Ce qu’est le Front de gauche, ce qu’il veut...

mercredi 12 septembre 2012.
 

La rentrée politique est largement accomplie et l’on en discerne les grandes tendances. Commentateurs et sondeurs s’accordent généralement pour relever qu’elle se trouve dominée par la situation délicate de la gauche et, notamment, par la relation du Front de gauche avec les formations composant l’arc gouvernemental. Il se trouve que c’est précisément la question qu’il m’avait été demandé de traiter à l’occasion du meeting de clôture des premières « Estivales » dudit Front de gauche, les 25 et 26 août, à Saint-Martin-d’Hères. Les lignes qui vont suivre s’inspireront donc largement du propos qui aura alors été le mien.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un mot sur ces « Estivales ». Pour constater qu’elles auront permis de délivrer un bulletin de santé éminemment positif de notre rassemblement, avec leurs deux à trois mille participants, leurs très nombreux invités, leurs débats de qualité, leur matinée d’échanges (prise en charge par le conseil national, hier baptisé « de campagne » et qui entend aujourd’hui poursuivre ses activités la séquence électorale achevée) sur l’avenir de notre construction et les moyens de l’élargir au-delà des forces organisée, la convergence constatée des réflexions de ces dernières… Un bilan plus que flatteur, contrastant singulièrement avec le flot d’attaques et d’injures dont nous aurons été l’objet.

Bien avant l’ouverture de notre rencontre, nous étions en effet sur la sellette. Une interview de Jean-Luc au Journal du dimanche avait déchaîné, d’un bord à l’autre de l’échiquier politique, mais singulièrement dans les rangs de la majorité dite présidentielle, un véritable pilonnage médiatique. Peu importe l’objet invoqué de l’ire de nos détracteurs, la violence de leur ton aura suffi à révéler qu’à leurs yeux nous étions devenus des gêneurs. Signe d’une brusque fébrilité de leur part, à un moment où le pays, et plus particulièrement un très grand nombre de celles et ceux qui firent basculer la majorité politique du pays au printemps, semblent taraudés par la sourde inquiétude de voir les engagements des nouveaux gouvernants abandonnés ? Où la crise et son cortège de menaces sur l’emploi et les conditions d’existence s’aggravent considérablement, imprimant toujours davantage leurs marques aux comportements ? Où le monde politique traditionnel semble vouloir s’enfermer dans la bulle de ses routines d’appareil et de ses zizanies, bien éloignées des préoccupations du plus grand nombre : à l’image d’une UMP inaudible de l’opinion et tout entière tournée vers le règlement de ses problèmes de leadership, d’un Parti socialiste trop occupé à négocier entre ses baronnies la succession de sa première secrétaire, ou encore d’écologistes dont les divisions s’avèrent d’autant plus obscures que leur stratégie est illisible ?

Il fallait manifestement nous reléguer dans la nasse marginalisante des vitupérateurs ou, cela revient au même, des irresponsables. Tel éditorialiste de renom, zélote s’il en est de la pensée unique libérale, je veux parler de Monsieur Barbier, nous aura ainsi traités « d’imprécateurs ». Tel autre, venant lointainement des rivages de la « deuxième gauche », Jacques Julliard, aura dénoncé en notre programme l’incarnation d’une « vision quasi-policière de l’économie », pour la simple raison qu’il prétend notamment interdire les licenciements boursiers. Sans parler de ces figures du PS qui auront suggéré que nous préparions l’échec du gouvernement afin de pouvoir retrouver un espace que nous aurions perdu devant le suffrage universel (comme si les quatre millions de suffrages du premier tour de la présidentielle n’avaient jamais existé). Sans évoquer non plus les palinodies d’Éva Joly, venant traiter son ex-concurrent de supporter d’un « dictateur tropical » (il s’agit, en l’occurrence, d’Hugo Chavez et elle visait la visite que Jean-Luc Mélenchon vient d’effectuer au Venezuela). Je pourrais encore mentionner cette très vieille figure du commentaire politique, désormais reconverti en chroniqueur de Libération, Alain Duhamel, qui vient de dépeindre celui qui porta nos couleurs en « matamore, roulant des yeux furieux, la moustache hérissée, le feutre provocant, le verbe outrecuidant et la rapière vétuste ». Ou encore cet écho du Canard enchaîné qui révèle que le chef de l’État en personne avait enjoint, par un texto, son ministre Montebourg de « taper Mélenchon ». Fermez le ban !

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