La Lituanie constitue en1926 un Etat d’Europe du Nord, riverain de la Baltique, frontalier de l’Allemagne, de la Pologne, de la Russie et de la Lettonie. Sa situation géographique en fait un enjeu très important pour les Etats capitalistes qui ont constitué entre 1918 et 1922 un « cordon sanitaire » entre URSS et Europe (Turquie, Roumanie, Hongrie, Pologne, Etats baltes).
Lorsque la Première guerre mondiale commence en 1914, la Lituanie fait partie de l’immense empire tsariste.
En 1915, l’armée allemande, victorieuse des troupes russes, envahit le territoire lituanien dans lequel elle laisse se développer :
un parti national démocrate-chrétien (le catholicisme lituanien présente des caractéristiques proches du catholicisme polonais dans son rapport à l’histoire du pays et à la société).
un processus de création d’un Etat lituanien allié (conférence des lituaniens en septembre 1917, mise en place d’un Conseil de Lituanie peu réprésentatif, Acte d’indépendance le 16 février 1918).
En juillet 1918, un prince du Wurtemberg, Guillaume d’Urach, est élu roi de Lituanie par la majorité démocrate-chrétienne du Conseil national ; les socialistes s’en retirent pour marquer leur total désaccord.
En novembre 1918, l’Allemagne reconnaît sa défaite face aux alliés français, anglais, américain, italien… Le prince allemand ne vient pas en Lituanie où la république est proclamée. Le gouvernement provisoire toujours dominé par les démocrates chrétiens négocie avec l’Allemagne voisine une aide financière et militaire pour affronter les « Rouges ». Un gros corps franc de volontaires allemands commandés par le général Von Eberhardt constitue alors l’ossature d’une armée blanche pour combattre la République socialiste soviétique de Lituanie proclamée le 27 février 1919.
En mai 1920, l’Armée rouge progresse sur tous les fronts de l’Ouest (en particulier face à l’armée polonaise). L’Union soviétique reconnaît l’indépendance totale de la Lituanie, y compris sur la région de Wilno dans laquelle les régiments au drapeau rouge sont alors vainqueurs et très présents.
Malgré le coup de force polonais sur cette région de Wilno en octobre 1920, l’Etat lituanien survit aux guerres baltiques. Il met en place à partir d’avril 1922 une réforme agraire frappant les grands propriétaires et adopte en août 1922 une constitution assez avancée comprenant le suffrage universel des deux sexes, la représentation proportionnelle au Parlement, l’élection d’un président de la république.
De 1922 à 1926, se succèdent des majorités marquées à droite. Au plan social, les grands propriétaires retrouvent des marges de manœuvre pour combattre la réforme agraire. Au plan politique, les conservateurs critiquent sans cesse la constitution de 1922.
Le 7 juin 1926, le candidat de la gauche nommé Kazys Grinius est élu président de la république. Il s’agit d’un médecin progressiste, membre du parti agraire populaire, déjà premier ministre de 1920 à 1922, artisan et signataire à cette époque du traité d’indépendance conclu avec l’URSS.
Aussitôt, les représentants de l’oligarchie, des officiers supérieurs conservateurs, les dirigeants démocrates chrétiens et les fascistes s’entendent pour préparer un coup d’état.
Le 17 décembre 1926, l’armée investit les points stratégiques et lieux du pouvoir. Grinius doit démissionner. Il accepte contre la promesse que la constitution de 1922 sera maintenue.
Les deux principaux dirigeants politiques du putsch se nomment :
Antanas Smetova, chef d’entreprise et dirigeant patronal important, démocrate chrétien président de l’Association des nationalistes lituaniens, vice-président du conseil de la banque internationale.
Augustinas Voldemaras, dirigeant très actif du courant fasciste
Ces deux hommes partagent un même fond idéologique démocrate chrétien aux caractéristiques fascisantes : autoritarisme, nationalisme, cléricalisme virulent (Voldemaras écrira une Vie du Christ).
Antanas Smetova devient président de la république et Voldemaras premier ministre.
Malgré leurs promesses du coup d’état, la constitution de 1922 est abolie ; les syndicats de salariés et partis politiques sont interdits, la presse placée sous censure, le Parlement dissous et non réélu, une évolution dictatoriale immédiatement engagée.
De 1926 à 1929, le gouvernement et la droite classique engagent délibérément la Lituanie dans la foulée de la montée fasciste.
L’organisation fasciste Gelezinis Vilkas (Loup de Fer) se développe avec Voldemaras comme président actif et Smetova comme président d’honneur.
L’Eglise occupe une place centrale dans la vie culturelle et sociale, l’armée dans la vie du pays lui-même.
En 1929, Smetova, plus lié au grand capital international que Voldemaras, destitue ce dernier lors d’un nouveau putsch et dirige seul le pays jusqu’à la Seconde guerre mondiale.
De 1934 à 1941, les Loups de Fer reçoivent un soutien et une aide matérielle importante de la part de l’Allemagne nazie.
Lorsque Hitler attaque l’Union soviétique en 1941, ses militaires et SS trouvent ici comme en Lettonie et Estonie une aide utile pour les basses besognes parmi les fascistes baltes des années 1930.
Augustinas Voldemaras était le parrain de Viktor Adamkus futur président de la république lituanienne de 1998 à 2009.
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