Une avalanche autoritaire, suprémaciste et réactionnaire, qui comblera Le Pen, Orbán, Poutine et Nétanyahou. Ou bien la continuation d’un empire néolibéral malade de ses inégalités, hanté par les bombes américaines sur Gaza. Voici le choix qui se présente aux électeurs états-uniens.
« C’est un fasciste. » Pressée par Anderson Cooper, présentateur star de CNN qui semble ne jamais vieillir, Kamala Harris finit par prononcer le vocable, devant un parterre d’électrices et d’électeurs indécis réunis par la chaîne à deux semaines du vote du 5 novembre : le mot « fasciste » se retrouve en une des médias. Spasme américain : et si, vraiment, nous en étions là ? La réponse est oui. Et nous ferions bien d’y prêter attention : par ricochet, nous ne sommes pas loin d’un nouveau vertige.
En 2016, l’élection surprise de Donald Trump avait consacré l’avènement des « faits alternatifs » : les mensonges et les théories du complot érigées en vérités. Depuis, nous aussi naviguons dans cet univers déréglé, où l’efficacité imparable du faux peut avoir plus de poids que la réalité.
Chez nous aussi, entrepreneurs politiques et propagandistes médiatiques s’ingénient à dresser leurs listes d’ennemis imaginaires, journalistes, magistrat·es, universitaires, syndicalistes, féministes, « islamo-gauchistes », « écoterroristes ».
Chez nous aussi, chaque crime commis par un migrant devient une affaire nationale. Comme aux États-Unis, où Trump cite les noms des jeunes filles assassinées par des gens qui ont passé la frontière. Sur C8, Cyril Hanouna s’est étendu sur ces étrangers venant se faire poser des anneaux gastriques en France grâce à l’aide médicale d’État (AME), ventriloquant les fake news de Trump sur ces clandestins qui s’offriraient des transitions de genre à l’œil aux États-Unis.
À toutes les extrêmes droites du monde, les nôtres y compris, Trump, l’homme sans surmoi ni limites, a fourni un langage, une grammaire. Une sorte de manuel de l’audace. À l’avant-garde de la fascisation du monde, il a enfoncé avec euphorie et méthode les barrières du dicible.
Dans quelques jours, cet homme peut redevenir président des États-Unis. En 2016, le faux milliardaire vu à la télé avait gagné par surprise face à la désastreuse Hillary Clinton, aimantant les médias, dénonçant le chaos de l’Amérique, tout en suscitant la joie de ses supporters « MAGA » (« Make America Great Again ») : une joie revancharde, nostalgique. Une joie politique quand même.
Huit ans plus tard, Trump est plus adulé que jamais par son noyau dur qui l’élève au rang de demi-dieu, survivant de deux tentatives d’assassinat. Surtout, il est désormais entouré par une armée de podcasteurs, de youtubeurs, d’influenceurs (souvent des hommes), de think tanks et de grands patrons.
Parmi eux, le plus visible, le plus riche, aussi influent que bouffon, s’appelle Elon Musk, patron du réseau social X, de Tesla et de Starlink, qui présente Trump en héraut d’une « liberté d’expression » menacée. Musk finance, dans un flou légal, de grandes opérations de mobilisation des électeurs et électrices, espérant marchander de méga-avantages financiers en échange de son soutien.
Quant à Jeff Bezos, patron milliardaire d’Amazon, dont les services web AWS sont utilisés à grande échelle par les services de l’immigration états-uniens (et combattus pour cela par les voix des sans-papiers), il a décidé que son journal, le Washington Post, ne soutiendrait aucun des deux candidat·es : c’est la première fois depuis quatre décennies.
« Lâcheté », a commenté Marty Baron, ancien rédacteur en chef du quotidien. « La démocratie meurt dans l’obscurité », proclame le slogan de ce journal célèbre pour avoir révélé le scandale du Watergate. Dans l’obscurité, ou bien en pleine lumière ?
À longueur de journée, la constellation trumpiste, dont un des meneurs les plus actifs est le catholique J. D. Vance, colistier de Trump, s’active pour laver les cerveaux, inventer des histoires de migrants qui, à Springfield (Ohio), mangeraient des chats et des chiens tout crus. Elle a concocté pour lui le Project 2025, un grand plan de concentration présidentielle des pouvoirs et de destruction de pans entiers du gouvernement.
Tous revendiquent leur infini désir de faire du fric sans entraves, de défoncer les sous-sols pour trouver du pétrole, en bazardant une planète dont ils se foutent.
Leur rêve : la grande vengeance réactionnaire, le retour des « vrais hommes », la fin du magistère de toutes ces « vieilles filles » démocrates (la formule est de J. D. Vance, dans l’émission sur Fox News du masculiniste poutinophile Tucker Carlson).
Ils applaudissent quand Trump promet la guerre aux « ennemis de l’intérieur », en utilisant, si nécessaire, « la garde nationale ou l’armée », lorsqu’il annonce qu’il va « déporter entre 15 et 20 millions » d’immigré·es en situation irrégulière en invoquant une loi qui date de 1798, ou les enfermer dans des camps.
Ils se gaussent lorsqu’il dit qu’il n’hésitera pas à fermer des médias et à emprisonner les journalistes qui publient des informations sensibles – Trump assure qu’ils seront beaucoup moins curieux après avoir été violés par leurs codétenus.
Tous revendiquent leur infini désir de faire du fric sans entraves, de défoncer les sous-sols pour trouver du pétrole, en bazardant une planète dont ils se foutent. Don’t Look Up (2021), ce film d’Adam McKay avec Leonardo Di Caprio, métaphore du déni climatique, commence peut-être pour de vrai. Et si, à la fin, la présidente Janie Orlean, incarnation du fascisme trumpien, est gobée par un dinosaure arc-en-ciel, ce n’est pas pour nous rassurer : la planète a déjà été détruite.
Trump fasciste ? En utilisant pour la première fois cette qualification, dans la dernière ligne droite de la campagne, Kamala Harris ne fait que propulser dans l’arène médiatique un mot que, hormis certains intellectuels et la gauche, les politiques et la plupart des médias états-uniens se sont interdit de prononcer depuis des années. Question d’efficacité : il s’agit de dramatiser et de simplifier l’enjeu du vote du 5 novembre.
« C’est lui ou moi » est en effet devenu le principal argument de campagne de la discrète vice-présidente de Joe Biden, propulsée candidate démocrate après la défection forcée du vieux président, persuadé d’être le seul à pouvoir battre Trump, mais dont les riches donateurs commençaient à douter.
Traduit dans des termes utilisés de ce côté de l’Atlantique, le choix qu’elle présente aux électrices et électeurs est clair : un front républicain contre le candidat du Parti républicain.
À l’approche du scrutin, elle martèle le message : c’est elle ou celui qui, alors président pour quelques jours encore, avait appelé ses partisans à envahir le Capitole le 6 janvier 2021 et refusera, cette fois encore, de reconnaître une éventuelle défaite ; elle ou l’orangé de Mar-A-Lago qui a promis qu’il serait un « dictateur le premier jour », veut « supprimer » des pans entiers de la sacro-sainte Constitution américaine, et a aboli, via une Cour suprême à sa main, le droit fédéral des femmes à avorter, créant depuis des drames odieux dans tout le pays.
C’est elle ou le premier président condamné au pénal de l’histoire américaine, cerné par les affaires judiciaires, qui traite les militaires de « perdants » et d’« d’imbéciles ». C’est sa décence à elle, son « bon sens » à elle, contre la vulgarité calculée de Trump, qui la qualifie de « vice-présidente de merde », « stupide » et « paresseuse » (un trope raciste pour parler d’une femme noire), vante en plein meeting la taille du sexe d’un golfeur décédé, s’est targué d’« attraper les femmes par la chatte ».
« Imaginez qu’il soit président le 20 janvier 2025, occupé à fomenter sa revanche et à dresser sa liste d’ennemis, a lancé Kamala Harris sur CNN. Moi, je ferai une liste des choses à faire. » Dictature, hubris et folie d’un côté, efficacité et pragmatisme de l’autre. Pas le choix : « C’est moi ou c’est lui. »
Pour convaincre, montrer sa capacité à rassembler plus qu’à diviser, Harris embarque des « centaines » de figures conservatrices ou d’anciens collaborateurs et collaboratrices de présidents républicains, qui jugent Trump instable et dangereux après l’avoir parfois encensé.
Parmi eux, le vice-président Mike Pence, un évangélique traditionnaliste, qui a cru mourir le jour de l’invasion du Capitole : il est aujourd’hui honni par Trump, qui ne lui pardonne pas de ne pas avoir truqué les votes au Congrès pour lui redonner la présidence en 2020 ; John Kelly, chef de cabinet sous la présidence Trump, c’est-à-dire son collaborateur le plus proche pendant un an et demi, qui a confirmé ces derniers jours la fascination de Trump pour Hitler et l’a qualifié de « fasciste » dans le New York Times, permettant à Harris de s’engouffrer dans la brèche ; ou encore l’affreux Dick Cheney, l’ancien vice-président néoconservateur de George W. Bush, qui a orchestré les guerres américaines en Irak et en Afghanistan après le 11-Septembre, et déployé les programmes de torture secrets de la CIA.
Première opposante à Trump au sein du Parti républicain, sa fille, Liz Cheney, qui a dirigé les travaux de la commission d’enquête du Congrès sur le 6-Janvier, fait campagne avec Harris dans les États clés du Nord (Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin), espère convaincre l’électorat conservateur des banlieues plus ou moins aisées de voter démocrate. Plutôt les électrices d’ailleurs : celles que la grossièreté de Trump dégoûte, qui veulent disposer de leur corps et refusent le retour aux fourneaux promis aux femmes par la droite états-unienne. Et ne diront pas forcément à leurs ami·es républicain·es qu’elles ont voté pour l’autre camp.
Le vote caché des républicains anti-Trump et des indépendants en faveur de Harris fera-t-il l’élection ? C’est l’espoir de la candidate démocrate. C’est aussi son grand problème. Car si le parti est uni derrière elle, si sa campagne lève des fonds impressionnants (plus d’un milliard de dollars depuis sa nomination à la convention démocrate cet été, bien plus que Trump), si Bruce Springsteen, Beyoncé et Taylor Swift vont voter pour elle, Harris a un problème électoral majeur : la solidité de sa base électorale.
C’est une chose de rappeler en quoi le projet de Trump est dangereux et fascisant, et qu’il faut croire ce que dit l’autocrate, surtout quand il a encouragé ses partisans à prendre d’assaut le Parlement. C’en est une autre d’en faire un argument central : si c’est elle ou le chaos, il faut aussi des raisons de voter pour elle.
Dans cette élection, Harris a plusieurs obstacles à affronter. Certains ne sont pas de son fait. Son entrée tardive en campagne a contraint l’ancienne sénatrice de Californie à se faire connaître en un temps record. Elle doit aussi faire avec les doutes sexistes et/ou racistes qui peuvent s’emparer de certain·es au moment de décider si elles et ils propulsent dans le Bureau ovale la première présidente de l’histoire des États-Unis : une femme née dans une famille jamaïco-indienne, que son adversaire affuble de surnoms racistes et accuse de « n’être pas vraiment noire ».
Pour déjouer le piège, Harris, au contraire d’Hillary Clinton qui en faisait l’axe central de sa campagne perdue de 2016, ne s’étend pas sur le fait qu’elle serait la première présidente. Elle ne mentionne pas qu’elle serait après Barack Obama la deuxième personne noire à la Maison-Blanche : il s’agit de ne pas s’aliéner certains électeurs blancs qui n’aimeraient pas trop qu’on le leur rappelle. Ce faisant, elle rompt aussi avec ce qui, à raison, a été longtemps reproché aux démocrates : aborder les questions de race et de genre seulement quand cela les arrangeait, quitte à les instrumentaliser, sans s’attaquer au racisme systémique ni aux inégalités sociales.
Kamala Harris a d’autres défis à surmonter. D’abord, sa propre façon de parler et de convaincre : ses mots alambiqués, ses phrases à rallonge, son discours techno, qu’elle tente de compenser avec son colistier, le gouverneur du Minnesota Tim Walz, un ancien professeur du public aux airs de papy gâteau, un Blanc censé rassurer les Blancs des sept États clés, bien vu par les progressistes au sein de la coalition démocrate.
Ce malaise qui surgit quand on l’écoute éclaire d’autres flottements, plus politiques. Que pense-t-elle vraiment ? Ancienne procureure de San Francisco, elle était jadis surnommée « la flic » pour ses positions sécuritaires. En 2019, alors candidate à la primaire démocrate contre le centriste Joe Biden et le socialiste Bernie Sanders, elle défendait une ligne centriste mâtinée de propositions destinées à séduire la gauche du parti, alors portée par des mouvements sociaux et des grèves puissantes : elle se disait favorable à une sécurité sociale pour toutes et tous, à la dépénalisation des passages de la frontière, soutenait le Green New Deal défendu par les activistes du climat et voulait interdire les forages pétroliers.
Bernie Sanders, sénateur socialiste du Vermont
Cinq ans plus tard, elle a changé d’avis. Elle promet des élargissements de la couverture santé, mais pas la protection sociale que défend la gauche du parti. Convaincue de ne pas être assez crédible sur l’immigration face à Trump, dans un contexte totalement droitisé, elle plaide pour une régularisation de millions de sans-papiers sans lesquels l’économie états-unienne ne peut pas fonctionner. Mais elle a aussi durci ses positions, au point de vouloir, comme Trump, l’extension du mur de séparation à la frontière, une proposition qui jadis indignait les démocrates. Les forages pétroliers ? Elle ne les interdira pas. Le climat ? Elle en parle à peine.
Surtout, même sortie du chapeau récemment, Kamala Harris est la vice-présidente sortante. Elle a un bilan : celui de Joe Biden dont, curieusement, elle ne renie rien – elle a été incapable de citer un seul « changement majeur » sous son éventuelle présidence. Or, pour beaucoup, le bilan de Biden, c’est d’abord une inflation galopante malgré de bons résultats macro-économiques, le sentiment que la désindustrialisation n’a pas été enrayée malgré de grands plans d’investissements récents, la stagnation des salaires, la progression des inégalités, déjà béantes.
Dans sa campagne, Kamala Harris parle beaucoup aux classes moyennes et aux petits entrepreneurs. Beaucoup moins aux classes populaires. Bernie Sanders, qui reste après deux candidatures présidentielles la figure de proue de la gauche américaine, s’en inquiète. « Les travailleurs veulent qu’elle soit plus agressive sur le fait qu’elle va les défendre, dit-il dans le New York Times. Si vous perdez les travailleurs, je ne sais pas comment vous gagnez une élection. »
Son magot de campagne, Harris en dépense d’ailleurs une partie à attaquer Jill Stein, la candidate écologiste de cette présidentielle, présente sur les bulletins de vote dans de nombreux États : depuis des années, celle-ci dépeint la relation des électeurs et électrices de gauche avec le Parti démocrate comme une relation toxique, où il leur est constamment enjoint de voter pour un parti qui les méprise.
Stein, dépeinte en alliée objective du trumpisme par le Parti démocrate, est en situation de grapiller çà et là les milliers de voix qui, dans les sept États clés (Pennsylvanie, Wisconsin, Michigan, Caroline du Nord, Géorgie, Arizona, Nevada) pourraient in fine manquer à la vice-présidente. Car, dans cette élection, sa candidature est une option pour les déçu·es et les révolté·es.
Comme beaucoup d’activistes de gauche qui, en 2020, avaient soutenu Joe Biden, mobilisant pour lui alors qu’il n’était pas leur tasse de thé, Stein est horrifiée par la pusillanimité et l’hypocrisie du tandem Biden-Harris depuis le 7-Octobre et les bombardements massifs d’Israël sur Gaza.
Des frappes effectuées en grande partie avec des bombes livrées par les États-Unis : les plus lourdes, les plus meurtrières, celles qui détruisent des quartiers entiers et ont emporté les vies de dizaines de milliers de civils dans l’enclave palestinienne. Depuis des mois, ce spectre plane sur la campagne présidentielle, et ses conséquences sont en permanence sous-estimées.
Harris est réticente à appeler à un cessez-le-feu clair et immédiat.
Ces livraisons continues, jamais remises en cause, ont parfois été effectuées en dehors de l’aval du Congrès, au nom de l’indéfectible soutien des États-Unis à Israël. Pour une partie de ces Américains et Américaines, souvent jeunes, violemment réprimés sur les campus des universités, qualifiés d’antisémites par les démocrates eux-mêmes quand ils tentaient de sensibiliser l’opinion publique à l’ampleur des massacres, Joe Biden est devenu « Genocide Joe » : le complice meurtrier d’Israël.
Pour elles et eux, la faillite morale de l’empire américain est totale. Il leur était impossible de voter pour lui, il leur est tout aussi impossible de voter pour sa vice-présidente, qui ne fait que radoter les mêmes éléments de langage : « Bien trop de Palestiniens ont été tués », il faut « cesser cette guerre ».
Harris est réticente à appeler à un cessez-le-feu clair et immédiat. Au nom du « droit d’Israël à se défendre », elle refuse d’évoquer l’arrêt des livraisons d’armes à Israël, réclamée par une partie du pays, bien au-delà des cercles de la gauche.
Souvent prophète en son pays (il avait prédit la victoire de Trump en 2016), le réalisateur Michael Moore considère que la grande hypocrisie des démocrates sur le Proche-Orient risque de lui coûter l’élection. Dans un entretien au média Zeteo, il vient d’enjoindre à Kamala Harris de se rendre très vite à Dearborn ou à Detroit, dans l’État clé du Michigan, où vivent de nombreux Arabes américains, et de se prononcer clairement pour la « fin de la guerre », un « cessez-le-feu » et une « aide humanitaire immédiate ».
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Trump-Harris : la guerre des mondes 10 octobre 2024 Harris ne le fera pas : elle a choisi une autre stratégie. Dans le sprint final, elle préfère cibler l’attrait, réel, de Trump pour les « dictateurs ». De fait, Poutine et Nétanyahou attendent avec délectation son éventuelle réélection : avec lui, ils auront carte blanche. En Ukraine, à Gaza, au Liban, contre l’Iran, et ailleurs.
À un pays fatigué par des décennies de guerre menées par l’empire américain, traumatisé par les guerres néoconservatrices d’Irak et d’Afghanistan, Trump promet qu’il n’y aura plus de guerres. Le message est purement performatif. Trump l’a dit, il laissera Nétanyahou faire ce qu’il veut, y compris avec des armes américaines.
Mais dans une campagne simpliste et binaire, le mal est fait : les va-t-en-guerre, ce sont les démocrates. Si Harris est élue, Trump a une nouvelle fois promis « la Troisième Guerre mondiale » à 20 000 de ses partisans réunis dimanche 27 octobre au Madison Square Garden de New York, un meeting truffé d’insultes racistes, où Harris a été qualifiée d’« Antéchrist », un crucifix à la main.
Nous avons six ans pour arrêter la crise climatique, nous ne pouvons pas nous permettre d’en gâcher quatre avec Trump.
Le mouvement écologiste Sunrise En 2020, de nombreuses organisations militantes de la gauche des mouvements sociaux avaient appelé à voter pour Joe Biden. Elles ont mobilisé avec force pour un candidat qu’elles n’appréciaient pas, contre le retour de Trump, fortes de la promesse que l’administration Biden les écouterait – promesse vite abandonnée.
Cette fois, que feront-ils, ces laissés-pour-compte de la campagne, cette « racaille de la gauche radicale », cette « vermine » directement ciblée par Trump, qui est aussi méprisée par nombre de caciques du Parti démocrate, bien contents quand même de les trouver au rendez-vous lorsqu’il faut frapper aux portes ?
Ces derniers jours, plusieurs, mais aussi des syndicats et de grandes organisations antiracistes, ont appelé à voter pour Kamala Harris face à la menace fasciste.
« Cette élection va décider de la température de notre planète pour des milliers d’années, alerte le mouvement écologiste Sunrise. Nous avons six ans pour arrêter la crise climatique, nous ne pouvons pas nous permettre d’en gâcher quatre avec Trump. »
« Je vote pour Harris pour dégager Trump », a dit Waleed Shahid, ancien stratège de la gauche démocrate révolté par la position de l’administration Biden/Harris sur Gaza.
« Je vais être honnête, poursuit-il. Biden et Harris ont placé sur nos communautés un lourd et douloureux fardeau. Comment voter pour ceux qui ont fourni les armes ayant causé certaines des pires atrocités de notre mémoire récente ? Parmi mes ami·es et ma famille, beaucoup ne voteront pas Harris parce qu’elle soutient la livraison d’armes à Israël. Je pense que cela peut lui coûter l’élection. »
« Et pourtant, dans cette élection, il ne s’agit pas d’Harris. Il s’agit de nous. » Son message est clair : le 5 novembre, il faut faire barrage, faire le castor, sauver l’essentiel. Plutôt combattre une Maison-Blanche Harris que Trump et sa constellation fascistoïde. Après, dit-il, il faudra essayer de poursuivre la bataille.
Mathieu Magnaudeix
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