L’intolérable violence israélienne à l’encontre des enfants palestiniens

jeudi 13 septembre 2012.
 

- 1) Saïd, 14 ans, attaqué par la soldatesque israélienne à Jérusalem-Est, alors qu’il allait chercher du lait pour sa petite soeur, vendredi dernier.
- 2) Israël : accablants récits de soldats

1) Saïd, 14 ans, attaqué par la soldatesque israélienne à Jérusalem-Est (en territoire palestinien)

"Les forces israéliennes attaquent un enfant de Jérusalem Est"

Les courses que faisait un jeune Palestinien pour sa mère ont pris un tour dramatique vendredi dernier après qu’il se soit retrouvé au milieu d’affrontements violents entre les habitants du quartier d’Abu Dis et les forces israéliennes. Said Ali Qabalawi, 14 ans, a été violemment attaqué parce qu’il se trouvait au mauvais endroit alors qu’il achetait du lait pour sa petite sœur.

Said raconte que vers 21h, il est sorti d’une pharmacie qui n’avait plus de lait pour aller en chercher dans une autre, un peu plus bas dans la rue, quand il a été encerclé par les troupes israéliennes qui se ruaient sur les résidents du quartier.

"Les soldats m’ont encerclé, alors je me suis enfui en sautant par dessus un mur élevé mais de l’autre côté, je n’ai pas pu continuer à courir et c’est là que les soldats m’ont attrapé. Ils m’ont frappé à coups de crosses de fusil, m’ont donné des coups de pied et arraché mes vêtements. Je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle ils me frappaient," a-t-il dit à Ma’an.

Un des soldats a traîné le jeune garçon de 14 ans par terre et il a été emmené à une base militaire proche. Là, ils ont continué à le frapper et l’ont accusé d’avoir jeté des pierres, ce que Said nie.

"Certains des soldats m’ont craché dessus et m’ont insulté. Ils m’ont aussi frappé au ventre, et comme j’ai récemment subi une intervention chirurgicale à l’intestin, les coups m’ont fait mal," a-t-il ajouté.

Quatre heures après, Said a été emmené au poste de police de Maale Addumim, colonie israélienne près d’Abu Dis, où il a été interrogé pendant six heures. Puis il a été libéré sous caution (500 shekels/100€) et on lui a dit qu’il passerait au tribunal le 30 janvier 2013."

Source : Maan News

(Traduction : MR pour ISM )

2) Israël : accablants récits de soldats

Dans un livre noir, l’ONG Breaking the Silence a compilé des témoignages de militaires sur les violences et les violations des droits humains que subissent les enfants palestiniens.

« Les enfants palestiniens sortaient de l’école à la fin de leur journée, rentraient directement dans leurs maisons et faisaient beaucoup de bruit avec leurs pétards. C’est absurde, je ne sais pas où notre stupide commandant de bataillon est allé chercher cette idée  : nous avons commencé à chasser les enfants sur nos patrouilles. (…) L’un d’eux était vraiment petit. Peut-être quatre ou cinq ans. Un gamin vraiment tout petit, avec son frère. Peut-être même qu’il était à la maternelle… Et vous vous livrez sur lui à une fouille corporelle. Sur lui et sur son frère, à peine plus âgé. (…) Incroyable. Je me suis senti tellement immoral, je me suis senti tellement inhumain…  » Cette invraisemblable scène se déroule à Hebron. Elle est racontée par un sous-officier de l’armée israélienne. Son témoignage a été recueilli par l’ONG Breaking the Silence (briser le silence), qui collecte, depuis plusieurs années, des récits de militaires ayant servi dans les territoires occupés. Ces milliers d’heures d’entretiens, filmés ou retranscrits, attestent de la barbarie de l’occupation, des crimes de guerre jusqu’à l’humiliation ordinaire que subissent les Palestiniens au passage des check-points. Dans un nouveau livre noir, l’ONG a compilé des témoignages accablants sur les violences et les graves violations des droits humains dont les enfants palestiniens sont la cible. Suspicion permanente, arrestations arbitraires, maltraitances physiques et même tirs à balles réelles n’épargnent pas les mineurs, selon ces témoignages de militaires israéliens.

«  Ces témoignages éclairent la réalité de la vie quotidienne des enfants palestiniens et d’une jeunesse qui vit sous l’occupation israélienne, écrivent les auteurs de ce rapport. Les témoins dépeignent une routine dans laquelle les mineurs palestiniens, souvent âgés de moins de dix ans, sont traités d’une façon qui fait fi de leur jeune âge. En pratique, ils sont perçus par les soldats et par l’institution militaire comme pouvant être soumis aux mêmes traitements que les adultes. La violence physique, accompagnée de harcèlement et d’humiliations, est souvent exercée contre ces enfants, de façon arbitraire. »

De jeunes vies traumatisées

Au fil des témoignages bruts rassemblés chaque année par Breaking the Silence, les enfants sont omniprésents. Ils subissent, en première ligne, le traumatisme que représente la fouille ou la destruction d’une maison par l’armée israélienne. Un ­capitaine décrit ainsi la terreur d’une jeune fratrie lors d’une perquisition  : «  J’entre dans une maison, il y a là une femme (…) Je rentre et je lui demande  : “Où est l’homme de la maison  ?” Personne ne comprend, personne. Puis je vois un matelas recouvert d’une couverture. Des tremblements l’agitent. Et je… je ne sais pas, peut-être qu’il se cache là-dedans. Je demande à mon soldat  : “Allez vite voir ce qu’il y a sous le lit” et il essaie de tirer la couverture, et non, c’est… Je les compte, ils sont huit – huit enfants serrés ensemble, morts de frayeur. Ils se cachent les uns derrière les autres, me dévisagent, comme si l’instant d’après j’allais leur faire je ne sais quoi (…) Je suis sorti de là en état de choc.  » Mais que pèse la terreur d’un enfant quand, au nom de la sécurité, on peut tout justifier  ?

Rosa Moussaoui, L’Humanité

3) «  Témoigner de l’immoralité de l’occupation  »

Le cinéaste israélien Avi Mograbi, réalisateur de la tragédie documentaire Z32, déplore l’absence de débat, en Israël, sur les crimes de guerre et l’occupation.

Comment est née cette idée 
de collecter des témoignages 
de soldats israéliens  ?

Avi Mograbi. Ceux qui ont lancé cette importante initiative politique ont voulu témoigner de l’expérience qu’ils avaient vécue durant leur service militaire, 
de l’immoralité de l’occupation de 
la Cisjordanie et de la bande de Gaza.

Dans votre film Z32, vous décrivez 
la transformation d’un jeune homme 
ordinaire en machine capable de tuer, 
sans raison, des Palestiniens désarmés. 
Comment s’opère une telle transformation  ?

Avi Mograbi. Lors d’opérations militaires, 
les soldats, en Israël comme partout ailleurs, obéissent à des ordres venus d’en haut. 
Moins ils pensent, mieux c’est pour l’armée. C’est le principe même de fonctionnement 
de l’institution militaire. Il n’y a pas de discussion sur la moralité ou la rationalité 
des ordres qu’on leur demande d’exécuter. 
Celui qui croit faire de son enfant un philosophe en l’envoyant à l’armée n’a rien compris 
à la marche d’une institution militaire.

Existe-t-il, aujourd’hui, en Israël, un débat politique sur les crimes de guerre et les violations des droits humains dans les territoires palestiniens  ?

Avi Mograbi. Il n’y a, aujourd’hui, aucun débat sur les crimes de guerre. Nous en avons débattu, un peu, lors du bombardement de la bande 
de Gaza en 2009. Mais maintenant, les gens, 
ici, ne se sentent pas concernés par la poursuite de l’occupation des territoires palestiniens.

Les voix d’intellectuels engagés, comme vous, contre l’occupation et la colonisation, 
sont-elles entendues  ?

Avi Mograbi. Nos voix portent très peu. L’occupation des territoires palestiniens,
les crimes de guerre ne sont pas du tout 
au centre du débat politique actuel, focalisé 
sur les problèmes économiques et sociaux.

Quelle atmosphère règne avec les préparatifs 
de guerre contre l’Iran  ?

Avi Mograbi. Je ne sais pas si l’on peut 
parler de préparatifs de guerre. Pour 
l’instant, nous en sommes encore au stade 
des menaces. J’espère qu’une telle guerre 
n’aura pas lieu. Netanyahou et Barak 
seraient complètement fous d’engager 
le pays sur cette voie.

À quelles conditions une conscience de paix 
peut-elle émerger en Israël  ?

Avi Mograbi. Je ne crois pas que les Israéliens soient prêts à s’engager dans un mouvement pour la paix. Le pays tire profit de l’occupation et le monde ferme les yeux. L’Europe et les États-Unis laissent faire. Donc pourquoi 
Israël changerait-il de politique  ? Je ne dis 
pas que la solution viendra de l’extérieur, 
mais les pressions de l’extérieur peuvent 
pousser Israël à trouver un intérêt à la paix. Mais peut-être le monde lui-même n’a-t-il pas intérêt à cette paix...

Entretien réalisé par R. M.


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