Le groupe français Eutelsat censure totalement les médias interdits par le régime fasciste et intégriste turc d’Erdogan

vendredi 7 octobre 2016.
 

Le 28 septembre, l’opérateur public Türksat a mis fin à la diffusion de douze chaines pro-kurdes sur ordre du gouvernement AKP, sous prétexte de lutte contre le terrorisme.

Parmi les chaines interdites figurent notamment Azadi TV, Jiyan TV, Van TV, TV10 , Hayatin Sesi et Cem TV sur laquelle était intervenue notre Secrétaire Nationale Corinne Morel-Darleux commentant les exactions commises dans la ville de Sour par les forces spéciales d’Erdogan. Même la chaîne de télévision Zarok TV, pourtant destinée aux enfants, est censurée.

Baignant dans les eaux glacées du calcul égoïste, le groupe français Eutelsat a décidé de suivre le gouvernement AKP en demandant aux distributeurs de suspendre les diffusions de ces chaînes en France. Eutelsat devient ainsi complice de l’Etat turc et du gouvernement Erdogan dans sa mise au pas des libertés fondamentales alors que la Turquie s’enfonce dans la dictature. A sa décharge Eutelsat ne fait que suivre François Hollande dans son manque de courage par rapport à Erdogan.

Le Parti de Gauche dénonce cette violation de la liberté de l’information. Pourtant, la Turquie a signé la convention européenne des droits de l’Homme qui prévoit notamment dans son article 10 "La liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière".

Le gouvernement français doit immédiatement intervenir auprès de la Turquie et l’entreprise française Eutelsat pour garantir le respect de ces principes essentiels.

Le Parti de Gauche continue sans relâche à être solidaire des démocrates turques et du HDP (Parti démocratique des peuples) ciblés par le régime fasciste et intégriste d’Erdogan.

2) Turquie. Une chaîne de télévision réduite au silence en direct

Lorsque la police turque envahit les studios à Istanbul, les journalistes de la chaîne pro-kurde IMCTV se tiennent prêts à livrer leur dernier combat pour défendre, dans une tentative désespérée, la liberté de la presse. Mardi matin, dans la salle de rédaction de la chaîne IMCTV, sur le plateau ou en régie, les dizaines de journalistes crient : "On ne fera jamais taire la presse libre". Les images, retransmises en direct par la chaîne, sont peu banales : des techniciens missionnés par les autorités débranchent les câbles.

Quelques minutes plus tard, IMCTV, qui défend pêle-mêle les droits de la minorité kurde, le féminisme et l’écologie, cesse d’émettre. L’écran est noir. Fondée en 2011, IMCTV, qui diffusait en langue turque, s’était vu notifier la semaine dernière une décision de justice annonçant sa fermeture, décidée dans le cadre de l’état d’urgence instauré après le putsch manqué.

La décision de justice concerne 12 chaînes de télévision soupçonnées d’être liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et accusées d’avoir soutenu la tentative de putsch. La direction de la chaîne IMCTV rejette en bloc les accusations et dénonce "une atteinte majeure à la liberté de la presse" qui n’a "pas sa place dans une démocratie".

A l’arrivée des forces de l’ordre, son directeur général Eyup Burç les a interpellé : "Pourquoi vous cachez-vous le visage ?". "Nous sommes contre tous les coups d’Etat et nous sommes contre ceux qui organisent leur propre coup d’Etat en se servant d’une tentative passée", ajoute-t-il.

A la suite de la décision de justice, la chaîne a été supprimée du paquet satellitaire turc mais continuait à diffuser en ligne et sur le satellite européen Hotbird.

IMCTV est considérée comme l’une des chaînes kurdes les plus importantes en Turquie même si la chaîne de télévision publique TRT a lancé, après les réformes portées par le Parti de la justice et du développement (AKP, au pouvoir), son canal kurde, TRT Kurdi.

Depuis la semaine dernière, les journalistes et personnels de IMCTV s’attendaient à voir déferler la police à tout moment. "La police peut franchir cette porte à tout moment", avait témoigné la veille de l’opération policière, la journaliste et présentatrice Banu Guven.

Pour cette ancienne collaboratrice de la chaîne NTV, IMCTV "ne menace la sécurité de personne. Bien au contraire, c’est une chaîne qui défend le droit d’informer les citoyens". "S’il y a une seule erreur, c’est bien celle d’ordonner la fermeture de notre chaîne", a renchéri Dilek Gül, déplorant que "la fermeture de médias soit devenue une scène familière en Turquie".

Ce raid policier arrive alors que plusieurs associations se sont émues à maintes reprises d’une détérioration de la situation de la presse dans un pays qui figurait déjà à la 151e place sur 180 dans le classement annuel sur la liberté de la presse de Reporters sans frontières (RSF).

"C’est extrêmement grave pour la liberté d’expression et pour la liberté des médias en Turquie", s’est ému Erol Önderoglu, représentant en Turquie de RSF. Il a lui-même été emprisonné une dizaine de jours en juin pour "propagande d’une organisation terroriste", celle du PKK, après avoir assuré le rôle de chef d’édition du journal kurde Özgür Gündem.

Sur le volet politique, la fermeture d’IMCTV prive le parti prokurde HDP (Parti démocratique des Peuples), de l’un de ses principaux canaux de communication. Devant son groupe parlementaire, le leader du HDP Selahattin Demirtas a ironisé mardi sur le fait qu’"il n’y a plus aucune chaîne pour retransmettre ce discours", selon des propos rapportés par le parti sur son compte Twitter.

Au total, plus de 100 journalistes ont été arrêtés et plus de 100 médias jugés critiques à l’égard du pouvoir ont été fermés. Pour le directeur du syndicat des journalistes, Ugur Güç, le gouvernement prétexte de la tentative de coup d’Etat pour "faire taire toute l’opposition". Pour lui, "le coup d’Etat a échoué mais un contre-coup d’Etat est en marche".


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