Au siège du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon tire les leçons des régionales

vendredi 18 décembre 2015.
 

Au siège du Parti de gauche à Paris, l’ambiance était tendue ce 13 décembre, au soir du second tour des régionales, malgré l’échec du Front national.

Reportage

“Triste soirée, mais enfin, on ne s’attendait pas à faire péter le champagne”, lâche une militante du Parti de gauche (PG) à l’entrée de son siège, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, ce 13 décembre au soir. Ils sont quelques dizaines à s’y être réunis, sans beaucoup d’entrain, pour la soirée électorale du second tour des élections régionales. Autour d’un verre de kir, en terrasse, certains pensent davantage au bilan de la COP21 – guère moins encourageant selon eux – qu’aux résultats du scrutin. A moins qu’ils ne retiennent leur souffle ?

Le soulagement le dispute à l’amertume, à 20 h, quand ils apprennent que le FN n’a finalement remporté aucune région. “La bonne nouvelle, c’est que quand les électeurs se remobilisent, ça ne profite pas à l’extrême droite”, commente un jeune militant devant l’écran d’ordinateur branché sur i-Télé, dans le hall du quartier général du PG. Mais le fond de l’air demeure bleu, et les résultats calamiteux du Front de gauche (FDG), qui n’avait remporté que 4,15 % des suffrages exprimés au premier tour, ne sont pas oubliés pour autant.

“La catastrophe a été évitée de justesse”

On se souvient des larmes et des sanglots laborieusement contenus par Jean-Luc Mélenchon, le 26 mai 2014, alors que le FN venait d’arriver en tête des élections européennes. Ce soir, alors que le parti lepéniste repart bredouille – de justesse –, le ton du député européen du Parti de gauche est encore tendu, mais les yeux moins rouges. Lors de son allocution, il décrit la “campagne électorale la plus étrange, la plus démoralisante et la plus glauque qu’on ait jamais vécue”, du fait de l’hégémonie acquise par les thèmes de l’extrême droite dans le débat public, même si “la catastrophe a été évitée de justesse”.

“Pour être à la hauteur des événements il nous faudrait comprendre que les menaces qui pèsent sur la démocratie ne peuvent être levées que si l’on répond à l’urgence sociale que constitue la présence de millions de chômeurs, de pauvres, de sans-abri dans un pays parmi les plus riches du monde. C’est un véritable front populaire qu’il faudrait être capable de faire naître”, a-t-il déclaré.

“Je voulais voter ‘Vive Jean-Pierre Masseret’”

Alors que le résultat des élections en Île-de-France sont encore inconnus, Michèle, militante au PG depuis 2011, partage l’amertume du leader du Parti de gauche : “Au début de la semaine, je voulais voter ‘Vive Jean-Pierre Masseret’, car le PS s’est comporté avec lui de manière très bureaucratique et stalinienne”. Finalement, elle a voté Bartolone, puisque celui-ci a accepté de “respecter l’opposition de gauche”, en ne contraignant pas les membres du Front de gauche à voter le budget.

“Il est possible que l’on obtienne quelques élus, ce qui est pragmatique : pour établir un rapport de force il faut avoir des élus qui ne soient pas des supplétifs”, justifie-t-elle.

Difficile d’être pragmatique cependant, quand le Front de gauche n’a plus d’unitaire que le nom, et que ses composantes ne cessent de se diviser. Jean-Luc Mélenchon l’a fait savoir lui-même dans une interview au Monde : il doute de l’avenir du FDG “dans sa forme actuelle”. “Je n’ai pas de recette pour la suite, mais le FDG ne marche plus, il est abîmé, ce n’est plus un point de repère pour le peuple de gauche, convient Michèle, un brin fataliste. Il faudra repartir de loin”.

Mathieu Dejean

le 13 décembre 2015 à 21h35


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