La loi Macron sert de laboratoire autoritaire pour une... mise aux normes libérales de la société française.

samedi 13 juin 2015.
 

« Que quelqu’un force le Parlement ! » avait rêvé le ministre allemand des finances Wolfgang Schaüble en avril pour imposer les « réformes » en France. Déjà inauguré par le gouvernement Valls avec un premier usage du 49-3, ce viol de la démocratie trouve désormais des adeptes au sein même du Parlement. Pour le député PS Richard Ferrand, rapporteur de la loi Macron à l’Assemblée nationale, « les charmes de la démocratie ont été largement mis à contribution. » Censé défendre les prérogatives du Parlement, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone affirme même désormais qu’il « préfère le 49-3 à un débat qui s’éternise ». Il abdique ainsi en quelque sorte son rôle constitutionnel. Ces aveux montrent que pour le PS la démocratie n’est plus qu’un décor. L’habillage d’un pouvoir que les représentants du peuple ont renoncé à exercer.

Qui écrit donc désormais la loi ? Déjà au Sénat, on avait vu le PS laisser la droite durcir le texte en inaugurant une « grande coalition Macron » à l’allemande. Pour la seconde lecture, c’est plus que jamais le Medef qui tient la plume des amendements préparés par le gouvernement. Avec notamment l’objectif de limiter l’indemnisation des licenciements abusifs devant les prudhommes. En plafonnant les indemnités, il s’agit pour le patronat de pouvoir licencier n’importe quel salarié n’importe comment. C’est ainsi la protection la plus élémentaire du salarié qui disparaitrait, en refaisant du travail une marchandise comme une autre.

La loi Macron sert ainsi de laboratoire autoritaire pour une nouvelle étape de mise aux normes libérales de la société française. Une société déjà meurtrie par le chômage de masse qui progresse au rythme hallucinant de 500 nouvelles victimes par jour. Face à un gouvernement qui brutalise ainsi les travailleurs et un Parlement qui abdique, que reste-t-il aux citoyens ? En essayant d’exprimer les aspirations d’une société elle aussi meurtrie, les constituants de 1793 avaient affirmé que « quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » En proposant notamment la rédaction de cahiers de doléances dans tout le pays, c’est cette exigence d’insurrection civique que les représentants de la première assemblée représentative du Mouvement 6e République, réunis à Paris le 6 juin, ont remis à l’ordre du jour.


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