Lény Escudero (de son vrai nom Joaquim Escudero) vient de décéder à l’âge de 82 ans, ce 9 octobre 2015.
Il était né le 5 novembre 1932 à Espinal en Espagne (Aurizberri en basque) d’un père gitan républicain et d’une mère républicaine d’origine marrane. Quel pédigrée dangereux dans l’Espagne des salopards, racistes, fascistes, arriérés alignés derrière Franco et le haut clergé catholique !
En 1939, la famille se réfugie en France où Lény fréquente l’école communale avant de travailler dans le bâtiment (terrassier, carreleur...).
Dès le début des années 1960, nous avons été émus, emportés par sa voix chaude et chantante, par ses paroles bien dans l’air du temps qui faisaient rimer l’amour et la conviction. Son premier album (1962) comprend des chansons devenues rapidement célèbres, en particulier parmi les jeunes comme " La ballade à SYLVIE" et " Pour une amourette".
Sur scène, il n’a besoin ni d’une orchestration savante et tonitruante comme Johnny Hallyday ni de danseuses dénudées comme Claude François. Son texte, sa voix et sa guitare captent suffisamment l’attention du spectateur.
Son répertoire est surtout marqué par la dénonciation des injustices. De 1970 jusqu’aux années 1980 malgré les années yé-yé puis le disco il continue de représenter ce que l’on appelle la chanson française à thème et il écrit et interprète notamment des textes contre les dictatures , il dénonce les injustices , la misère, le sort des minorités ...mais également des chansons remplies de poésie ou il exprime sa personnalité , parle avec pudeur de ses amours , ses espoirs mais également ses déceptions ...
Auteur-compositeur-interprète, il écrit des textes traitant de sujets souvent graves, tels que la guerre d’Espagne (album Vivre pour des idées, 1973), les dictatures, la difficile intercompréhension dans le couple, la maltraitance des habitants de notre planète (album la Planète des fous, 1977), ou encore la fuite du temps.
D’une extrême discrétion, LENY répugne à être sur le devant de la scène et utiliser sa notoriété pour défendre une cause mais cela ne l’empêche pas, sans tapage médiatique, de soutenir les SDF , les opprimés et les travailleurs en lutte.
Adieu donc, Lény... et merci. Merci au chanteur, merci aussi au militant :
qui avait gardé ses cheveux longs des années 1960, tombant jusqu’aux épaules et son blouson noir,
qui se flattait d’avoir "fait parfois des concessions mais jamais de compromis".
qui avait refusé des galas lucratifs pour aller construire un hôpital au Dahomey ou une émission de télévision pour soutenir une grève des caméramen.
Chansons de la vie, de l’amour
La Simone https://www.youtube.com/watch?v=_Mb...
Pour une amourette https://www.youtube.com/watch?v=h4B...
Tu Te Reconnaîtras https://www.youtube.com/watch?v=3VS...
Ballade à Sylvie https://www.youtube.com/watch?v=hkE...
Si j’en ai vu https://www.youtube.com/watch?v=4Gu...
A Malypense https://www.youtube.com/watch?v=JVm...
Grand-Père https://www.youtube.com/watch?v=K8-...
A celle qui viendra https://www.youtube.com/watch?v=hib...
L’air que tu chantais https://www.youtube.com/watch?v=eRC...
Le silence https://www.youtube.com/watch?v=YQC...
Les amours débutantes https://www.youtube.com/watch?v=XVP...
Un amour est venu https://www.youtube.com/watch?v=MkV...
Nous n’aurons pas le temps https://www.youtube.com/watch?v=o9X...
Le siècle des réfugiés https://www.youtube.com/watch?v=UZl...
L’affiche rouge (chanson de Lény Escudero en video
LE SUSPECT (chanson de Leny Escudero sur le délit de faciès par la police)
Vivre pour des idées https://www.youtube.com/watch?v=1In...
L’an 3000 (Dis-moi, papa, comment c’était un arbre ?)
https://www.youtube.com/watch?v=SFv...
A la primavera (à la pasionaria) https://www.youtube.com/watch?v=0T4...
Bellaciao https://www.youtube.com/watch?v=X-F...
El paso del Ebro https://www.youtube.com/watch?v=Kmv...
Sacco et les autres https://www.youtube.com/watch?v=UWH...
La Simone "la bohémienne" (Leny Escudero et l’orchestre gitan)
Le poing et la rose (chanson de Lény Escudero, video)
Le vieux Jonathan https://www.youtube.com/watch?v=Azn...
Le cancre https://www.youtube.com/watch?v=u3x...
T’en souviens tu Sarah https://www.youtube.com/watch?v=UIi...
Les gens qui n’aiment pas les bêtes https://www.youtube.com/watch?v=MRv...
Ballade au fond d’une bouteille https://www.youtube.com/watch?v=tU4...
Le bohémien https://www.youtube.com/watch?v=MBs...
Pour bien comprendre ce texte, il faut savoir que les deux parents de Lény étaient analphabètes.
Il était à Teruel et à Guadalajara
Madrid aussi le vit
Au fond du Guadarrama
Qui a gagné, qui a perdu ?
Nul ne le sait, nul ne l’a su
Qui s’en souvient encore ?
Faudrait le demander aux morts
J’étais pas gros, je vous le dis
Les yeux encore ensommeillés
Mon père sur une chaise assis
Les pieds, les mains attachés
Et j’avais peur et j’avais froid
Un homme m’a dit : « Calme-toi ! »
Un homme qui était différent
Sans arme, mais il portait des gants
Une cravache qui lui donnait un air
Un peu de sang coulait
Sur la joue de mon père
Et j’avais peur et j’avais froid
L’homme m’a dit : « Écoute-moi
Je vais te poser une question
La vie de ton père en répond
Dis-moi quelle est la capitale
Voyons... de l’Australie Australe ? »
Je n’risquais pas de me tromper
On ne m’avait jamais parlé
Des grandes villes qui ont des noms si fiers
Une larme coulait sur la joue de mon père
Et j’avais peur et j’avais froid
J’ai dû pleurer aussi je crois
Mais l’homme a eu comme un sourire
Et puis je l’ai entendu dire
« C’est un brave homme, coupez ses liens !
Ton enfant tu l’éduques bien
Car tu as le sens du devoir
Chacun son dû et son savoir »
Ils sont partis au petit matin clair
J’ai couru me blottir
Dans les bras de mon père
Il m’a serré fort contre lui
« J’ai honte tu sais mon petit
Je me demandais, cette guerre
Pour quelle raison j’irais la faire ?
Mais maintenant je puis le dire :
Pour que tu saches lire et écrire »
J’aurais voulu le retenir
Alors mon père m’a dit : « Mourir
Pour des idées, ça n’est qu’un accident. »
Je sais lire et écrire
Et mon père est vivant
Il était à Teruel et à Guadalajara
Madrid aussi le vit
Au fond du Guadarrama
"Enfin, je vais être ce que tu as voulu
Voici le jour des jours, une autre humanité
Ils vont enfin savoir pourquoi ils sont venus
Et le prix de la vie et de l’éternité
Je vais marcher la tête haute, me tenir droit
Tu peux me regarder tu seras fier de moi
Je vais chanter ton nom tout au long du chemin
Pour leur apprendre à vivre, leur montrer le divin
Ils peuvent me frapper et me jeter des pierres
Ils peuvent rire de moi, de ma bouche tordue
C’est vrai que ça fait mal sur les reins la lanière
C’est vrai que ça fait mal qu’ils me crachent dessus
Mais surtout n’aie pas peur, aie confiance en moi
Je sais je vais tenir parce qu’il faut que je tienne
Et chasser le désordre pour que ton ordre vienne
Pour qu’ils sachent enfin qu’ils ont besoin de toi
Mais ça fait mal tu sais, ça tourne dans ma tête
Mais ils frappent trop fort, je n’en peux plus déjà
Et ils chantent, ils rient, ils se croient à la fête
Parce qu’ils ne savent pas, parce qu’ils ne savent pas
Je ne sais pas non plus et je ne comprends pas
Mais je ne renie rien, j’ai accepté le rôle
Mais je ne savais pas le prix de chaque pas
Ton dessein est trop grand, trop grand pour mes épaules
Arrêtons maintenant et dis-leur s’il te plait
Oui dis-leur qu’ils me laissent m’en retourner chez moi
Surtout ne m’en veux pas, j’ai essayé tu sais
Le chemin est trop long et trop lourde la croix
Oh, viens je t’en supplie, viens pour que tout s’arrête
Et dis-leur maintenant ce qu’ils doivent savoir
Dis-leur tout si tu veux, mais maintenant arrête !
Je vais pleurer, je vais crier, j’ai peur du noir
Mais dis-leur maintenant, dis-leur que tu es Dieu
Dis-leur que tu es bon, généreux et puissant
Garde pitié de moi et regarde mes yeux
Deux trous d’éternité et de larmes de sang
Mais tu n’écoutes rien du haut de ton empire
Mais je suis à leurs pieds et je vais te maudire
Arrête maintenant ! Arrête, je n’en peux plus !
Je vais te faire honte et me pisser dessus
Non ça n’est pas Judas qui m’a trahi le plus
Même trente deniers, la pauvreté est garce
Judas criait famine, Judas marchait pieds nus
Mais toi, dis, toi, c’est pour la sainte farce !
Je voudrais maintenant, je voudrais qu’une femme
Me fasse enfin crier, tout comme au premier jour
Et tant pis pour l’enfer et tant pis pour mon âme
Mais avant de mourir, mourir aussi d’amour
Tu m’as fait fils de Dieu, sur l’épaule une croix
Et moi, je voulais vivre et avoir des enfants
Et vieillir près d’une femme qui me dirait parfois
« Tu t’en souviens dis, tu t’en souviens d’avant ? »
Enfin tu as gagné, enfin je me résigne
Je vais dire les mots, tous les mots que tu veux
Je vais jouer le jeu, je vais faire le signe
Pour que le feu enfin me délivre du feu
Je vais parler d’espoir et de miséricorde
Dire qu’il n’y a que toi quand on parle d’amour
Oui, mais je t’en supplie qu’ils tirent sur la corde
Et qu’ils frappent plus fort et qu’ils frappent plus lourd
Je sais que c’est la fin, que tu ne viendras pas
Moi je suis jeune encore et je suis vieux déjà
La parole donnée, c’est vrai j’ai cru en toi
Mais tu veux qu’on te craigne et tu ne m’aimes pas
Regarde-moi mon père, j’ai rempli mon office
Je t’ai suivi en tout, jusqu’au dernier supplice
Mais je crie maintenant, mais je crie maintenant
Sois maudit, sois maudit jusqu’à la fin des temps !
Oh non, je te le jure, je n’ai pas dit cela
Oh non, je t’aime, je t’aime et je n’aime que toi
Mais j’ai si peur, mais j’ai si peur et j’ai si froid !"
Ainsi parlait Jésus sur son chemin de croix.
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