Contribution de « Ensemble ! » à l’attention du Front de gauche

samedi 27 juin 2015.
 

Nous sommes, comme beaucoup, inquiets des évolutions de la situation politique. Pour autant, dans un moment difficile, les responsabilités du Front de Gauche en tant que force de proposition pour dégager des perspectives restent décisives. Cette contribution vise à faire le point sur ce qui nous semble des convergences permettant d’agir ensemble avec une plus grande efficacité.

Tous les développements de la situation politique renforcent deux idées essentielles :

- Le choix de créer le Front de gauche et la nécessité de développer.

- La volonté de créer un nouvel espace, une nouvelle coalition, entre le Front de gauche et les gauches écologistes et socialistes qui recherchent une alternative à la politique du gouvernement.

Si ces deux objectifs sont différents, il n’en reste pas moins que leur mise en œuvre - peu collective - par le Front de Gauche souffre sans doute d’une absence de volonté politique et d’un manque d’engagement qui nous interroge. Il est donc nécessaire de faire le point sur ce qui devrait être partagé entre nous.

- Le gouvernement et F. Hollande sont engagés dans une politique de fuite en avant vers un libéralisme sans limite et une satisfaction des exigences du Medef et des marchés financiers. Il y a des résistances sociales, et des décantations politiques à gauche, mais à un niveau nettement inférieur à ce qui serait nécessaire pour commencer à changer les rapports de force. La droite profite de cette situation, malgré ses divisions, et cela permet au FN de poursuivre son enracinement. La nécessité de réunir une coalition des gauches alternative à l’austérité gouvernementale devrait être renforcée par ces évolutions.

- La brutalité du gouvernement Valls provoque de profondes divisions au sein même de l’ex-majorité présidentielle et du PS. Avec le 49-3 sur la loi Macron et son acharnement à satisfaire encore plus les demandes patronales, Hollande et Valls ont douché les derniers espoirs de réorientation de sa politique. Les écologistes d’EELV ont quitté le gouvernement et pris leur distance, affirmant une ligne d’ »autonomie », bien que leurs élus nationaux soient divisés sur le maintien ou non de ce choix. Les courants de la gauche du PS, s’ils n’ont pas reçu, avec 30 % des voix du PS, le score qu’ils espéraient, sont contraints d’approfondir leur réflexion et actions pour aller vers plus d’initiatives pour un nouveau rassemblement de forces à gauche. Conscients que la majorité du PS mène la gauche et le PS vers un échec fracassant, ils en appellent, avec des degrés divers de prise de distance vis-à-vis de leur parti, à construire des « ponts » avec les mouvements sociaux et citoyens, avec les autres forces de la gauche. Sont ainsi évoqués des rassemblements de type Podemos ou Syriza « à la française », la proposition d’un « mouvement commun », des tribunes partagées, se multiplient entre Front de gauche, EELV, Nouvelle Donne, socialistes critiques…

- Il y a donc désormais possibilité concrète d’agir pour avancer vers ce que chacune des composantes du Front de gauche affirment vouloir réaliser : travailler aux actions communes et à l’élaboration du contenu politique, de ce que serait le programme d’une coalition qui défendrait la nécessité d’une majorité et d’un gouvernement de résistance à l’austérité.

Ce travail sur les contenus est présent dans l’objectif des Chantiers d’espoir, avec le nécessaire accord entre forces politiques concernées, doit prendre la forme d’une démarche citoyenne et militante, rassemblant des personnalités, des citoyen-ne-s engagé-e-s dans les associations et les syndicats, dans les collectifs de lutte et de résistance. « L’Humain d’abord » garde certes sa pertinence, mais il est nécessaire de réactualiser et prendre en compte les évolutions politiques depuis 3 ans, et surtout de co-élaborer, avec des collectifs militants, avec les autres forces politiques concernées, un nouveau travail de mise en commun pour une nouvelle coalition. Des contributions naissent, venant de secteurs des mouvements sociaux, de certaines forces politiques (Nouvelle Donne, proposition de « Maintenant la Gauche », travail de réflexion sur la mise à jour des propositions au PCF, au PG, à Ensemble !, (cf. notre doc sur les propositions pour une alternative ci-joint). Ce débat peut s’engager dès maintenant, publiquement, en suscitant des rencontres pour avancer.

- Il nous semble aussi qu’il y a accord pour proposer des actions communes entre les forces du Front de gauche et celles de la gauche critique, à bien des occasions (contre la loi Macron, contre la répression des migrants, contre le budget à l’automne), mais sans doute faut-il insister sur une action à développer en particulier : le soutien aux Grecs et au gouvernement Syriza dans le bras de fer avec la Troïka, qui sera décisive pour l’Europe, et pour la possibilité de développements des politiques de résistance à l’austérité. Ce qui implique une campagne active en direction de F. Hollande et de M. Valls qui font pression sur Syriza pour renoncer à la politique pour laquelle elle a été élue. Puisque beaucoup à gauche, et parmi les socialistes « frondeurs » ou critiques, se réclament de la nécessité d’un Podemos ou Syriza, commençons ensemble à défendre le respect des choix politiques grecs et la remise à plat de la dette grecque.

- Une nouvelle alliance populaire des forces de gauche et écologiste opposées à la politique du gouvernement est possible et nous devons agir pour qu’elle commence à se concrétiser lors des prochaines élections régionales, associant les forces politiques et tous ceux et celles qui ne sont pas membres d’organisation. Dans ces conditions, les forces politiques qui s’opposent à la politique d’austérité du gouvernement (Front de Gauche, Europe Écologie Les Verts, Nouvelle Donne, socialistes dissidents, NPA unitaires…) ont la responsabilité de choisir la voie de l’union entre eux, et pas les uns contre les autres, et de proposer ensemble aux citoyen-ne-s de construire avec eux/elles une alternative de gauche, sociale, écologique et démocratique opposée à la politique du gouvernement. C’est possible de rechercher un accord national, c’est aussi possible d’y parvenir dans une majorité de régions. EELV a fait le choix de l’autonomie vis-à-vis du PS, mais la question d’une alliance avec d’autres à gauche reste en discussion. Des possibilités de discussion avec de socialistes unitaires doivent être recherchées. Le travail sur les contenus anti-austérité et non-productivistes devraient aller vite pour que dès la rentrée, nous puissions susciter des dynamiques de rassemblements citoyens, en respectant toutes les forces politiques concernées, ainsi que les mouvements associatifs et sociaux avec qui nous voulons construire une coalition, en nous appuyant également sur la probable forte mobilisation liée aux enjeux de la COP21.

- Il est important que se réalise une première convergence aux élections régionales pour ouvrir une nouvelle voie aux élections de 2017.

L’aboutissement du travail de rassemblement engagé devra déboucher en 2017 sur des candidatures communes aux législatives et d’une seule candidature à la présidentielle, celles d’une coalition pour une majorité alternative de gauche et écologiste, indépendante de la politique du Parti Socialiste, pour s’opposer au retour de la droite et repousser le FN. Pour y parvenir il faudra qu’auparavant aient été posées les bases d’un rassemblement politique porteur d’une alternative à l’austérité, et dont l’horizon ne peut se réduire à l’échéance présidentielle qui, sous la Vème République, réduit la vie politique à une compétition personnelle et dévalorise les autres échéances électorales. 2017, ce seront des législatives, où il faut se donner l’objectif des candidatures communes en s’appuyant sur les expériences de Syriza et de Podemos cherchant à gagner une majorité anti-austérité. C’est à la fin du 2e semestre 2015, après les régionales, qu’il faudra tirer un premier bilan d’étape de l’engagement de ce processus et des initiatives à proposer pour concrétiser cette perspective.

Il nous semble que les débats passés au Front de gauche ont été surmontés. Il nous apparaît que sur les grandes questions d’orientations résumées ci-dessus, nous sommes en accord. Dès lors, la remise en route du Front de gauche nous semble question de volonté politique plus que de technique d’organisation ;

Le Front de gauche doit ouvrir une nouvelle étape et redonner confiance.

La question de la participation citoyenne – que ce soit à travers la question des adhésions directes ou selon d’autres modalités – doit être prise à bras le corps, pour favoriser dans les quartiers et les entreprises le rassemblement des énergies militantes. Cela implique de renforcer son unité et la construction d’une démarche commune entre ses composantes, une volonté partagée de travailler à une refondation de la gauche, combinée à l’indispensable indépendance vis-à-vis de la politique de la majorité du Parti Socialiste au gouvernement.

Faire vivre les différents espaces du Front de Gauche, les assemblées citoyennes, les Fronts thématiques, les assemblées générales nationales, développer les liens avec le mouvement social, le monde intellectuel et culturel, c’est ainsi que l’on favorisera la possibilité qu’une véritable dynamique populaire prenne corps.

S’il ne peut aujourd’hui, à lui seul, constituer une alternative politique, le Front de Gauche constitue une force d’initiative essentielle pour contribuer à construire la cohérence politique d’une alternative nouvelle. Si une telle coalition politique nouvelle et plus large commence à prendre corps, si l’espoir renaît qu’une autre gauche peut offrir une autre issue que les renoncements au libéralisme, alors le Front de Gauche pourra reprendre sa marche en avant et enclencher une dynamique populaire.

Nous avons besoin de reprendre l’initiative ensemble.

Nous pourrions commencer par plusieurs initiatives :

• Réunir en région parisienne, et dans d’autres régions, les forces qui peuvent contribuer à former une alliance aux régionales. Il avait été évoqué une telle réunion publique à la Bellevilloise à Paris, mettons le en œuvre dès que possible, pour donner un point de repère sur notre volonté, une fois que les composantes auront en juin déterminé leurs choix.

• Poursuivre des débats comme ceux qui ont commencé avec les Chantiers de l’espoir, ou menés par nos composantes chacune de leur côté, avec écologistes et socialistes critiques, pour faire avancer les échanges et le rassemblement sur les contenus.

• Mettre sur pieds sérieusement, en septembre, une assemblée nationale du Front de gauche, ou chacun s’implique véritablement, en prenant une série de décisions qui marquent une relance et donne espoir aux collectifs et militants du Front de gauche qui s’inquiètent, et à ceux qui attendent de nous que nous soyons capables d’impulser l’alternative face aux orientations catastrophiques de la majorité actuelle.

Le 21 juin 2015, l’Equipe d’Animation Nationale d’ « Ensemble ! »


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