L’eau, bien commun de l’humanité, pas source de profit pour multinationales

vendredi 30 mars 2012.
 

4) L’eau : bien commun de l’humanité (par Place au peuple)

La semaine dernière se tenaient à Marseille le Forum mondial de l’eau ainsi que le Forum alternatif mondial de l’eau. Bien évidemment c’est dans le second qu’étaient présents le Front de Gauche et son candidat Jean-Luc Mélenchon. L’occasion de revenir sur une question centrale, celle de l’usage et de l’accès à la ressource naturelle qu’est l’eau.

L’eau, élément indispensable à la vie, est aujourd’hui devenue une source de profit pour de nombreuses multinationales. Les entreprises capitalistes n’ont pas encore osé nous faire payer l’air que l’on respire où les rayons de lumière que l’on reçoit mais elles se sont accaparé la gestion de l’eau dans de nombreux pays.

Un bien commun de l’humanité

L’eau doit être reconnue comme un bien commun de l’humanité car elle est indispensable à la vie. Considérée ainsi l’eau ne peut être gérée que collectivement. Le Front de Gauche engagera donc un processus d’appropriation sociale de la gestion de l’eau et de l’assainissement.

Une fois les multinationales écartées, il devient possible de distinguer la valeur d’usage de l’eau de sa valeur d’échange. Plusieurs tarifs pour la consommation quotidienne peuvent ainsi être établis. L’être humain a besoin de 2,5 litres d’eau par jour pour vivre. Cette consommation minimale doit donc être gratuite pour toutes et tous. A l’inverse, les personnes ou les industries ayant une consommation excessive de cette ressource naturelle doivent payer le prix fort pour éviter le gaspillage.

La planification écologique

Pour changer radicalement notre attitude vis-à-vis de la gestion de l’eau, la planification écologique que propose le Front de Gauche sera indispensable. Avec la planification écologique, il s’agit de penser sur le temps long. Le temps long, celui du cycle de l’eau, plutôt que le temps court de la finance toute puissante.

Dans le cadre de la planification écologique, il sera ainsi possible de créer une filière publique des métiers et de la recherche sur l’eau et l’assainissement. Les défis environnementaux et les futurs investissements nécessaires à la distribution et au traitement de l’eau doit être pensé et géré collectivement et ne plus reposer uniquement sur les factures des usagers.

3) Déclaration des organisations africaines présentes au F.A.M.E.

Nous, organisations africaines ayant participé au Forum Alternatif Mondial de l’Eau à Marseille du 14 au 17 mars 2012,

Considérant les pressions toujours accrues des multinationales sur les ressources en eau en Afrique,

Considérant la privatisation des régies publiques et des sociétés de distribution d’eau en Afrique,

Considérant les multiples atteintes aux droits des peuples africains à l’accès à l’eau potable,

Considérant les luttes menées notamment au Maroc, au Ghana, au Kenya pour la défense du droit d’accès à l’eau et à l’assainissement par les mouvements sociaux et les syndicats,

Considérant les conséquences des diverses pollutions des ressources en eau en Afrique après un siècle d’extractivisme et d’exploitation minière anarchique sur le continent,

Considérant la virulente attaque du capitalisme mondialisé contre les terres et les ressources en eau partout en Afrique qui constitue une véritable recolonisation du continent,

Considérant les luttes des paysans africains contre l’accaparement des terres, des forêts, et des ressources en eau (cas symbolique de Ben S’mim au Maroc),

Considérant les souffrances des femmes et des jeunes filles africaines pour assurer à leurs familles l’accès à une eau saine,

Considérant les dommages causés par les barrages existant sur les fleuves Nil, Congo et autres fleuves africains,

Vues les victoires éclatantes des mobilisations populaires des peuples au Maghreb pour la démocratie et l’accès à l’eau pour tous,

Nous saluons la reconnaissance par les Nations Unies du droit à l’eau comme un droit universel.

Nous appelons à ce que :

- Le droit à l’eau soit reconnu dans la charte africaine des droits humains

- Des politiques publiques soient développées pour éviter que les têtes des femmes et des enfants ne servent de tuyaux d’adduction d’eau

Nous exigeons :

- La fin des privatisations des régies publiques et des sociétés de distribution d’eau en Afrique

- La reconnaissance de la dette écologique due par les multinationales après des siècles d’exploitation des ressources minières en Afrique

- La participation des usagers, de la société civile et particulièrement des femmes dans la gestion des res- sources en eau en Afrique

- La fin des prêts de la Banque mondiale et des banques de développement pour les projets d’adduction d’eau en Afrique et l’augmentation des aides publiques sans conditionnalités pour la mise en œuvre de ces projets,

-  La fin de la construction des barrages sur les fleuves d’Afrique et le dédommagement de toutes les populations africaines ayant souffert des projets de barrages

-  Davantage de financement pour le développement des toilettes sèches et des structures d’assainissement en Afrique

Nous appelons les organisations et réseaux de la société civile en Afrique à s’unir pour que l’eau soit à jamais mise hors des marchés financiers et qu’elle ne soit plus source de profit.

EAU SOURCE DE VIE, PAS DE PROFIT !

2) Succès populaire du Forum alternatif mondial de l’eau (FAME)

Si le Forum mondial de l’eau a bu la tasse, le Forum alternatif, organisé pour faire entendre d’autres voix que celles des multinationales et des gouvernements, a rassemblé près de 5 000 personnes, c’est-à-dire beaucoup plus que ce qui était prévu, dans une ambiance chaleureuse et constructive et avec une forte participation de la population marseillaise. Le forum a été organisé par de nombreuses associations, réseaux, syndicats, parmi lesquels Attac dont les comités locaux ont joué pleinement leur rôle. Les luttes de dizaines de pays pour l’eau comme bien commun étaient représentées et plus de 50 ateliers se sont tenus.

Dans un pays champion des multinationales de l’eau et dans une ville qui a confié la gestion de son eau à Veolia et Suez, les mouvements citoyens présents revendiquent une gestion publique et citoyenne. Elle nécessite de remettre en cause le mode de développement productiviste, dans l’agriculture, dans l’industrie comme dans l’énergie, à commencer par les projets d’exploitation des gaz de schiste qui ravageront les eaux, les sols et les paysages. Elle s’oppose à l’économie verte telle qu’elle sera défendue par les élites politiques et économiques en juin au sommet de Rio +20, qui vise à soumettre la nature et nos sociétés à la loi du marché. La société civile brésilienne, avec la participation du mouvement altermondialiste, et notamment Attac, organisera à Rio un sommet des peuples, ainsi que des actions décentralisées dans chaque pays le 20 juin pour faire entendre d’autres voix et construire des alternatives.

Attac France, à Marseille le 17 mars 2012

3) Forum Alternatif Mondial de l’Eau face au Forum des Marchands d’Eau (ATTAC)

Avec le soutien du gouvernement français et de nombreuses collectivités publiques, les multinationales de l’eau tiendront un Forum Mondial de l’Eau (FME) du 12 au 17 mars 2012 à Marseille. Ce Forum des marchands d’eau est là pour discuter des modalités de la privatisation d’un élément essentiel à la vie et du contrôle de grandes firmes sur sa distribution.

Ce forum n’est pas légitime, raison pour laquelle Attac et de nombreux partenaires nationaux et internationaux tiendront un Forum Alternatif Mondial de l’Eau (FAME) du 14 au 17 mars, à Marseille, donnant à voir les alternatives pour se doter de moyens garantissant un accès à une eau de qualité pour tous sur la planète.

Récemment interrogé, le gouvernement français, par la voix de M. Benoist Apparu, secrétaire d’État à l’écologie, a dit « regretter l’organisation de forums alternatifs qui ne pourront pas créer les conditions d’un véritable débat au sein du Forum mondial de l’eau ». C’est pourtant la structure même du Conseil mondial de l’eau (CME), organisateur du FME, qui fait que ce dernier ne peut être le lieu d’un véritable débat. Association d’entreprises, de professionnels, d’institutions gouvernementales ou intergouvernementales, le CME est un organisme privé qui entend s’arroger le directoire mondial de l’eau pour favoriser la marchandisation de ce bien commun.

L’accaparement de ce bien commun par les multinationales a aggravé la crise de l’eau et les « objectifs du Millé-naire » en matière d’eau potable et d’assainissement ne seront pas atteints.

La principale raison n’est pas le manque d’eau : accaparée par les multinationales, l’eau est gaspillée et exploitée avec un objectif strictement fi-nancier, privilégiant la rentabilité des investissements et les technologies fortement consommatrices, au détriment de l’accès à l’eau pour tou(te)s. Et cela, même si l’ONU vient de reconnaître cet accès comme un droit humain fondamental. Partout, en France, en Italie et jusqu’en Bolivie, des luttes populaires et des alternatives citoyennes démontrent que l’emprise des multinationales sur l’eau n’est pas une fatalité.

L’objectif du CME n’est pas de donner de l’eau à ceux qui en manquent, mais d’en vendre d’avantage à ceux qui peuvent la payer : sur quelle base un dialogue pourrait-il donc s’installer quand les objectifs sont aussi opposés ? Si Attac, en association avec d’autres organisations de la société civile, s’est engagée dans la préparation du FAME c’est parce qu’il fallait un lieu où puissent se rencontrer ces luttes, s’exprimer les aspirations des peuples à reprendre en main leur bien commun, s’échanger les expériences et affirmer l’absence totale de légitimité du CME pour gérer la politique mondiale de l’eau.

Le gouvernement français, qui a fourni 4 millions d’euros sur les 16,5 millions de financement public du FME (sans compter les 6,9 millions de Veolia, Suez, EDF et de la CCIM), a décidé de ne pas soutenir financièrement le FAME. Par ce geste, le gouvernement prend clairement parti pour les multinationales, montrant le peu de considé-ration qu’il a pour toutes celles et tous ceux qui sont victimes des agissements de ces marchands d’eau et qui agissent pour la réappropriation citoyenne de l’eau et la redéfinition d’un véritable service public. Le gouvernement dit vouloir « organiser des passerelles entre le Forum et le Forum alternatif ». Tant qu’il ne mettra pas un terme à son soutien à ces multinationales, ces passerelles ne pourront pas se construire.

Le FAME s’est donné une charte de principes et nous appelons toutes celles et tous ceux qui s’y reconnaissent à rejoindre ce forum pour renforcer les résistances et élargir les alternatives déjà existantes. Ceux qui ne retrouve-ront pas leurs valeurs dans le FME seront les bienvenus, mais il ne saurait y avoir de passerelle entre le FAME et le Forum des marchands d’eau.

Attac France, A Paris le 23 février 2012


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