Mémoire éternelle pour nos frères mineurs noirs de Marikana (Afrique du Sud) !

jeudi 23 août 2012.
 

Comme partout en Afrique, le rapport salarial continue à s’apparenter à l’esclavage, par les conditions de travail, le droit social et les salaires. Lorsque des mineurs de platine, payés 400 euros pour un travail épuisant font grève, le capital fait tirer la police à l’arme automatique : 34 morts, 80 blessés, plus de 250 arrestations. Une mobilisation internationale peut aider nos frères. Que dit le PS ? Que dit le Gouvernement ?...

1) Afrique du Sud : jeudi noir à Marikana

Pendant que dans l’hémisphère nord règne la canicule et la peur de l’envolée du prix de maïs, dans la partie sud c’est en principe l’hiver, dont le silence est interrompu par les tirs de la police sud-africaine le jeudi du 16 août 2012 : 34 mineurs de la mine de platine à Marikana sont tués, quelques 80 blessés et plus de 250 arrêtés. Bain de sang qu’on n’a pas vu depuis l’apartheid. Avec cette différence-ci que maintenant les tués et leurs assassins sont noirs, alors que les donneurs d’ordre et propriétaires des mines sont toujours les blancs.

Les mineurs sont tués parce qu’ils ont fait la grève, exigé l’augmentation de salaire de misère et refusé l’ordre de la direction de descendre dans la mine.

Donc, le capitalisme dépasse sa deuxième phase pourrissante sur toute la ligne et passe à la troisième, où le rapport salarial librement consenti redevient l’esclavage. Dans ce rapport de classe il n’y a qu’une nuance nouvelle : le pouvoir est toujours tenu par le capital blanc, mais par les sous-traitants noirs de l’ANC et syndicat majoritaire NUM, dont le chef est entré dans le conseil de direction de la mine de platine. Vous-vous souvenez comment les barons du capital allemand ont sous-traité les services des socialistes Ebert et Noske lorsqu’il fallait couper la tête à la révolution prolétarienne ? Et, voilà, c’est la même chose aujourd’hui en Afrique de Sud.

Bien que j’aie un frère dans ces lointaines régions de l’hémisphère sud, je me sens plus proche de mes frères noirs mineurs de Marikana, car le lien de classe est plus fort que le lien de sang. Je sais qu’aux stades de football à Zagreb, Belgrade, Varsovie et Moscou les hordes de supporters fascistes sifflent aux joueurs noirs comme s’ils étaient des singes, car ils se sont mis dans la tête qu’ils font partie de la race supérieure blanche, à cheveux blonds et sang bleu. Ils passent ensuite des sifflets à l’étranglement individuel des immigrés de couleurs dans le métro, comme le fait l’Aube dorée en Grèce (il serait plus juste de les appeler peste noire), mais si dans le pays il n’y a pas d’immigrés on peut toujours se rabattre sur les Tziganes autochtones. Puis on passe à l’organisation de formations militaires parallèles, à l’instar des tigres, aigles et loups serbes dans les guerres bosniaque et autres, pour devenir finalement la formation militaire régulière pour « tâches spéciales », « anti-émeute » ou « sécurité républicaine », aussi bien dans les petits pays balkaniques qu’ en Afrique de Sud.

Si le capitalisme est vraiment guidé par « la main invisible », alors c’est cette main blanche du capital en coulisse : pour les ouvriers désobéissants il y a suffisamment de chômeurs affamés de violence pour en faire les assassins en uniforme. Le président Zuma, commission d’enquête, les questions des journalistes « qui a tiré le premier » etc. – tout cela c’est du bla-bla pour divertir l’opinion publique, ils ont tiré sur l’ordre du capital blanc sur les mineurs noirs comme sur les moineaux.

Radoslav Pavlovic

* Traduction d’un article en serbo-croate destiné à « Radnicka Borba » de Croatie.

Source : http://www.europe-solidaire.org/spi...

2) Afrique du Sud. Trois jours après le massacre, les grévistes menacés de licenciement

L’exploitant de Marikana menace toujours de licencier les grévistes qui ne reprendraient pas le travail lundi matin : le bras de fer continue, en Afrique du Sud, trois jours après la tragédie : jeudi, 34 mineurs avaient été tués par la police. Les grévistes, qui réclament toujours de substantielles augmentations de salaires, semblent majoritairement prêts à rejeter cet ultimatum, en mémoire de leurs camarades tués.

"L’ultimatum final a été repoussé au lundi 20 à la suite des événements de jeudi", explique le porte-parole de Lonmin : "l’ultimatum final donne aux employés une dernière chance de reprendre le travail ou de s’exposer à un possible licenciement".

"Une insulte"

"S’attendre à ce que nous retournions au travail, c’est comme une insulte. Beaucoup de nos amis et collègues sont morts et on s’attendrait qu’on reprenne le travail ? Jamais !", s’emporte Zachariah Mbewu, assurant qu’aucun de ses camarades mineurs ne se présenterait à son poste lundi. "Il y a des gens en prison et à l’hôpital. Demain, on retourne sur la montagne mais on ne descend pas dans la mine, à moins que les patrons nous donnent ce qu’on réclame",.

400 euros par mois

La "montagne" est une petite colline proche de la mine où les mineurs s’étaient rassemblés au début de leur mouvement lancé le 10 aout, jusqu’à la fusillade de jeudi, qui a fait 34 morts et 78 blessés. "Nous attendons que la direction s’exprime. Demain nous ne reprendrons pas le travail s’ils n’écoutent pas nos exigences d’augmentation de salaire", poursuit Fezile Magxaba, un contremaître de Marikana.

Les mineurs, qui touchent en moyenne 4.000 rands (400 euros) par mois, réclament 12.500 rands (1.250 euros), soit plus qu’un triplement de leur salaire. "Des gens sont morts. On est en colère. Si on reprenait le travail, ce serait comme s’ils étaient morts pour rien", dit-il en faisant sa lessive à un robinet collectif.

Une enquête ouverte

Une enquête doit déterminer les circonstances exactes du déclenchement de la fusillade. La police affirme avoir agi en état de légitime défense face à des mineurs qui chargeaient, brandissant des machettes et des lances. Autour des misérables baraquements, les forces de l’ordre se faisaient discrètes ce dimanche. Les gens semblaient vaquer à leurs occupations quotidiennes, mais la colère restait vive.

Un ancien leader de l’ANC sur le front

Dans le pays, les commentaires politiques allaient bon train, accusant notamment le président Jacob Zuma d’avoir été passif tout au long de la crise. La vedette des journaux du dimanche était le jeune tribun Julius Malema, soudain sorti de l’anonymat politique dans lequel il était tombé après avoir été exclu en avril de l’ANC, le parti au pouvoir, pour ses provocations répétées.

Samedi, l’ancien leader de la ligue de jeunesse de l’ANC s’est rendu auprès des mineurs et s’est adressé à eux, refusant toute forme de protection policière. Il a accusé le président Zuma d’être responsable du massacre et l’a appelé à démissionner.

"Julius Malema a saisi une opportunité et a exploité le massacre de Marikana en se présentant comme le seul leader capable de s’adresser aux mineurs armés et en colère", notait dimanche matin The Sunday Independant : "Pendant que le président Zuma arrivait à Marikana nuitamment, Malema a profité du vide pour sortir brutalement de l’obscurité politique où il était plongé".

Malema, qui n’a plus aucune structure politique autour de lui, a très longtemps incarné l’aile radicale de l’ANC. Insatisfait de voir le chômage, la misère et les inégalités s’aggraver 18 ans après la chute de l’apartheid, il appelait notamment à la nationalisation des mines et à l’expulsion sans compensation des grands propriétaires terriens blancs.

Source : http://www.letelegramme.com/ig/gene...


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