Réactions syndicales au résultat de la présidentielle : Place au changement par le progrès social (CGT)

mardi 15 mai 2012.
 

1) Place au changement par le progrès social

Déclaration de la Commission exécutive confédérale CGT

Une majorité de citoyens a élu un nouveau Président de la République le dimanche 6 mai 2012.

La participation importante des électrices et électeurs témoigne de leur mobilisation pour intervenir sur les choix à venir.

Le résultat de l’élection présidentielle exprime un « désaveu » pour Nicolas Sarkozy. Sa politique autoritaire et antisociale, son passage en force sur la réforme des retraites et sa façon de gouverner sont maintenant clairement sanctionnés.

La CGT s’en félicite.

L’influence des thèses racistes et xénophobes a été omniprésente tout au long de la campagne. La CGT poursuivra son combat contre la division, les idées d’extrême-droite et les discriminations, pour « le travailler et vivre ensemble ».

L’élection de François Hollande est aussi l’expression d’une forte aspiration à un changement de politique économique et sociale. Elle s’était déjà exprimée dans les mobilisations sociales en 2009, 2010 et dernièrement lors du 1^er mai 2012 contre les discriminations et pour la justice sociale.

Un contexte, a priori plus favorable à la satisfaction des revendications, est créé. Il doit se traduire par des décisions nouvelles, propres à changer le quotidien des salariés, retraités et privés d’emploi, à donner confiance aux jeunes dans leur avenir alors que les exigences patronales et celles des marchés financiers sont toujours aussi présentes.

L’intervention et l’action syndicale doivent être renforcées. Dans l’immédiat, tous les syndicats doivent refuser l’extension de la flexibilité exigée par le MEDEF au travers des accords dits « compétitivité emploi ».

Un véritable changement passe par la création d’emplois, l’augmentation des salaires, la reconnaissance et la revalorisation du travail, de son contenu et de sa finalité, le développement des services publics sur l’ensemble du territoire, un haut niveau de protection sociale et une véritable politique industrielle.

La réponse aux enjeux économiques et sociaux passe par une autre répartition des richesses au service du développement humain durable.

L’avenir de l’Europe ne peut se construire par la mise en concurrence sociale et fiscale entre pays, il faut une Europe solidaire et sociale axée sur la croissance et la coopération et non sur l’austérité généralisée imposée à l’ensemble des salariés.

La CGT continuera à être active pour le progrès social indispensable pour sortir de la crise et entend créer les conditions de l’action syndicale unitaire pour y parvenir.

Dans cette situation nouvelle et ouverte, la CGT appelle les salariés, les retraités, les privés d’emploi à rester mobilisés, à s’organiser, à se syndiquer à la CGT pour poursuivre leur action au travail, dans la vie, dans la cité pour faire aboutir leurs revendications.

Montreuil, le 9 mai 2012

1) Maintenant, c’est le changement ? ( Union syndicale Solidaires)

Le gouvernement Sarkozy, c’est fini. Pour toutes celles et tous ceux, qui en ont combattu pendant les 5 dernières années les contre-réformes, les politiques sécuritaires, xénophobes et racistes, c’est une bonne nouvelle. Mais ce qui importe, pour les salarié-es, les chômeurs/ses, les retraité-es, les jeunes, c’est que la politique change, que la société ne soit plus organisée en fonction des besoins d’une petite minorité qui profite du travail des autres pour s’enrichir toujours plus.

La campagne électorale a été marquée par de nombreuses déclarations qui, sous prétexte de rallier l’électorat du Front National, contribuent à banaliser une pensée réactionnaire et porteuse d’exclusions.

François Hollande s’est fait élire Président de la République en promettant que « le changement c’est maintenant ». Changer de Président, c’est fait ; changer de gouvernement cela va être fait. Les élections législatives de juin peuvent donner aux partis de Gauche une majorité à l’Assemblée Nationale qu’ils ont déjà au Sénat. Pour que ce soit utile à tous, il faut des décisions concrètes. L’Union syndicale Solidaires réaffirme ses revendications et ses propositions alternatives qu’elle a portées dans les mobilisations sociales de ces dernières années. Nous ne pensons pas être dans une situation sociale permettant d’imposer que toutes celles-ci soient satisfaites dans la semaine. Mais, a contrario, certaines décisions peuvent être prises sans délai, et des engagements forts doivent être annoncés dès maintenant.

Maintenant, c’est le changement ?

* Augmentation immédiate du SMIC et des minimas sociaux (1 700 euros nets), des allocations-chômage et des pensions de retraite.

* Droit à la santé pour tous, par des mesures immédiates supprimant les déremboursements, les tickets modérateurs, les forfaits hospitaliers.

* Annulation des contre-réformes sur les retraites et embauche correspondante de jeunes.

* Suspension des plans de licenciements, droit de véto dans les Comités d’Entreprise, extension de l’obligation de création de CE aux entreprises de moins de 50 salarié-es. Arrêt des suppressions d’emplois dans la Fonction publique et les entreprises publiques

* Retour au public des services privatisés.

* Annulation des cadeaux fiscaux faits aux plus riches et de l’alourdissement des impôts les plus injustes (TVA), mise en place d’une fiscalité juste et redistributrice.

* Dénonciation des traités européens qui organisent le pillage des populations au profit des patrons et banquiers. Non ratification du « traité fiscal ».

* Abrogation des lois antigrève.

Ces propositions sont de nature à répondre aux urgences sociales. Elles doivent s’inscrire dans un changement de politique qui tourne la page des politiques néolibérales et antisociales à l’œuvre depuis trop longtemps. Un changement de politique doit mettre en avant la satisfaction des besoins sociaux de toutes et tous, la résorption des inégalités et des discriminations, la prise en compte de la nécessaire transition écologique et s’appuyer pour cela sur une autre répartition des richesses.

Nous avons aussi des revendications qui doivent être satisfaites dans les entreprises et les établissements. C’est par la mobilisation et la construction de rapports de forces que nous les imposerons au patronat.

Se débarrasser de Sarkozy est une chose, imposer une autre politique au marché et à la finance en est une autre.

Dès le lendemain de l’élection, les plans sociaux retardés pour raison électorale vont tomber en même temps, la finance va faire pression pour imposer plus d’austérité. L’expérience nous indique que le rapport de force est déterminant : pour que les droits acquis ne régressent pas, pour en gagner de nouveaux, un climat social revendicatif est indispensable, et l’Union syndicale Solidaires agira de tout son poids, dans l’unité, pour mobiliser.

Union syndicale Solidaires, 6 mai, 20 heures

2) Le nouveau président doit répondre aux difficultés des salariés (CFDT)

La CFDT demande qu’une première rencontre entre le nouvel exécutif et les partenaires sociaux soit organisée avant la tenue des élections législatives afin de décider des méthodes de travail qui permettront d’apporter au cours du quinquennat des réponses aux préoccupations des salariés.

Le 6 mai, les Français ont choisi pour président de la République, le candidat qui dans la campagne a tenu un discours fort sur la nécessité de rassembler les Français, quelles que soient leurs origines sociales et culturelles. Les électeurs ont également élu le candidat qui a annoncé clairement sa volonté de placer le dialogue avec les partenaires sociaux, notamment les organisations syndicales, comme une des priorités dans sa méthode de travail. « C’est pourquoi la CFDT demande qu’une première rencontre entre le nouvel exécutif et les partenaires sociaux soit organisée avant la tenue des élections législatives afin de décider des méthodes de travail qui permettront d’apporter au cours du quinquennat des réponses aux préoccupations des salariés sur l’emploi (notamment l’emploi des jeunes) et le pouvoir d’achat (entre-autres sur le logement et l’énergie) », explique François Chérèque.

Dans un mois, les élections législatives vont achever ce cycle électoral. « Comme elle l’a fait pendant la présidentielle, dans le même esprit, la CFDT interpellera les candidats à la députation autour de trois axes forts : défendre la cohésion sociale et réduire les inégalités ; inventer un nouveau mode de développement ; construire un pacte social », insiste le secrétaire général de la CFDT.

Quoi qu’il en soit, des solutions devront être trouvées aussi au niveau européen. Les résultats des élections en Grèce montrent combien l’action de l’Union européenne est déterminante. « C’est pourquoi la France se doit d’obtenir des mesures de relance, au-delà des mesures de maîtrise des dépenses publiques déjà en œuvre, comme nous le demandons avec la CES », conclut François Chérèque.

Nicolas Ballot

3) 7 MAI : FO APPELLE À UN DIALOGUE SOCIAL NORMAL

Le bureau confédéral fait le point sur les revendications (SMIC,Europe, Emploi et plans sociaux, Retraite) et appelle à un dialogue social "normal"

Le résultat de l’élection présidentielle, événement majeur de la vie politique, était bien évidemment au centre des réflexions. FO, attachée à la fois à la démocratie républicaine et à l’indépendance de l’organisation syndicale, avait indiqué que « Pendant la campagne électorale, les revendications continuent », éditant en février, sous ce titre, un supplément de son hebdomadaire FO Hebdo qui reprenait ses principales analyses et revendications dans le contexte de la crise économique actuelle et face aux politiques économiques et sociales mises en œuvre tant au plan national qu’européen et international.

Interrogé par l’AFP ce lundi, Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, en a appelé, en écho aux propos de M. Hollande se présentant comme un candidat normal, à un « dialogue social normal dans le respect du rôle des interlocuteurs » de la part du Président élu et de son futur gouvernement.

Pour Jean Claude Mailly "des relations normales, cela veut dire qu’on ne soit pas critiqués, traités de corps intermédiaires, stigmatisés, car cela ne ferait qu’envenimer les choses", en référence, indique l’AFP, aux critiques adressées durant sa campagne par Nicolas Sarkozy aux syndicats.

Mais cela veut dire aussi "qu’on n’a pas besoin d’inscrire dans la constitution qu’il faut nous consulter, avant de prendre une décision. En démocratie ça doit se faire naturellement", a-t-il jugé. Dans son projet, précise l’AFP, François Hollande prévoit d’inscrire l’obligation de concertation avec les partenaires sociaux dans la Loi fondamentale.

Toujours "sur la méthode", M. Mailly souhaite "un président qui préside et un ou une Premier ministre qui gouverne" et « qu’on retrouve une distinction de rôle entre les uns et les autres, c’est important au plan démocratique".

Interrogé sur, le numéro un de FO attend des réunions bilatérales pour préparer la conférence sociale prévue à la mi-juillet par M. F. Hollande

Jean Claude Mailly, a réaffirmé à l’AFP que FO "se sent libre face au nouveau pouvoir" pour défendre les revendications.

Sur les retraites, il relève déjà "un premier point de désaccord" avec François Hollande qui veut revenir au départ à 60 ans pour les personnes ayant "cotisé" 41 ans, alors que FO demande que soient pris en compte les trimestres "validés" c’est-à-dire y compris les périodes de chômage, de maternité, etc, sinon ce "serait discriminatoire", a affirmé M. Mailly.

Le Smic, le traité budgétaire européen et les risques des plans sociaux sont, selon lui, les premiers gros dossiers sur la table du nouveau pouvoir.

4) 6 mai : une page se tourne ! (FSU)

La FSU, sur la base de ses exigences revendicatives, avait appelé à la rupture avec la politique anti-sociale menée ces dernières années. La défaite de Nicolas Sarkozy et l’élection de François Hollande à la présidence de la République ouvrent de nouvelles perspectives pour la construction d’une autre société. Les incessantes stigmatisations et oppositions des citoyens les uns aux autres, les intolérables exclusions d’une partie de la population ont été sources de division. Le rassemblement de notre société autour des valeurs de solidarité, d’égalité et de justice est indispensable.

Dans un monde en profondes mutations, dans un contexte européen de crise et alors que les évolutions de la société créent des besoins nouveaux, il faut enfin apporter des réponses aux questions de chacun et notamment à celles posées depuis des années par les salariés, les précaires, les chômeurs, les jeunes et les retraités.

Les attentes sont fortes après des années de dégradation de la situation économique, sociale et environnementale après aussi les remises en cause du rôle des organisations syndicales et du dialogue social.

Il faut maintenant une réelle rupture avec les politiques menées ces dernières années et les mesures d’austérité, qui ne sont pas les réponses pour relancer notamment l’emploi et le pouvoir d’achat. Cela passe en particulier par un tout autre partage des richesses, le développement et l’amélioration des services publics, de la Fonction publique et des mécanismes de solidarités collectives. Les dégradations sont telles que cela exige sur le court terme des mesures d’urgence qui passent au plus vite par une loi de finance rectificative, et par des mesures de fond sur les 5 années à venir.

La FSU sera un interlocuteur exigeant et combatif pour contribuer à la construction des nécessaires alternatives. Elle s’adressera très prochainement au Président de la République et à son gouvernement pour redire les propositions qu’elle porte. Convaincue que les évolutions nécessaires doivent se faire avec les personnels, la FSU souhaite que les organisations syndicales soient à nouveau reconnues comme des partenaires utiles et indispensables à la construction démocratique de notre société.

5) Élection présidentielle : et maintenant quel changement ? (UNSA)

6 mai 2012 - Les électeurs ont tranché. En portant François Hollande à la présidence de la République, ils ont fait le choix du changement. Lequel ? Il est trop tôt pour le dire précisément.

Car le gouvernement qui va être formé prochainement sera nécessairement transitoire, le processus démocratique n’étant pas encore allé au bout. Il reviendra aux électeurs de le compléter en établissant, les 10 et 17 juin, la majorité législative sur laquelle le Président de la République et son gouvernement pourront ou non s’appuyer. Le contenu de la politique qu’il sera en capacité de mener en dépendra.

Dans une situation marquée par la crise, l’UNSA attend des mesures d’urgence sociale (conjurer les licenciements via le chômage partiel, amplifier les emplois aidés, donner un coup de pouce au SMIC, assurer la rentrée scolaire…). Elle attend aussi des mesures structurelles visant à réduire la dette dans l’équité et la justice sociale, tout en réenclenchant la croissance et l’emploi dans le respect des objectifs de développement durable. Dans un contexte de budget contraint et de situation économique très difficile, tout ne sera pas possible : la définition des priorités sera donc décisive.

Mais, pour l’UNSA, au-delà du contenu des mesures à prendre, la méthode employée sera l’une des conditions de l’efficacité. Remédier aux difficultés économiques et sociales graves qui pèsent sur les salariés et sur le pays nécessite sans aucun doute des choix politiques nationaux et européens justes. Mais cela suppose aussi de faire jouer à plein la démocratie sociale. Car, dans nos sociétés complexes, l’action sociale ne peut plus être le seul fait du gouvernement. L’association des syndicats, dans le respect de leur autonomie, et, au-delà, des acteurs sociaux dans leur diversité, est fondamentale.

Pour sa part, l’UNSA, organisation réformiste, est prête à assumer ses responsabilités dans l’intérêt des salariés. Les enjeux sont considérables, encore plus lorsque les résultats du 1er tour de l’élection présidentielle ont montré la montée d’un populisme menaçant pour la démocratie.

Sans dynamique sociale s’appuyant sur les forces vives du pays, il n’y aura pas le changement perceptible que les salariés et citoyens attendent. Le candidat François Hollande en avait ouvert la perspective en avançant l’idée d’une conférence sociale. Le président et sa majorité doivent maintenant passer à l’acte. Mieux que tout discours, les thèmes qui lui seront fixés et sa composition diront vers quelle orientation le futur gouvernement entend véritablement s’engager.

Luc BÉRILLE secrétaire général


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