La droite de droite et la France depuis 1793 : la tentation du pire

vendredi 8 janvier 2016.
 

Des noms, des dates, des faits si loin, si proches. Qui vous parlera du boulangisme de la IIIe République  ? De l’affaire Dreyfus, du nationalisme, de l’antisémitisme et de l’antiparlementarisme. En 1793, Henri de la Rochejaquelein, chef vendéen, représenté pistolet (à un coup) à la main, face à la bannière blanche, ornée des lettres dorées de «  Vive le roi  », tire sur ceux qui deviendront nos gardiens émérites d’un pays à construire.

Franz Kafka dira  : «  Quand on a accueilli le mal une première fois, il n’exige plus que l’on croie en lui.  » Haine ancestrale du juif, patriotisme exacerbé, de Stavisky (une aubaine) au 6 février 1934, où l’Assemblée nationale est une citadelle que la Ligue des patriotes souhaite prendre. Quelle mémoire aidante pourrait suffire  ? Un jour, Maurice Barrès porte un toast à la France, nous sommes en 1913, c’est le Péril juif, sa revue, qui rince les gosiers. La Libre Parole, l’Action française, le Colonialisme disent  : «  Il faut surveiller les métèques.  » Il y aura la nomination de Charles Maurras à l’Académie française (1939) sous la Coupole, où l’on fera le signe nazi pour saluer son arrivée, certes pas tout le monde. Dans les rues de Paris, on fête Jeanne d’Arc, festivité préférée des Camelots du roi. Je suis partout est lu par les patriotes. Les articles sont courts et s’alignent sur les slogans publicitaires. «  La droite t’ignore, le centre te méprise, la gauche te trahit, le communisme te berne  », peut-on lire sur un appel. «  Viens au Faisceau, travailleur  !  » Puis 1936, l’année des premiers congés payés, résonne, pour cette droite de droite, comme une guerre, la famine, la ruine. François de La Roque propose les Croix de feu. Deloncle la Cagoule met ses pas dans les pas des anciens  : travail, famille, patrie. Puis c’est le maréchal.

Des idées qui feraient du surplace  ? En 1942, on visite l’exposition «  Le bolchevisme contre l’Europe  », le mouvement franciste est né, le Parti populaire français se réunit au vélodrome d’Hiver avant de faire de ce lieu – rendez-vous des sportifs – un centre de tri vers la mort. «  Population abandonnée, faites confiance au soldat allemand  » s’affiche en 1943 sur les murs, un certain Léon Degrelle forme la Waffen-SS made in France. Darquier de Pellepoix expose ses projets, comme commissaire aux questions juives, les résultats se font sentir. Se fait remarquer Maurice Papon, qui sera préfet de Corse (1947), puis bien plus tard ministre du Budget, en 1980, sous le gouvernement Raymond Barre. Oui, les mémoires à géométrie variable sont courtes. Viendront Poujade (1956), puis l’OAS dans les années 1960, Ordre nouveau et Occident, mouvement antimarxiste et anticapitaliste (1970), le GUD et les skinheads (1990). Il ne manquait plus sur la photographie que Jean-Marie Le Pen à l’Assemblée nationale (1986). C’est la fête des «  Bleu-Blanc-Rouge  » face à «  Black-Blanc-Beur  ». On nettoiera «  au Kärcher, la bande de racailles  »  ! Ce sont les propos d’un président de la République, qui pense le vote FN non immoral. Puis «  on veut du boulot, pas du mariage homo  », scandaient les familles à la bannière bleu et rose. Ne cherchons pas l’erreur. Opposons-leur la liberté, l’égalité, la fraternité.

Par Gilbert Khemaïs, responsable communication à la ville de Gentilly (Val-de-Marne).


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