« Que ton aliment soit ton seul médicament » disait Hippocrate. Encore faut-il que l’aliment soit sain, et qu’il ne soit pas pollué par des pesticides, insecticides, fongicides, qui finissent par provoquer un homicide.
Chaque jour, plus de 6 millions d’élèves mangent à la cantine. Moment de pause au cours de la dure journée d’école, le temps du midi est surtout le temps de récupération nécessaire, tant mentalement que physiquement, par la prise d’un bon repas. Mais les repas sont-ils si bons que cela ? Les légendes urbaines qui relatent les aventures des courgettes sans goût, de la viande trop dure, du poisson malodorant sont souvent bien réelles. Il pèse une lourde responsabilité sur les élus qui ont la charge de fournir des repas au public scolaire. Et si dans certains endroits, ceux-ci se targuent de proposer un repas bio par semaine ou par mois, notre ambition est bien plus grande. Du 100% bio à tous les repas ! C’est ce qu’a mis en place Tony Bernard, maire (PG) de Châteldon (Puy-de-Dôme) depuis quatre ans.
Quand on le veut, il est facile de mettre en place des filières courtes pour s’approvisionner localement en produits issus de l’agriculture biologique. A l’échelle locale, départementale, ou le cas échéant, régionale, on peut trouver le maraîcher bio du coin ou l’épicerie membre d’un réseau coopératif (comme « Biocoop ») avec qui travailler. Mais une démarche qui doit également être participative. Tony Bernard nous raconte : « Une commission "alimentation" a été mise en place avec des élus municipaux, le personnel intervenant à la cantine, et des parents d’élèves volontaires. Son rôle est d’arrêter le choix des menus, dont des menus à thème, de proposer des animations autour de l’alimentation aux enfants, mais aussi aux parents. La commune s’est appuyée sur l’expérience d’une association d’éducation populaire très impliquée dans le domaine de la nutrition. Des formations ont été organisées pour le personnel avec cette association, avec le CNFPT, des films ont été projetés ("Nos enfants nous accuseront"), des soirées sur le thème de l’alimentation proposées aux parents. »
C’est donc possible ! Il est possible de manger équilibré sans consommer de la viande à tous les repas. Les protéines végétales peuvent venir en complément des protéines animales. Le bio n’est pas une « mode » mais bien la volonté de retrouver une alimentation saine. « Parce que la chaîne alimentaire est un tout, pour Tony Bernard, et que nous sommes tous responsables de l’avenir de l’écosystème qui rend possible une vie humaine de qualité, les enfants ont été initiés aux joies du compostage des déchets fermentescibles : un composteur a été installé à l’école pour accueillir les déchets de la cantine. Un terrain a également été mis à la disposition des enfants pour cultiver un potager. »
Tony Bernard en est persuadé, « des enfants qui apprennent à manger des produits sains seront en meilleure santé, ce qui aura des effets positifs sur les dépenses de santé, mais aussi sur leur réussite scolaire. » Par ailleurs, l’impact économique est également important. « Consommer des produits issus de filières courtes et de l’agriculture biologique est incontestablement bénéfique pour l’économie locale, pour la structuration d’une agriculture respectueuse de l’écosystème et de la santé des paysans, tout en leur permettant de vivre dignement de leur travail. »
Avec les cantines bio en gestion publique, les enfants préfèrent manger à la cantine. À Châteldon, cette légende est devenue réalité.
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