NPA : Le retour d’une calomnie indigne contre Jean-Luc Mélenchon

samedi 8 octobre 2016.
 

Une petite polémique très politicienne s’était ouverte il y a quinze jours contre Jean-Luc Mélenchon. Je la croyais éteinte. Hélas, non. Il est des choses qu’il ne faut pas laisser passer, surtout dans ce contexte extrême de confusions. Sans quoi, l’action politique n’a plus de sens. J’y reviens car le NPA et Olivier Besancenot viennent d’y donner un nouvel écho (ils n’étaient pas les seuls à l’avoir ouverte), repris par la presse...

Prétextant d’une intervention de Jean-Luc Mélenchon d’une minute trente au Parlement européen dans lequel il dénonçait avec force les inacceptables effets antisociaux de la Directive européenne des travailleurs détachés qui dresse les salariés les uns contre les autres dans tous les pays de l’UE, et qui concerne uniquement pour le cas de la France au moins officiellement 286 000 personnes, le NPA utilise des méthodes pour le salir que je juge intolérables. Plutôt que d’utiliser leur énergie pour dénoncer cette scandaleuse Directive qui autorise à faire travailler des gens d’un autre pays en-dessous des règlementations sociales du pays dans lesquels ils viennent, le NPA calomnie celui qui refuse ce système infâme dressant les uns contre les autres.

DÉTACHEMENT DÉTACHÉ : MISE AU POINT DE JEAN-LUC MÉLENCHON

Sortant une phrase de son contexte, refusant d’entendre que Jean-Luc mettait des guillemets à sa formule choc, malgré la mise au point qu’il a fait ensuite, voilà le NPA qui nous traite aussitôt de « nationalistes », « chauvins ». Rien que ça. Et même à les lire Mélenchon serait « un personnage dont l’éthique est bien éloignée de la nôtre, des valeurs que nous défendons ». On aimerait en savoir davantage. Voilà des propos que l’on ne tient pas à la légère. Et bien la preuve de notre authentique visage chauvin serait dans le tweet que Jean-Luc a envoyé le soir de la finale du championnat d’Europe de football : «  Ce soir, c’est juste du foot. Rien à voir avec France-Allemagne  ». Il y aurait, tenez vous bien, dans ce message de la xénophobie. On se pince. Comme si les matchs France-Allemagne n’étaient pas chargés d’une haute valeur symbolique, extra-sportive, depuis notamment la célèbre demi-finale perdue de 1982, qui tenait plus de la tragédie grecque que du jeu de ballon, et surtout comme si ce tweet taquin n’était pas porteur d’une sorte d’humour bien inoffensif, où il est de bon ton de chambrer l’adversaire, dont les grandes compétitions sportives et populaires ont le secret. J’en profite aussi au passage pour préciser que j’ai toujours été agacé de voir quelques esprits forts du NPA ou autres gauchistes s’indigner que nous parlons parfois de "patrie républicaine" en nous accolant aussitôt le qualificatif de nationalistes (ce qui n’est pas la même chose que patriote), alors que les mêmes nous vantent Che Guevara qui n’hésitait pas à proclamer un tonitruant "Patria o muerte", qui les ferait s’évanouir s’il l’avait dit en français.

Sales méthodes

Ce procédé d’attaque sous la ceinture que je qualifie de dégueulasse, puise d’abord ses racines dans la plus pure tradition stalinienne de la sombre époque où il était d’usage de grappiller quelques bouts de phrases ici ou là, pour « démasquer le traitre » qu’il fallait flétrir. Les procès de Moscou des années 30 cèdent la place en 2016 à de petits procès en moches coups, mais la logique est la même, toute proportion gardée. Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose. Sitôt qu’une tête émerge il faut la couper. Rien de grand ne doit exister, surtout pas. Ainsi qu’importe l’engagement de toute une vie militante, qu’importe les milliers d’ouvrages, de déclarations, de billets de blogs, de discours, qu’importe son combat pour l’égalité des droits entre français et étrangers, son combat contre le racisme, son engagement internationaliste, qu’importe… la « vérité » du procureur qui fera l’acte d’accusation est dans les quelques misérables mots qu’il a ciselé avec soin pour bâtir sa plaidoirie et impressionner quelques gogos.

Je repense à la célèbre série X Files de ma jeunesse qui annonçait dans son générique « la vérité est ailleurs ». Pour le NPA, la vérité de Mélenchon et de la France insoumise est ailleurs aussi, nichée non pas dans ses actes nombreux, mais dans ces micros détails qui paraît-il en disent long, plus long que tout le reste réuni. Ironie, dans le seul article que j’ai trouvé sur le site du NPA qui dénonce la Directive des Travailleurs Détachés, datant de 2013, l’article est illustré d’une photo de manifestation au premier rang de laquelle, à quelques mètres d’Olivier Besancenot, on peut voir… Jean-Luc Mélenchon ! A la lecture du ton employé pour le dézinguer, est-il prévu de l’effacer demain de ses photos de luttes ? On pourrait s’interroger. Dans le passé, cela s’est vu.

Alors, je dis : Halte au feu ! Car, si les mots ont un sens, ce que font Besancenot et ses amis, c’est tout simplement nous décrire avec le même vocabulaire que l’extrême droite. D’où vient cette rage ? Ce sectarisme absurde ? Ce mépris de la rigueur intellectuelle ? Cet esprit de secte qui passe son temps à se délimiter vis à vis des autres ? Ce goût de la polémique outrancière, jusqu’à l’absurde ? C’est la maladie infantile du gauchisme : le sectarisme. Cette étroitesse d’esprit a pourtant pourri les organisations révolutionnaires des années 70 qui ont perdu leurs temps dans des polémiques entre elles totalement opaques. Ils recommencent, cette fois ci avec nous, même si nous ne sommes en rien rivaux dans nos projets. Mais le passé de l’extrême gauche est parfois utile à revisiter pour mieux la comprendre. On y retrouve des constantes. Un exemple parmi beaucoup d’autres. Mais je parle ici de ce j’ai connu. La LCR des années 70, dont le NPA est l’héritière, publiait des brochures ayant pour titre « Qu’est ce que l’AJS ? » ou « Qu’est ce que l’OCI ? » pendant que les autres rétorquait dans d’autres publications au titre tout aussi hermétique « A propos de brochure Qu’est ce que l’OCI ? ». Croyez moi, il fallait avoir bon appétit pour avaler ces potages bourratifs. Les attaques volaient bas. On se traitait "d’agent de la CIA" et "du KGB" de "nervis", d’utilisateur "de méthodes fascisantes" et autres qualificatifs... Ces pratiques ont fait fuir des milliers de jeunes gens lassés par ces lourdeurs littéraires, pleines de citations assommantes, qui ne séduisaient que quelques petits professeurs rouges. Avec sagesse, les masses s’en tenaient éloignées. Manifestement, certains n’ont rien appris de ces déboires. Anecdote à laquelle je ne peux résister, Henri Weber était l’auteur de ces textes ineptes. Il est devenu par la suite sénateur fabiusien et aujourd’hui défenseur du gouvernement Hollande. Il faut toujours se méfier des donneurs de leçons gourmands de polémiques dérisoires.

La présidentielle rend fou

Je plaide surtout pour que ces pratiques cessent. Serai-je entendu ? La présidentielle qui commence n’autorise pas tout. Le contexte évoqué dans ma première partie non plus. J’appelle chacun à l’esprit de responsabilité. Et le succès du début de notre campagne avec la France insoumise et notre beau rassemblement du 5 juin, ne permet pas que toutes les jalousies déclenchent des crachats. Car ce déballage de sottises blesse et fait mal. Il est toujours plus facile de briser que de construire et le NPA trouvera toujours des alliés pour nous taper dessus. A commencer par le PS. N’étant pas sorti de l’œuf, je devine la convergence d’intérêts de certains. Qui voit d’un bon oeil que l’on s’en prenne au seul candidat qui rivalise sérieusement avec François Hollande et qui a toutes les chances de le battre au premier tour ? La réponse est dans la question. Pour ma part, comme mes amis, nous ne nous sommes jamais permis d’attaquer de la sorte des camarades d’Olivier Besancenot même si souvent, beaucoup de leurs déclarations nous déplaisaient par leurs puérilités ou leurs inconséquences, et les désordres inutiles qu’elles provoquaient.

Un dernier mot. Dans l’hebdomadaire Marianne du 17 juin, le réalisateur britannique Ken Loach, soutien actif en France du NPA, expliquait les raisons du vote en faveur du Brexit avec des mots terribles : « La gauche ne peut pas se contenter à dire que l’immigration est une bonne chose pour l’économie. Elle ne se confronte pas au problème de l’immigration car elle a peur de passer pour raciste. Cela doit cesser ». Une telle déclaration en France pourrait être tenue presque mot pour mot par l’extrême droite. Ce serait bien sûr un contre sens complet. Pourtant, elle ne dénonce pas le cas précis des Travailleurs détachés mais l’immigration en général, sans détail, sans nuance, même quand le travailleur étranger est payé comme son camarade du pays d’accueil. Ce qui permet bien sûr au lecteur de ne pas assimiler Loach au FN, c’est l’ensemble de son engagement, de ses prises de positions, de son œuvre artistique. Bien sûr, le NPA et Besancenot n’ont pas dénoncé leur ami Ken Loach. Bien au contraire. Mais, c’est bien connu, le sectaire a des œillères qui réduisent son champ de vision.


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