars décidée par George W. Bush et avalisé par Barack Obama, a littéralement explosé en huit ans pour dépasser aujourd’hui les 20,000 milliards. En clair, celui qui promettait de mettre fin aux dérives de Wall Street n’a pas pu réformer une économie « casino » basée sur le financement de la dette par la Banque fédérale. Si le chômage à lui été divisé par deux, passant de plus de 9% à moins de 5% aujourd’hui, cette baisse spectaculaire s’explique en grande partie par des artifices comptables, notamment la radiation de nombreux chômeurs des statistiques officielles. « C’est peut-être (le) découragement (à trouver un emploi) qui explique la chute du chômage », osait le quotidien Les Echos le 18 octobre dernier... Signe de l’appauvrissement global de la population américaine, le nombre d’Américains (sans compter les familles) bénéficiant du programme des « bons alimentaires » (food stamps) frôle les 50 millions, un record sans précédent.

Assurance santé

C’est LA grande réforme de Barack Obama, inspirée de sa rivale Hillary Clinton, et que le républicain Donald Trump jure d’abroger. Imparfaite, « l’Obamacare » n’a pas rogné les très confortables marges des grandes compagnies d’assurances privées, et l’essentiel du coût a été pris en charge par le gouvernement fédéral. Mais la réforme a tout de même fait de l’accès à la santé un véritable droit, dans un pays où se soigner relève de la responsabilité individuelle. Selon les statistiques gouvernementales, 47 millions et demi de personnes (17,6% de la population) n’avaient pas d’assurance santé en 2013, contre 9% aujourd’hui.

Les traités de libre-échange

Pur produit de l’école de Chicago, la mecque des ultra-libéraux étatsuniens, Barack Obama n’en avait pas moins fait campagne sur la renégociation des traités de libre échange, comme l’Alena, et se faisait fort d’imposer que les autres accords contiennent des garanties sur les conditions de travail ou l’environnement. Sur ce dossier, ses électeurs de 2008 peuvent légitimement s’estimer trahis : l’actuel président s’est fait le VRP planétaire des traités transatlantiques et transpacifiques, sans respecter ses promesses de « garanties » sur l’emploi ou l’environnement. Le naufrage de ces traités fait pourtant aujourd’hui consensus aux Etats-Unis. Hillary Clinton comme Donald Trump ont fait de la dénonciation de ces accords de libre-échange un pilier de leurs campagnes respectives.

Les droits de l’homme

« Le prix Nobel de la paix ? Je ne sais toujours pourquoi je l’ai reçu », lâchait Barack Obama il y a quelques jours dans une émission humoristique. Grand spécialiste de la « communication » et de l’autodérision, le président étatsunien a peut-être été récompensé pour sa rupture dans la politique étrangère de l’Once Sam (lire ci-dessous), certainement pas pour son sombre bilan en matière de respect des droits humains. L’histoire retiendra que c’est sous sa présidence qu’a éclaté le scandale des écoutes planétaires de la NSA, ou encore que fut froidement exécuté par un tir de drone le premier citoyen américain (le djihadiste Anwar al-Awlaki, considéré comme l’un des idéologues d’Al Qaida), sans qu’il soit question de le juger. Barack Obama s’est également publiquement félicité de l’exécution extra-judiciaire d’Oussama Ben Laden, et s’est révélé incapable de fermer la prison illégale (au regard du droit international) de Guantanamo.

La diplomatie

Conformément à ses promesses, il a certes largement diminué la présence militaire des Etats-Unis en Irak ou en Afghanistan, mais en la redéployant en direction des continents africains et asiatiques. Il a également opéré des rapprochements historiques avec l’Iran et Cuba, tout en opérant une véritable rupture de forme avec les années Bush : Quand son prédécesseur méprisait ouvertement les Nations Unies, Barack Obama a réussi à rehausser de manière spectaculaire l’image des Etats-Unis à l’étranger, notamment en revenant à la table des négociations dans les grands accords conclus sur le Climat. En privant François Hollande de son délirant projet de bombarder la Syrie en 2014, il a peut-être empêché l’Otan et ses alliés de rentrer en confrontation avec la Russie et l’Iran. En revanche, c’est lui qui autorise l’intervention désastreuse de Libye en 2011, une guerre qui plongé l’ensemble de la zone sahélienne dans un chaos durable.

Source : (HD n° 533)


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