En cet automne 2015, Nicolas Hulot intervient avec force dans le champ médiatique pour insister sur l’urgence de solutions à la crise écologique, sur l’importance des mesures qui seront décidées lors de la COP21, enfin et plus inattendu sur la contradiction entre libéralisme et protection de l’environnement.
Il essaie ainsi, semble-t-il, de créer de bonnes conditions pour sa candidature aux élections présidentielles de 2017, en commençant par gagner l’investiture d’Europe Ecologie Les Verts.
Dans l’immédiat, notons seulement parmi ses interventions les plus fortes :
-> son appel qui a réussi un grand buzz sur le web
https://formulaires.fondation-nicol...
-> sa pétition, appel aux chefs d’Etat, qui a déjà réuni plus de 560000 signataires
http://www.transition-energetique.o...
-> son livre "Osons, plaidoyer d’un homme libre" ( éditeur : Les liens qui libèrent ; parution : 2015)
-> son interview dans le Journal du Dimanche dont nous retiendrons une réponse
On ne peut pas admettre que 70% de la production de richesse dans le monde ne profite qu’à 20 à 30% de la planète. Ce n’est même plus un problème moral. Tout simplement, ça ne passera pas. Imaginez : la moitié de l’humanité vit avec deux dollars par jour, ce que reçoit comme subvention une vache européenne. Il y a à l’échelle planétaire un apartheid qui ne dit pas son nom. Cela pouvait marcher tant que cela ne se voyait pas. Maintenant, avec les nouveaux moyens de communication, vous ajoutez à la misère un élément explosif qui est l’humiliation. La construction de l’Europe se doit de prendre cela en compte. Nous sommes condamnés à ce que les Etats interviennent. C’en est fini du libéralisme.
-> ses "12 propositions essentielles pour les décideurs politiques"
1. Réguler enfin la finance
2. Mettre l’économie au service des humains
3. Mettre fin aux abus des multinationales
4. Produire et consommer dans un cercle vertueux
5. Démazouter les investissements
6. Intégrer la pollution au prix de vente
7. Garder sa couleur bleue à la terre
8. Préserver les sols, supports de la vie
9. Nourrir sans détruire
10. Renforcer la justice sociale pour combattre le dérèglement climatique
11. Réinventer la démocratie
12. Donner une gouvernance mondiale à l’environnement
-> les nombreux articles suscités dans les journaux, comme celui paru dans L’Humanité, et reproduit ci-dessous
Dans un manifeste, l’envoyé spécial de la France pour la protection de la planète somme les politiques de mettre au pas un libéralisme climaticide.
Cette fois, c’est Nicolas Hulot qui parle : « Osons dire que la violence capitaliste a colonisé tous les cercles de pouvoir. » À quelques jours de la conférence mondiale sur le climat de Paris (COP21), l’envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète s’offre un lancement de campagne explosif. Mercredi, une vidéo faisait sauter les serveurs Internet de sa fondation, quelques heures à peine après sa mise en ligne. À l’origine du buzz : un appel lancé aux citoyens pour faire pression sur les politiques, doublé d’un manifeste adressé directement à ces derniers. Nicolas Hulot les somme d’intervenir fermement en faveur du climat. Et pas seulement dans le cadre des négociations : directement via leurs politiques nationales et internationales. Osons, plaidoyer d’un homme libre (1), ouvrage sorti mercredi, prend ainsi pour cibles celles qui favorisent la marchandisation des biens communs ou la toute-puissance de la finance. Et si son auteur, jouant la carte « grande cause nationale », tend à faire comme si les choix à opérer n’étaient ni de droite ni de gauche, son appel à la mobilisation rejoint ceux qui condamnent les mystifications du système libéral.
« Tant que le profit restera la finalité ultime, tant que l’Organisation mondiale du commerce restera l’organisation la plus influente du monde, on n’y arrivera pas », écrit-il en préambule. Il faut juguler la toute-puissance de la finance, mettre un terme aux paradis fiscaux, taxer les transactions financières. » Une telle mesure, appliquée à l’ensemble des pays du G20, permettrait non seulement de freiner la spéculation, mais aussi « de régler à elle seule la question du financement des 100 milliards de dollars par an promis par les pays du Nord aux pays du Sud », rappelle-t-il, sommant par ailleurs les entreprises d’assurer, « par l’impôt, leur contribution aux services publics et à la solidarité nationale ».
Nicolas Hulot énonce ainsi « 12 propositions essentielles » en direction des décideurs politiques, les mettant au défi de remettre au pas les banques ou de s’opposer aux accords de libre-échange – « défendre le traité commercial transatlantique (Tafta) qui va mettre à mal toutes nos barrières sociales et environnementales est une aberration », note-t-il. À un système économique se nourrissant des catastrophes écologiques – « une marée noire créera une augmentation du PIB puisqu’elle génère une activité économique (nettoyage, achat de matériel…) » –, il oppose « l’adoption volontariste d’indicateurs alternatifs, comme les indicateurs de développement humain ». Face au laisser-faire accordé aux marchés, il brandit la reconnaissance « de la finalité sociale et écologique de l’écologie » et la responsabilisation des multinationales en ce sens. Enfin, alors que les énergies fossiles sont responsables de 80 % des émissions de CO2 mondiales, Nicolas Hulot appelle à renoncer à leur exploitation et dénonce les financements publics et privés qui continuent d’y être engagés. « À moins d’être climato-sceptique, continuer à investir dans le développement des énergies fossiles (…) est un non-sens. » La France, qui accueillera la COP21 mais continue d’engager des fonds dans le charbon via, entre autres, les entreprises dont elle est actionnaire, n’est pas exemptée de la leçon.
Marie-Noëlle Bertrand
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