Midterms 2022 aux États-Unis : le gros flop des candidats trumpistes

samedi 12 novembre 2022.
 

Aux États-Unis, le parti d’opposition remporte traditionnellement les élections de mi-mandat, mais cette année, la « vague rouge » sur laquelle comptaient les républicains a été bien moins robuste que prévu. Les résultats définitifs à la Chambre des représentants et au Sénat sont encore indéterminés, puisque le décompte des voix continue dans le Nevada et en Arizona, et que les électeurs de Géorgie voteront lors d’un deuxième scrutin en décembre. Mais dans une année marquée par une forte inflation, les démocrates pourraient malgré tout garder leur majorité au Sénat et ne perdre qu’une dizaine de sièges à la Chambre. À titre de comparaison, lors des midterms de 2018, les républicains en avaient perdu quarante.

Dans son propre camp, Donald Trump est déjà accusé d’être responsable de ces résultats médiocres.« C’est le moment où le parti républicain doit se demander s’il va continuer à nommer des candidats de mauvaise qualité pour apaiser Donald Trump a lancé Alyssa Farah Griffin, une ancienne de l’équipe de communications de l’ex-président, sur la chaîne CNN. Car il commence à se faire entendre et dire que cet homme est un perdant. » Le journaliste de droite Ben Shapiro s’en est aussi pris à l’ancien président sur Twitter. « Trump a choisi de mauvais candidats et n’a presque rien dépensé pour les soutenir », a-t-il écrit. Certains de ces « mauvais » candidats ont déjà perdu leurs élections au Sénat, et deux autres sont en difficulté. Ces résultats montrent qu’il y a une limite au degré de trumpisme que peuvent tolérer les électeurs américains, parfois rebutés par des candidats prêts à défier les normes démocratiques, et qui préfèrent les tirades sur les « gauchistes wokes marxistes », ou les scénarios conspirationnistes aux propositions concrètes pour améliorer le quotidien.Ron DeSantis, le futur ?

Dans le New Hampshire, le général à la retraite Donald Bolduc, qui s’est distingué par ses déclarations complotistes sur la fraude électorale et les vaccins, a perdu de neuf points face à son adversaire démocrate. Pour la Pennsylvanie, Donald Trump avait choisi Mehmet Öz, l’ancien présentateur du « Dr Öz Show », un médecin adepte des remèdes naturels à l’efficacité douteuse. Il venait tout juste de s’installer en Pennsylvanie, et a perdu par 47 % des voix contre 51 % face au démocrate John Fetterman. En Arizona, Blake Masters, un ancien de la Silicon Valley reconverti au trumpisme autoritaire, était en difficulté face au démocrate Mark Kelly, après 70 % des bulletins comptés. Dans l’État crucial de Géorgie, l’ancienne star du football américain Herschel Walker a enchaîné les scandales : mensonges sur des enfants biologiques qu’il n’a jamais reconnus, ex-compagnes qui ont révélé qu’il les avait encouragées à avorter et accusations de violence conjugale. De nombreux conservateurs ont rechigné à voter pour lui, et le démocrate Raphael Warnock menait d’un point mercredi 9 novembre au soir. Dans cet État, les électeurs ont pu voter pour trois candidats, un républicain, un démocrate et un libertarien (qui a fait 2 %), et devront revoter le 6 décembre pour départager les deux gagnants lors d’un deuxième scrutin qui pourrait décider si les démocrates maintiennent leur majorité au Sénat.

Pour Trump, le tableau était tout aussi sombre pour les élections aux postes de gouverneurs, où ses protégés, tous farouchement anti-avortement, ont perdu dans des États clé comme le Michigan, la Pennsylvanie, le Wisconsin, et potentiellement l’Arizona, où le décompte des votes est encore en cours. En Pennsylvanie, Doug Mastriano, qui était présent au Capitole pendant l’insurrection du 6 janvier, était tellement radical et instable que son opposant l’a facilement battu, avec 56 % des voix. À la Chambre des représentants, Trump avait soutenu cinq candidats dans des districts où les élections s’annonçaient serrées. Tous ont perdu, dont J.R. Majewski dans l’Ohio, qui a aussi participé à l’insurrection du 6 janvier. Anticipant qu’il serait tenu responsable en cas de défaite, Trump avait déclaré dans une interview télévisée juste avant les élections : « Je pense que s’ils gagnent, ce sera grâce à moi, et s’ils perdent, je ne dois pas être du tout tenu responsable. »Ce n’est pas la leçon qu’ont retenue les élus de droite et la presse conservatrice. J.D. Vance, un protégé de Trump qui a remporté les élections et sera sénateur de l’Ohio, a évité de mentionner Trump dans son discours de victoire. Un autre nom était en revanche sur toutes les lèvres : Ron DeSantis, le gouverneur de Floride réélu avec 59 % des voix dans un des rares États où les républicains ont créé la surprise. Principal concurrent de Trump pour les présidentielles de 2024, il joue sur le même anti-wokisme agressif, mais avec un style plus cérébral, plus discipliné. Le soir des élections, il faisait déjà la une du tabloïd conservateur New York Post, avec le titre « Le Futur ». Un coup dur pour Trump, qui s’apprête à annoncer sa candidature officielle le 14 novembre prochain, et qui ne voudrait surtout pas que Ron De Santis ne prenne la relève.

Claire Levenson -


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