Mon propos dans « Le Journal du Dimanche » a soulevé une tempête

Saturday 1 September 2012.
 

Si mon propos dans « Le Journal du Dimanche » a soulevé une telle tempête, c’est me semble-t-il parce qu’il entre en résonance avec un état d’esprit dans le pays et surtout parmi les nôtres, dans le peuple du commun. De ce fait, depuis dimanche, j’ai donc retrouvé un rythme d’interventions qui m’a tenu loin du clavier. La préparation de nos travaux à Grenoble a dévoré le reste de mon temps. Je vous avoue que je n’avais pas imaginé une reprise à ce rythme. A présent j’écris dans le train qui me conduit vers le Remue-méninges du PG et vers « les estivales du Front de Gauche ». Je vais beaucoup parler sur place. Je vais donc me limiter, ici, à quelques remarques. Et je vous donne rendez-vous soit pour la retransmission de mon discours vendredi soit pour celle de nos interventions collectives dimanche en clôture de nos estivales. Merci d’accepter mes chers lecteurs, une fois de plus, un texte qui va son chemin à « sauts et gambades ».

Bien sûr d’abord voici des remarques à propos de l’entretien de presse au « Journal du Dimanche » qui a déclenché l’orage. J’avais écrit ici même que je m’exprimerai là où on me proposerait de parler du fond, sans pugilat ni traquenard. C’est le genre de relations que cet hebdomadaire entretien avec moi. Sa parution structure souvent le débat politique du week-end quand c’est la politique qu’il choisit de mettre au premier plan. Ce fut le cas. Je crois utile de vous donner le lien avec cet entretien pour mieux comprendre de quoi le débat est parti. De cette façon tous ceux d’entre vous qui n’ont pas lu ce journal, ce jour-là, sauront exactement ce que j’ai dit. Hum ! Non, pas ce que j’ai « dit » mais ce que j’ai « lâché » et « lâché encore », « tonné », « jeté » et ainsi de suite comme l’écrivent certains de mes commentateurs médiatiques attribués qui, puisqu’ils disent tous la même chose, ont sans doute raison car on ne peut pas avoir raison tout seul et que de toute façon il n’y a pas de fumée sans feu ! Bien sûr, je plaisante. Mais j’ai été frappé par l’écart entre la violence attribuée à mon texte et ce que je crois avoir dit. Que révèle cet écart ? L’état d’atonie de la parole politique d’où nous partons ! En plaine, tout fait vite relief ! Si ce n’est l’intervention de Pierre Laurent la semaine passée et les alertes de « L’Humanité », on aurait pu croire que toute la gauche était contente et repue et ronronnait, « apaisée », « normale ». Une bonne part de la gauche en particulier a été poussée gentiment dans l’eau tiède la plus émolliente. Naturellement je n’ai pas l’intention d’en rabattre, bien au contraire, compte tenu du niveau des répliques socialistes et de leurs éditocrâtes que renforce dorénavant la cohorte des cire-pompes de tout gouvernement. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de préciser ma pensée dans une interview pour « Nice matin », « Var matin » et « Corse matin ».

Dans ces journaux, l’expression qui a été retenue de mon propos pour résumer notre positionnement c’est : « Nous sommes les ayant droits de la victoire de la gauche ». J’en suis très satisfait, car cela décrit bien notre état d’esprit. Pour ceux qui n’auraient pas la patience de tout lire je surligne ici un moment de l’entretien qui décrit bien mon état d’esprit personnel. « Etes-vous déjà en campagne pour 2017 ? » demande André Fournon de « Nice Matin ». Voici ma réponse et je vous demande de bien la noter : « Non, je veux des résultats tout de suite ! J’essaie de réveiller l’appétit politique en mettant des idées concrètes sur la table ! Les socialistes répondent sur la forme jamais sur le fond. Ils rêvaient de se débarrasser de nous, pendant la campagne des législatives. Ils ont une pratique brutale et monarchique de la République. Et là ? Cent jours et ils sont déjà dans leur tour d’ivoire ! » Pourquoi s’inquiéter de cela, m’a-t-on dit parmi mes amis. Est-ce que cela ne va pas nous servir au contraire ? Précisément non ! Pour moi les stratégies du pire sont toujours perdantes pour toute la gauche. Voyez comment le torpillage de la campagne de Ségolène Royal par l’état major socialiste en 2007 nous a coûté cher pendant cinq ans !

Je sais qu’un certain nombre de mes lecteurs ne voient pas les choses de cette façon. Je le comprends d’autant plus facilement que l’arrogance des dirigeants du PS braque un nombre considérable des nôtres. Vous écrivez beaucoup pour dire que vous n’attendez rien d’eux et que dans ces conditions je perdrais mon temps à les interpeller. Funeste erreur selon moi. C’est renoncer au sens de la victoire contre Sarkozy que nous avons rendue possible. Nous avons fait la victoire, nous voulons notre dû. Pas des « places » ou des « postes » comme le pensent les caciques du PS qui sont incapables d’imaginer que les autres aient d’autres motivations que les leurs. Notre dû, cela signifie le fruit social et écologique du rapport de force démocratiquement obtenu avec la droite, la finance, le Medef. Ce sont des choses très concrètes, des lois très précises comme celles contre les licenciements boursiers, l’amnistie des syndicalistes condamnés pendant le règne de Sarkozy et ainsi de suite.

Nous ne demandons pas l’application de notre programme. Celui-ci forme une cohérence globale. On ne peut en détacher des petits bouts comme s’il s’agissait d’un catalogue de mesures à prendre sur étagère. La cohérence économique de la relance de l’activité que nous proposons s’appuie sur un modèle économique global où la planification écologique et la reconstitution d’un secteur public nouvelle génération jouent un rôle central. Rien de tout cela n’est dans le programme socialiste. L’élection a eu lieu. Nous respectons sa décision. C’est la règle de la démocratie. Mais pour nous le débat n’est pas clos, il ne le sera jamais. Il ne faut pas qu’il le soit. Pour nous la démocratie ne se limite pas au jour du vote ! Le vote fait la décision légitime. Il n’impose pas une conviction. Faire vivre la diversité c’est aussi maintenir des voies de recours en cas de difficulté ou d’échec. Notre démarche reste donc bien globale, puisque nous continuons à vouloir convaincre de notre programme dans son ensemble et que nous sommes prêts à l’appliquer nous-mêmes à tout moment, si nous y sommes appelés. Mais notre action est aussi inscrite dans le concret immédiat.


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