Un tribunal Lituanien considère que la croix gammée fait partie du patrimoine national

dimanche 20 juin 2010.
 

Le tribunal de la ville lituanienne de Klaipeda (ex-Memel) a rendu une décision, au prime abord, aussi surprenante que consternante le 19 mai dernier. Statuant sur le sort de trois néo-nazis qui avaient arboré lors de la journée de l’Indépendance, en février dernier, des drapeaux avec des croix gammés, tout en scandant des chants anti-communistes et anti-sémites à la gloire du IIIème Reich, le tribunal les a relaxés.

En effet, le tribunal estime que la croix gammée fait partie de « notre patrimoine historique » et explicite sa décision en en faisant « un symbole important de la culture Baltique, un signe hérité de nos ancêtres ». Comble de l’hypocrisie, le tribunal affirme haut et fort que « ce n’est pas un attribut nazi (sic) et qu’ils nous a été volés et dévoyés par d’autres peuples ».

Ce verdict ne fait pas que relaxer les trois prévenus, elle légitime leur action comme patriotique. Ce n’était par ailleurs pas la première fois que ce genre d’événements se produisait, des symboles nazis avaient déjà été publiquement déployés au moins deux fois (dont le 1er mai dernier) dans le passé sans que les néo-nazis en question n’aient jamais été poursuivis.

Rien d’illogique quand on sait qu’en Lituanie le passé soviétique est abhorré par les nationalistes lituaniens, que face à une résistance soviétique au nazisme dénigrée, c’est en fait une résistance lituanienne pro-nazie qui en ressort magnifiée.

C’était le sens de la révision constitutionnelle de juin 2009*, dénoncée par le Parti socialiste [qui regroupe essentiellement les communistes depuis l’interdiction du Parti communiste en 1991] qui envisageait des poursuites pénales et des peines de prison allant jusqu’à 5 ans d’incarcération contre quiconque nierait « les génocides commis par le communisme et le nazisme » et diffamerait les « membres du mouvement de lutte pour la liberté de la Lituanie – des combattants volontaires, qui dans les années 1944-1953 se sont battus par les armes contre l’occupation soviétique ».

Outre qu’elle mettait sur le même plan communisme et nazisme, cette résolution faisait des « résistants nationalistes » lituaniens de la fin des années 1940 des héros intouchables. Or, elle constitue une réhabilitation de collaborateurs à l’occupation nazie et de combattants formés à partir de 1943-1944 par l’armée nazie en retraite pour harceler les arrières soviétiques.

Autrement dit, la Lituanie criminalise les symboles communistes, le parti communiste, toute référence à l’histoire soviétique mais légitime dans le même temps la « résistance nationale lituanienne » collaboratrice et la croix gammée comme faisant partie du « patrimoine national ».

Finalement, la décision de la ville de Klaipeda se révèle aussi logique que consternante.


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