Après l’incapacité du mouvement de la gauche antilibérale à se rassembler autour d’un candidat unique, traduite par la désignation par le PCF de sa secrétaire générale, Marie-George Buffet, il y a lieu de s’interroger sur les raisons de cet échec et sur les conséquences à en tirer.
Quatre coups ont été chronologiquement portés à notre mouvement par l’une ou l’autre de ses composantes :
1/ le refus de la majorité de la LCR de s’inscrire dans le cadre d’une candidature unique et la désignation d’Olivier Besancenot,
2/ le retrait de José Bové,
3/ la pétition de Clémentine Autain et de Yves Salesse,
4/ la désignation par le PCF de sa secrétaire générale comme candidate de la gauche antilibérale, en fait du seul PCF.
Aucun des promoteurs de ces coups ne me paraît mériter notre colère absolue. Chacun avait ses raisons plus ou moins critiquables, mais explicables.
En dehors de toutes les considérations liées aux intérêts du mouvement antilibéral, le PCF et la LCR trouvent un avantage particulier et identique à présenter leur candidat coûte que coûte. Il est le résultat de notre système politique. Une candidature est une chance, voire une garantie, d’exister et de bénéficier de finances publiques. Il infère de cette réalité, que ces deux organisations, les plus puissantes et les mieux organisées de notre mouvement, avaient un objectif qui ne pouvait pas être celui des autres composantes, sans qu’il y ait lieu à les critiquer.
Venons-en maintenant aux considérations politiques qui ont déterminé des comportements centrifuges. A moins qu’ils n’aient été surdéterminés par les intérêts particuliers, évoqués plus avant, de la LCR et du PCF.
Je vais insister plus particulièrement sur les deux coups qui ont le plus pesé sur le cours des événements.
LE RETRAIT DE LA LCR
D’emblée, la LCR a marqué ses réticences pour une candidature unique, estimant que les problèmes relatifs à l’éventuel désistement de notre candidat(e) au 2ème tour de l’élection présidentielle, en faveur de Ségolène Royal, s’il ou elle arrivait derrière elle au premier tour, n’avait pas fait l’objet d’un débat suffisamment approfondi. Faut-il que ce désistement soit automatique ou conditionnel ? La question mérite d’être posée. Il fallait en discuter davantage.
De la même façon, la LCR, militant pour un refus absolu de participation de la gauche antilibérale à un gouvernement avec les sociaux-libéraux, n’a pas considéré la réponse des autres composantes comme suffisamment claire. A tort, à mon avis.
LA DECISION DU PCF DE DESIGNER Marie George Buffet
Cette désignation, probablement surdéterminée par les intérêts particuliers du PCF, déjà évoqués, s’est nourrie d’une mauvaise appréciation, délibérée ????, de son poids à l’intérieur du mouvement antilibéral. Electoralement, le PCF seul ne pèse qu’autour de 3 % des voix, alors que le mouvement antilibéral, avec en son sein le PCF, peut raisonnablement obtenir 10 à 15 % des voix.
Le PCF se réclame des 61 % obtenus par leur candidate, MGB, dans les collectifs locaux, pour l’imposer à la gauche antilibérale. Ce faisant, le PCF ne veut pas tenir compte que du fait de la puissance de ses forces militantes, il était sur-représenté à l’intérieur de ces collectifs locaux. Je considère que son attitude constitue un déni de la démocratie.
En revanche, je lui accorde les circonstances atténuantes, parce qu’il est vrai que si MGB n’a pas franchi le cap du double consensus (avis convergents des collectifs locaux et des organisations parties prenantes dans le collectif national), aucun des autres candidats en lice n’était en mesure d’obtenir ce double consensus. Et comme la nature a horreur du vide, il était fatal que le plus fort dans notre conglomérat s’y engouffre.
Quant aux coups portés par José Bové puis par Clémentine Autain et Yves Salesse, ils sont le résultat de leur clairvoyance, qui les a amenés à pressentir ce qui allait être l’attitude du PCF : imposer leur candidate MGB. Ils ont certainement eu tort d’avoir raison trop tôt, mais qui peut les en blâmer ?
Reste qu’aujourd’hui, les non-membres de la LCR et du PCF, mais pas moins antilibéraux qu’eux, sont orphelins d’un candidat pouvant se targuer de représenter toute la gauche antilibérale, à l’exception de Lutte Ouvrière.
Je n’entends jeter l’anathème contre aucun des protagonistes du mouvement antilibéral. Tous restent mes camarades. Nous nous retrouverons ensemble nécessairement.
QUE VA-T-IL SE PASSER MAINTENANT ?
Le risque est grand que les électeurs antilibéraux s’éparpillent dans les urnes, au premier tour de l’élection présidentielle. Certains vont directement voter utile pour la Royal, d’autres vont voter pour la candidate du PCF, d’autres pour Besancenot et même pour Laguiller ou Voynet, et d’autres, enfin, pourraient s’abstenir. Quel gâchis !
Pour ce qui me concerne, je ne peux me résoudre à voter dès le premier tour pour Ségolène Royal, la trouvant trop ambiguë vis-à-vis du libéralisme et sur sa conception de l’Europe. Les deux problèmes sont d’ailleurs liés.
La mort dans l’âme, je voterai certainement pour Marie-George Buffet, parce que je suis convaincu que tous les antilibéraux ont absolument besoin de préserver l’existence du seul outil antilibéral à leur disposition (élus, militants, locaux, journaux national et régionaux,....).
Pour l’heure, il me semble que les antilibéraux non-membres du PCF et de la LCR doivent continuer à faire entendre leur voix au sein de comités locaux, à l’activité desquels devraient être associés les minoritaires du PCF et de la LCR. Rien ne devrait empêcher ces comités locaux nouvelle mouture de garder des liens étroits avec le PCF et la LCR. Il s’agit de ne pas insulter l’avenir. Rien ne serait plus désastreux que de nous lancer dans des philippiques publiques. Nous avons mieux à faire tous ensemble : penser immédiatement à l’étape suivante, celle des élections législatives. Et puis n’oublions pas que certains veulent ressusciter le traité constitutionnel européen, y compris en France, y compris à gauche.
Robert Mascarell, adhérent de PRS 12
le 24 décembre 2006
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