Les clés de la victoire du Front de Gauche : la dynamique PAFO

jeudi 20 mai 2021.
 

La longue marche vers la victoire. Épisode 4 (fin)

Ce quatrième et dernier épisode de la série : La longue marche vers la victoire est la suite des épisodes précédents :

Episode 1 Electoralisme et activisme, les deux maladies infantiles du militantisme. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Épisode 2. L’armée invisible et la prison du silence. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Épisode 3 Le Front de Gauche va changer de braquet. http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Que le FDG puisse être autre chose qu’une machine électorale laisse perplexe le journal Le Monde : "Autant de signes de la difficulté pour le Front de gauche d’être autre chose qu’un simple cartel électoral. Un enjeu d’autant plus grand que ce dernier doit affronter deux années sans rendez-vous électoral" http://www.lemonde.fr/politique/art...

Que ce journal se rassure : les militants du FDG n’ont pas forcément l’intention d’être réduits à de simples distributeurs de tracts électoraux et de colleurs d’affiches électorales ! Bon nombre d’entre eux ont compris que la vie politique ne se réduisait pas à ce genre d’activité éphémère.

Nous allons reprendre dans le même ordre que dans l’épisode précédent chaque élément du système PAFO.(Programme, Audience, Formation, Organisation)

1. Le projet de société et le programme.

Le programme "L’Humain d’abord" à été une base appréciable pour la dernière campagne électorale de Jean-Luc Mélenchon qui a su en extraire, lors de ses meetings et interventions télévisées les éléments essentiels. Néanmoins, ce programme mérite approfondissement et élargissement en tenant compte des propositions de l’ensemble des composantes du FDG et des différentes contributions des associations, syndicats et personnalités compétentes reconnues comme crédibles par le FDG.

- Le projet de société ne se contente pas de définir des grandes lignes programmatiques mais affirme un certain nombre de principes fondamentaux de philosophie politique sous-tendant et donnant sens au programme et à la ligne d’action politique. Un livre comme celui de Jacques Généreux : L’Autre société (re-édition du Socialisme néomoderne) constitue une base sérieuse pour définir un tel projet.

2. Une organisation démocratique unitaire, bien structurée et efficace

2a. Le problème de la formation dans les domaines de l’organisation.

J’ai écrit sur ce site une étude technique (quelque peu ardue, je le reconnais) sur le problème de l’organisation intitulée :

Le Front de gauche doit améliorer sa puissance organisationnelle.

Première partie http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Deuxième partie http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Troisième partie http://www.gauchemip.org/spip.php?a...

Je ne reprendrai pas ici tous les points abordés dans cette étude.

Les entreprises investissent des sommes colossales pour affiner leurs techniques d’organisation. On ne compte plus les filières de formation de niveau secondaire et supérieur dans les domaine de la gestion et de l’organisation.

Le philosophe et économiste Jacques Bidet a parfaitement bien expliqué comment la classe capitaliste dominante repose sur deux pôles : celui de la propriété et celui de l’organisation. L’organisation – compétences est un des piliers du système de domination de la grande bourgeoisie.

J’ai donc essayé de faire le point sur l’apport des sciences humaines (notamment des sciences de l’organisation), des recherches récentes en intelligence artificielle sur les problèmes d’organisation, d’auto organisation, du travail coopératif, de l’intelligence collective distribuée, ,de la théorie des représentation sociales, etc. Il ne me semble plus possible de se contenter d’un empirisme de bon aloi et du système D pour s’organiser face à un adversaire politique maîtrisant toutes ces techniques, alors que nous disposons dorénavant d’un patrimoine de connaissances considérable dans ces domaines.

Ne pas le faire, c’est se rendre particulièrement vulnérable, gaspiller beaucoup d’énergie et de temps, être dans l’ incapacité de traiter correctement la diversité et les conflits éventuels. La coexistence au sein du Front de gauche d’une grande variété d’organisations et de cultures politiques nécessite un bon niveau de formation des militants et des responsables sur ces questions d’organisation et de travail coopératif.

2b. Les structures organisationnelles.

Elles sont actuellement quasi embryonnaires et ne permettent pas un travail coopératif efficace mettant en action toutes les forces politiques des différents composantes du FDG.

il va falloir probablement un certain temps pour que les différentes familles politiques composant le Front de gauche apprennent à travailler toutes ensemble. Se retrouver au coude à coude dans les manifestations ou pour des collages d’affiches est une chose, travaillant ensemble sur la durée pour bâtir une nouvelle société en est une autre. On n’utilise pas le même braquet !

Il existe néanmoins des exceptions dans certaines zones géographiques où des comités locaux on été capables de mettre en réseau différentes organisations. Généralement, on constate alors que les résultats électoraux sont bien meilleurs . Il est clair que ces militants peuvent faire bénéficier de leur expérience positive l’ensemble du FDG en expliquant par textes ou vidéos, via Internet, comment ils ont développé leurs pratiques.

L’interconnexion de comités locaux départementaux au niveau régional permettrait aussi de mutualiser des moyens, des expériences, des compétences, des informations.

Susciter l’auto organisation et refuser une structure pyramidale nationale sont, de mon point de vue, des bonnes dispositions mais elles ne doivent pas interdire toute réflexion et coordination globales. Il s’agit en fait de concilier harmonieusement structures horizontales et structures verticales, développer l’intelligence collective et le travail coopératif.

Je n’ai pas la prétention ici d’aller plus loin ici dans le détail. Je me contente simplement d’apporter des outils conceptuels et de suggérer quelques pistes. Il appartient aux différentes instances des organisations du FDG de réfléchir et de décider collectivement et tranquillement des structures les mieux adaptées à leurs besoins.

2c. L’outil Internet

Il me paraît nécessaire de développer des sites régionaux du FDG permettant à toutes ses composantes de s’exprimer. Les sites Internet régionaux du Front de gauche ne devraient pas, de mon point de vue, se réduire à de simples sites à caractère électoral (versant électoraliste) ou à être une chambre d’écho des luttes sociales (versant activiste), mais être aussi de véritables outils d’information et de formation à destination des militants et, plus généralement, des citoyens

Le seul média dont dispose librement les militants, c’est Internet. Et malgré les progrès réels, cet outil n’est encore utilisé que d’une manière quelque peu chaotique et parfois marginale. Pour dépasser cette situation, les comités locaux ou régionaux des différentes composantes du Front de gauche devraient mutualiser leurs moyens matériels et intellectuels, se mettre aussi en réseau au niveau régional, harmoniser leurs techniques au niveau national.

Les élus pourraient aussi apporter leur aide pour la promotion d’Internet comme outil d’information et de formation. Rappelons que le site des députés communistes, citoyens et Parti de gauche permet un suivi critique des lois : http://www.groupe-communiste.assemb... Il est trop peu connu des sites locaux.

Une réflexion sur le contenu des sites Internet devrait être entamée pour que les sites départementaux ne soient pas simplement connus et fréquentés par des militants ou sympathisants mais par un public beaucoup plus large qui pourrait y trouver des informations qui ne se réduisent pas à des actions politiques locales ou nationales. Pour élargir son audience, le FDG devrait tenir plus compte des centres d’intérêt diversifiés des internautes de leur zone géographique.

3. La formation des adhérents et sympathisants du FDG.

- Pour que les militants du FDG puissent avoir une action efficace d’information et de formation auprès de leurs concitoyens, encore faut-il qu’eux mêmes soient suffisamment informés et formés  : c’est une évidence pour le principe, mais ce n’est pas forcément simple à réaliser dans la pratique. En effet, cela demande du temps , de la motivation, des outils de formation efficaces.

- Un certain nombre d’intellectuels ou universitaires du Front de gauche ou proches de celui-ci ont publié différents ouvrages d’économie, d’écologie, de sociologie, de philosophie politique qui constituent des outils non négligeables de formation. Leur popularisation pourrait être développée.

- L’outil Internet permet évidemment l’accès à un océan d’informations mais rend aussi possible la mutualisation des recherches documentaires, des banques d’argumentaires de différents sites locaux ou nationaux.

Fidèle à lui-même dans son activité pédagogique de formation des citoyens, Jean-Luc Mélenchon met à disposition sur son site une véritable banque d’argumentaires intitulée " les arguments du petit courrier" voir : http://www.jean-luc-melenchon.fr/ar... .Sur le site du PCF on trouve quelques argumentaires en fiches : http://www.pcf.fr/search/apachesolr...

Mais il est aussi possible de se rendre sur le site de l’UMP qui dispose aussi d’argumentaires bien fournis, souvent relayés par l’armée invisible des médias. En consultant le site, on constate que ces arguments sont plus de nature factuelle ou événementielle (réaction à des mesures gouvernementales) que conceptuelle. La pensée reste courte. Il est évidemment nécessaire de connaître ces argumentaires pour mieux les combattre. Observons aussi que le Medef possède une rubrique intitulée : Medef argu. http://www.medef.com/medef-tv/dossi...

- la formation des militants du FDG ne devrait pas être du ressort exclusif de telle ou telleorganisation même si chacune d’entre elles peut apporter sa contribution, mais devrait être aussi transversale pour ne pas reproduire des clivages identitaires qui pourraient être préjudiciables au travail coopératif entre composantes du FDG.

Toutes les recherches scientifiques sur le travail collaboratif ou coopératif réalisé par des humains ou par des robots montrent la nécessité que chaque agent ait la connaissance des systèmes de représentations des autres acteurs et que chaque agent possède la capacité de la remise en cause de son propre système de représentations suite aux interactions avec les autres agents et avec son environnement. (j’ai largement développé ce point dans la deuxième partie de mon étude mentionnée ci-dessus).

Les instances nationales du FDG pourraient se mettre d’accord pour la mise au point d’outils de formation pour l’ensemble de ses adhérents. La constitution d’un fonds commun de ormation n’exclut évidemment pas que chaque organisation puisse le compléter à son gré.

4. L’audience.

Aussi bon puisse être le programme, aussi compétents et dévoués puissent être les militants, aussi bonne et démocratique puisse être l’organisation, l’efficacité politique du FDG restera faible si son audience reste faible. L’audience c’est-à-dire la surface de réception et de compréhension des idées du FDG par la population est donc capitale.

Cette audience ne peut se développer que grâce à une politique de communication offensive dont voici les éléments :
- porte-à-porte, distribution de lettres d’information et de formation
- utilisation de l’outil Internet
- réunions publiques participatives.
- journaux et publications diverses
- promotion de livres

- intervention auprès des médias locaux et nationaux : presse, radio, télévision
- mise en place d’observatoires critiques des médias. ACRIMED, Mediapart constituent déjà des outils intéressants.
- organisation de ripostes structurées lorsqu’un média déforme ou censure une intervention de l’un des représentants du FDG.

Une telle politique de rayonnement nécessite évidemment des moyens matériels , de la disponibilité et un nombre de militants relativement élevé. mais il est clair que la qualité de l’organisation joue un rôle fondamental puisque la mutualisation de moyens militants actuellement dispersés permettrait de mettre en place une force de frappe médiatique significative. Augmenter le nombre d’adhérents et de militants pouvoir améliorer l’audience est un enjeu politique majeur. Il est clair qu’il existe un lien dialectique entre l’action de formation et l’augmentation du nombre de militants : on appelle ce processus feed-back en cybernétique.

En conclusion, l’absence d’une politique continue de formation et d’une politique d’audience à la hauteur des enjeux condamne le FDG à un plafonnement de ses scores électoraux nationaux à des niveaux ne pouvant en aucune manière inquiéter ni les libéraux, ni les sociaux libéraux et encore moins la grandes bourgeoisie capitaliste qui continue de mener la danse.

Que dire de plus ? Voyons, voyons,... Mais bien sûr Le système PAFO, c’est pas faux !

Fin de la série : la longue marche vers la Victoire.

Hervé Debonrivage


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