Sarkozy sacrifie les personnes dépendantes sur l’autel des marchés

lundi 12 septembre 2011.
 

La rigueur « n’impacte pas les Français les plus fragiles », a assuré la ministre du Budget Valérie Pécresse. Faux : faute de crédits, le secteur de l’aide aux personnes en perte d’autonomie subit un vaste plan social, avec 10 000 emplois supprimés cette année. Et le report du plan dépendance, promis par Nicolas Sarkozy depuis 2007, va aggraver les difficultés.

Pas de pitié pour les personnes en perte d’autonomie  ! Faisant fi des beaux discours sur la solidarité avec nos aînés, la politique de « rigueur » frappe sans ménagement nos concitoyens les plus fragiles. Depuis plusieurs années déjà, les associations délivrant des aides à domicile ainsi que les établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes subissent les contrecoups des difficultés de leurs principaux financeurs, en l’occurrence les conseils généraux et les caisses de Sécurité sociale. Dans un secteur qui peine déjà à faire face à des besoins sans cesse croissants, les suppressions d’emplois se multiplient  : 10 000 en 2010 et sans doute autant cette année pour les seuls services d’aide à domicile, selon des chiffres officiels. Soit un vaste plan social, qui, s’il n’apparaît pas comme tel du fait du manque de visibilité de cette activité, n’en a pas moins de lourdes conséquences, tant pour les salariés touchés que pour les publics bénéficiaires de l’aide. Derrière les budgets refusés par le gouvernement, ce sont des heures d’intervention, de solidarité concrète, dont on prive des personnes âgées, des handicapés, des familles en difficulté.

Surdité gouvernementale

Début 2011, seize fédérations d’associations non lucratives représentant les principaux acteurs de l’aide à domicile avaient lancé un SOS  : elles réclamaient d’urgence un ballon d’oxygène de 100 millions d’euros, pour éviter une hécatombe dans leurs rangs. Le gouvernement est resté sourd. En totale contradiction avec la promesse faite par la ministre du Budget Valérie Pécresse d’épargner « les plus fragiles », le plan d’austérité annoncé par François Fillon les met en effet à contribution puisque la réforme de la prise en charge de la perte d’autonomie, annoncée depuis 2007, et qui devait être le dernier grand chantier social du quinquennat, est à nouveau reportée, à 2012. En pratique, cela aura pour effet de « précipiter la fin de l’accompagnement de nombreuses personnes fragiles et la fermeture de plusieurs structures », prévient l’UNA, premier réseau de services à domicile. « La dépendance n’est pas qu’un problème financier, c’est une question de morale », plaidait Sarkozy en février dernier. Nous avons, si besoin était, confirmation du sens de l’éthique chez le chef de l’État  : sur son échelle de valeurs, l’aide à l’autonomie passe après la satisfaction des exigences des marchés financiers.

Une provocation

« Traiter ce dossier dans le contexte économique et financier que nous connaissons aujourd’hui, dans l’urgence, ne serait pas responsable », argue François Fillon. Une explication reçue comme une provocation. L’urgence ? Voilà quatre ans que la dépendance fait l’objet de rapports et de concertations. Les déficits publics ? Les 100 millions d’euros réclamés par les associations, et même les quelque 2 milliards qu’exigerait une réforme d’ensemble, selon Mme Bachelot, sont à comparer avec les 2 milliards d’allègement de l’ISF. La crise ? dans une telle période, « les engagements envers les plus fragiles sont encore plus essentiels », note Pascal Champvert, d’AD-PA. Et l’accompagnement des plus fragiles est « un facteur de sortie de crise par la création de nombreux emplois non délocalisables ».

Yves Housson


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