Des deux côtés des Pyrénées

vendredi 2 décembre 2011.
 

La droite a donc emporté les élections législatives en Espagne. Ce n’est pas le raz-de-marée annoncé et souvent décrit à rebours des faits. Car le Parti Populaire ne gagne que 500 000 voix par rapport à l’élection de 2008 qu’il avait nettement perdue, passant de 40 à 44% des suffrages. Sa progression est bien moindre que celle d’Izquierda Unida (IU), le petit parti de l’autre gauche issu du mouvement communiste espagnol, qui progresse lui de 700 000 voix, atteint 7% et passe de 2 à 11 élus, alors même qu’il partait d’un niveau qui aurait pu le sortir du jeu, 3,7% en 2008. L’élection espagnole n’est donc pas une victoire de la droite mais une défaite des sociaux-démocrates.

Ce qui fait si nettement basculer le Parlement espagnol est l’effondrement historique du PSOE. Le parti socialiste espagnol perd la bagatelle de 4,5 millions de voix, plongeant jusqu’à son plus bas niveau depuis la chute de Franco. La soumission de Zapatero au joug libéral de la troïka aura eu raison de lui aussi sûrement que de Papandreou qui l’a précédé sur cette voie. Où sont passé les voix qui se sont détournées du PSOE ? Un gros morceau dans l’abstention, un autre à gauche pour IU, un bon paquet aussi pour un petit parti centralisateur né d’une scission du PSOE (+800 000 voix), des voix qui se sont dispersées sur une myriade de petits partis, un bond des blancs et nuls ainsi que des abstentions, une poignée enfin pour la droite. Le gros morceau qui s’est détaché du bloc électoral constitué autour du PSOE s’est à la fois volatilisé et fragmenté, contribuant à un émiettement inédit des scores et à un décrochage accru entre le pays et sa représentation parlementaire.

La crise politique espagnole va donc continuer de s’approfondir. Car le régime d’austérité va se poursuivre et s’alourdir. Non seulement c’est la droite aux manettes mais au lendemain même de l’élection de cette majorité qui lui est favorable, la finance a relancé ses attaques contre la dette espagnole, faisant monter à nouveau les taux d’intérêt imposés au pays. Si le passage à droite n’est gage d’aucun répit pour le système, quelle peut être l’issue ? Malgré une nouvelle victoire de leur camp, la démoralisation guette les conservateurs européens. « Nous sommes devant un choix horrible. Dans l’ordre des horreurs, l’alternative est la suivante : soit une intervention massive de la BCE, soit la catastrophe », a déclaré ce lundi le ministre des Finances de la Pologne, pays qui préside actuellement l’UE. Cet économiste de droite estime que faute de prêts de la BCE aux Etats, « le risque est celui d’un désastre économique historique qui, comme la grande dépression des années 1930, conduirait au final l’Europe dans la guerre ».

Décidément, la solution à la crise n’est ni politiquement ni économiquement dans l’austérité. Malheureusement celle-ci se retrouve aussi bien dans les plans Fillon que dans l’accord signé la semaine dernière entre EELV et le PS qui se fixe l’objectif de 0 déficit en 2017 et enterre notamment la retraite à 60 ans. Sans parler du plan Hollande de 50 milliards d’économies promis pour l’après 2012 avec une réduction de la progression des dépenses de santé en dessous du niveau fixé actuellement par la droite et un gel du nombre de fonctionnaires au niveau auquel celle-ci l’a rabaissé à grand coups de serpe. Le tout parce qu’il faudrait « tout faire » (sic) pour que la France garde son triple AAA ou le regagne. Au moment où les espagnols sanctionnent cette ligne en pulvérisant le PSOE, quelle idée de faire en France du Zapatero dans le texte !


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message