Les Grecs refusent le plan d’austérité : Le mouvement des indignés grecs se renforce (7 articles)

samedi 18 juin 2011.
 

Le dimanche 5 juin 2011 restera comme une date significative dans l’histoire grecque. Ce jour-là, Athènes a connu sa plus grande manifestation depuis 30 ans, au douzième jour consécutif des manifestations des « indignés » qui ont commencé le 25 mai de manière spontanée au travers des réseaux sociaux. L’assemblée populaire célébrée sur la Place Syntagma (Constitution) a décidé de tenter de bloquer le vote par le parlement du second « plan de sauvetage » que le gouvernement a décidé avec la troïka de l’UE, du FMI et de la BCE.

La Place de la Constitution, en face du parlement, était entièrement remplie de gens. En outre, les participants occupaient toutes les rues adjacentes jusqu’à près d’un kilomètre dans chaque direction. La police parle de 80.000 manifestants, les grands médias évoquent plus de 200.000 personnes et médias alternatifs de près de 300.000. Quoi qu’il en soit, toutes les estimations convergent sur le fait que la participation a été double à celle du dimanche 29 mai.

Malgré la forte présence intimidatrice de la police anti-émeutes, l’événement a de nouveau été non violent et festif. De 18h jusqu’à l’aube, le peuple n’a pas cessé d’exprimer sa rage contre le parlement, avec des slogans, des chansons, et le geste typique d’insulte grec ; la paume ouverte.

Les cris de « Dehors ! Dehors ! » et « Nous ne payerons jamais » vibraient dans le centre de la ville. Certains portaient des drapeaux grecs et d’autres des drapeaux espagnols ou d’autres pays de la Méditerranée. Un groupe d’immigrés égyptiens, portant une pancarte sur laquelle on lisait « La Place Tahrir salue la Place de la Constitution » a été reçu par un tonnerre d’applaudissements.

A 21 heures s’est déroulée une assemblée populaire géante. Plus de 5000 personnes se sont assises dans le cœur de la place pour participer à ce processus de « démocratie directe » revendiqué par la mobilisation, avec des milliers d’autres assistant autour. L’émotion et la joie ont explosé quand sont apparues sur un écran géant les images en direct depuis la Puerta del Sol à Madrid.

Aux salutations fraternelles et chaleureuses des camarades espagnols, l’assemblée a répondu avec des applaudissements et le slogan « le peuple uni ne sera jamais vaincu » chanté en espagnol. C’est avec le même enthousiasme que furent reçus les salutations d’autres mouvements en Amérique latine, particulièrement ceux des Mères de la Place de Mai en Argentine.

A côté des aspects « quantitatifs », au fil des jours, le mouvement des indignés grec semble renforcer son organisation et radicaliser son discours. L’assemblée athénienne a décidé d’empêcher le vote parlementaire sur le second plan de sauvetage que le gouvernement a accordé avec la « troïka ».

L’idée est de bloquer le parlement dès la veille du vote, afin que les députés ne puissent même pas entrer dans l’hémicycle. La date de ce vote est prévue pour la fin du mois de juin, et l’assemblée a formé des groupes pour concrétiser un plan d’action.

Cependant, l’horizon du mouvement va plus loin que l’actualité politique et des questions de la crise et de la dette publique. Si le slogan central reste « Nous ne devons rien, nous ne vendrons rien et nous ne payerons rien », les places grecques donnent lieu à processus de formation et d’imagination collectives qui tournent les regards vers une société radicalement différente de celle d’aujourd’hui.

Dans des assemblées thématiques, avec la participation d’intellectuels et d’académiciens, on discute des possibilités d’un système politique réellement démocratique et d’une organisation de la vie économique qui corresponde aux besoins de tous et non aux profits de quelques uns. L’idée de lutter pour une Assemblée Constituante afin de concrétiser ces changements dans une nouvelle constitution gagne du terrain.....

par Yorgos Mitralias

Source : http://www.gauche-anticapitaliste.c...

6) En Grèce, ils sont en train de dépecer le secteur public et de hacher menu les droits politiques et sociaux de la population !

« Ils », ce sont les oligarques de l’Union européennes (les commissaires européens, les membres du Conseil des gouverneurs de la Banque Centrale européenne, les chefs d’État et de gouvernements des États-membres de l’Union), les dirigeants du FMI et le gouvernement du Premier ministre socialiste grec, George Papandréou.

Pour parvenir à leurs fins, les « hommes en noir » de l’UE et du FMI n’ont pas lésiné. Ils ont commencé par refuser de débloquer une tranche de 12 milliards correspondant à une partie des 110 milliards de crédit accordés à la Grèce en mai 2010. Ils ont ensuite fait miroiter la promesse d’un nouveau prêt, remboursable en 3 ans, d’un montant global de 30 milliards d’euros (20 milliards pour l’UE et 10 milliards pour le FMI).

En contrepartie, ils ont exigé que la Grèce accélère la privatisation de ses services publics et mette en place un nouveau « plan d’austérité » venant s’ajouter aux quatre précédents.

Le gouvernement grec ayant accepté leurs diktats, ils ont (pour le moment du moins) décidé de débloquer la tranche de 12 milliards d’euros du prêt déjà accordé en 2010 et d’allouer à la Grèce un nouveau prêt de 30 milliards d’euros en 2012.

Le drame qui se déroule aujourd’hui en Grèce a déjà commencé à se jouer en Islande, en Irlande, au Portugal, en Espagne et risque fort, si l’on laisse les mains libres aux dirigeants de l’Union Européenne (UE) et du FMI, de se jouer demain en Italie, en Belgique, en France…

Ce drame a pour toile de fond un triple déni.

Un déni humain, d’abord

Privatiser

Sans le moindre souci des dizaines de milliers de licenciement qui en résulteront, sans le moindre souci de fouler aux pieds les droits d’accès égalitaire à ces services pour des millions de Grecs, les services publics grecs sont vendus à l’encan. Il faut faire vite assurent l’UE et le FMI, soi-disant pour « rassurer les marchés financiers », en réalité pour offrir le secteur public grec aux multinationales américaines et européennes à des prix bradés.

Ce sont des sommes énormes qui sont en jeu. 50 milliards d’euros d’ici 2015 : cela équivaut (en proportion des PIB respectifs) à 450 milliards d’euros en France !

Trente entreprises dans lesquelles l’État détient la totalité ou une partie du capital devront être livrées au secteur privé : OTE (numéro un des Telecoms) ; Trainose (la compagnie nationale des chemins de fer) ; les ports du Pirée (Athènes) et de Salonique ; le groupe gazier DEPA ; les licences de téléphonie mobile ; les société des eaux d’Athènes et de Salonique ; l’aéroport international d’Athènes ; la société d’autoroutes Egnatia Odos ; la Poste hellénique ; les ports régionaux ; DEI Électricité de Grèce ; les aéroports régionaux, les participations de l’État dans les banques grecques ; la Banque postale ; la Banque agricole ATE ; la Caisse des dépôts et consignations …

En abandonnant ces entreprises, l’État grec abandonne également ce que, chaque année, elles rapportaient aux finances publiques. C’est une politique à courte vue qui contribuera rapidement à plomber son budget en diminuant ses recettes.

Déjà, en 2010, le refus de diminuer les dépenses d’armement du budget de la défense grecque (le 2ème budget du monde en proportion du PIB) pour ne pas léser les marchands de canons, d’avions de guerre, de missiles, d’hélicoptères, de sous-marins… avait montré que « l’impératif de la diminution du déficit » grec devait s’incliner devant des intérêts supérieurs, ceux des multinationales de l’armement, avant tout américaines, françaises, britanniques et allemandes.

Aujourd’hui, l’indécent bradage du secteur public grec met en plein lumière l’objectif réel de la Troïka (UE, Banque Centrale Européenne, FMI) : satisfaire la voracité des multinationales américaines et européennes en leur livrant les entreprises du secteur public grec. Le gouvernement grec vient d’annoncer la cession de 10 % d’OTE à l’allemand Deutsche Telekom. Il avait, auparavant, annoncé l’allongement de la durée de la concession de l’aéroport d’Athènes au groupe allemand Hotchief. Un premier « portefeuille » de terrains et propriétés sera proposé, dès ce mois-ci, aux investisseurs internationaux pour des concessions à long terme, privant ainsi, la Grèce d’autant de recettes liées au tourisme.

La vente et le produit de la vente de tous ces actifs publics devraient être placés sous la responsabilité d’un fonds de privatisation géré par des « experts » étrangers à la Grèce afin de donner aux détenteurs de la dette publique toutes les garanties possibles. Pour le FMI et l’UE, la Grèce n’est plus un État souverain. Les citoyens grecs sont privés de leurs droits politiques.

Un 5ème plan d’austérité

Le gouvernement grec essaie, également, sous la pression de la Troïka, d’imposer un 5me plan d’austérité au peuple grec. Qu’importe, là encore, le coût humain de ce plan.

Les 4 premiers plans ont imposé une réduction des salaires du secteur public de 20 %. Les allocations chômages ont été réduites et le système d’aide aux pauvres, mis en place en 2009, a été suspendu. La précarité s’étend à grande vitesse dans le privé où les contrats individuels remplacent de plus en plus les conventions collectives. La pratique de stages très longs et très peu rémunérés se généralise. Le recours à l’intérim devient habituel dans le secteur public. L’âge de départ en retraite a été reculé. Les pensions, après avoir été réduites, sont gelées. Le taux plafond de la TVA est passé de 19 à 23 % alors que l’impôt sur les sociétés était réduit et que le premier propriétaire foncier du pays, l’Église orthodoxe, était très largement épargné.

Le nouveau plan d’austérité impose des augmentations ciblées de la TVA, de nouvelles baisses des salaires, le licenciement de salariés de la fonction publique à temps plein, la fermeture ou la fusion de 75 entités publiques (dont l’audiovisuel public ERT) pour atteindre 6,4 milliards d’euros d’économies supplémentaires en 2011 et 22 milliards d’ici 2015 (l’équivalent, en France, de 56 puis de 193 milliards d’euros), de nouvelles baisses de rémunération dans le secteur public, une diminution des dépenses de santé publique, la légalisation des constructions illégales (un million environ…) pour pouvoir verser 1 milliard d’euros aux créanciers de la dette grecque, au détriment du patrimoine grec et de son tourisme… Tant pis, si là encore, l’UE et le FMI tuent la poule aux œufs d’or : l’important est de rafler le plus rapidement possible tout ce qui peut l’être.

Un déni économique, ensuite

L’ « aide » de 110 milliards d’euros apportée par l’UE et le FMI devait, selon ces derniers, permettre à la Grèce à la fois de rétablir ses finances publiques et d’activer sa croissance, grâce à des « mesures structurelles fortes », les plans d’austérité et de privatisation. L’objectif affiché de l’UE et du FMI était que la Grèce puisse retourner, dès 2012, sur les « marchés financiers » pour émettre de nouveaux emprunts d’État à un taux « normal », bien plus faible que les 15 % qu’exigeaient les marchés financiers en avril 2010.

Un an après, les résultats sont édifiants.

Le plan d’austérité a étouffé la croissance de l’économie grecque qui, loin de redémarrer comme le prévoyaient « les hommes en noir » du FMI et de l’UE a, au contraire, encaissé un recul de 4,5 % de son PIB en 2010. Quant au taux de chômage (officiel), il est passé, en un an de 12 à 16 % de la population active ! En diminuant, l’emploi, les salaires, les retraites, les allocations sociales et l’investissement public, les plans d’austérité successifs ont étouffé la croissance de l’économie grecque.

Le rétablissement des finances publiques se retrouve dans la même impasse

En un an, la dette publique est passée de 139 % à 150 % du PIB. Le déficit public devait, selon l’UE et le FMI, baisser à 7,6 % en 2010 et à 6,5 % en 2011. Il s’élevait, en fait, à 10,5 % en 2010 et la Commission européenne anticipe, aujourd’hui, un déficit de 9,5 % du PIB en 2011 et de 9,3 % en 2012.

Comment pouvait-il en être autrement ? La récession due aux plans d’austérité entraîne une diminution du PIB en même temps qu’une diminution des recettes publiques. Le pourcentage de la dette publique en fonction du PIB ne peut alors qu’augmenter, même si les dépenses publiques et sociales diminuent.

En mai 2011, les emprunts obligataires grecs étaient émis à des taux record : 16,5 % sur dix ans et 24,5 % à 2 ans ! 14 points de plus que l’Allemagne dans le premier cas et 22,4 points dans le second. Des taux encore plus élevés qu’en avril 2010. La perspective de voir la Grèce pouvoir retourner sur les marchés financiers en 2012 afin de réémettre de nouveaux emprunts à taux « normal » et faire face aux échéances de remboursement de sa dette a donc fait long feu.

En regard de l’objectif affiché, ce plan est un échec sur toute la ligne. La Grèce n’est pas confrontée à un simple problème de « liquidités », comme le diagnostiquaient l’UE et le FMI. C’est à un problème de « solvabilité » que la Grèce se heurte : elle est dans l’impossibilité de rembourser sa dette.

Le prêt éventuel de 30 milliards d’euros de l’UE et du FMI constitue l’aveu d’un nouvel échec de ces deux institutions, celui de l’impossibilité pour la Grèce de se refinancer sur les marchés des capitaux avant 2015.

Ce prêt aurait pour résultat immédiat d’augmenter automatiquement le montant de la dette publique grecque de 342 à 372 milliards d’euros (165 % du PIB grec). Avec les déficits qui, avec la même politique, s’accumuleront au cours des prochaines années c’est vers les 200 % du PIB que vogue allègrement la dette publique grecque.

Quant à la perspective tracée par les dirigeants de l’UE et du FMI, de voir le déficit public annuel ramené à 1 % du PIB en 2015 c’est un défi à toute logique économique.

Les plans d’austérité à répétition imposée par l’UE et le FMI ont eu pour résultat d’asphyxier l’économie de la Grèce et d’aggraver profondément la situation de ses finances publiques. Mais l’UE et le FMI se refusent à tirer la moindre leçon de leur échec. Au contraire, ils persévèrent et, sous la menace, obligent la Grèce à accentuer la saignée à blanc de son économie.

La situation de l’économie grecque ne pourra donc qu’empirer. Particulièrement dans un contexte où la généralisation des plans d’austérité en Europe accentue les risques de récession sur tout le continent et diminue, du même coup, les possibilités de trouver de nouveau débouchés extérieurs pour une Grèce dont les plans d’austérité étouffent la demande interne.

Un déni de responsabilité, enfin

Les banques privées, et avant tout les banques françaises et allemandes, portent l’essentiel de la responsabilité de l’explosion de la dette publique grecque à partir de 2008

En 2007 et 2008, pour éviter aux banques européennes de faire faillite, à la suite de la crise des « subprimes », la BCE et la FED (Réserve fédérale des États-Unis) leur ont prêté des milliards d’euros à des taux extrêmement bas.

Les grandes banques européennes ont alors utilisé une partie de ces fonds pour augmenter leurs prêts aux pays de la périphérie de la zone euro, notamment la Grèce. A des taux, bien évidemment, beaucoup plus élevés.

Fin 2008, les détenteurs étrangers de la dette publique grecque étaient les banques et les sociétés financière de France (20 %), d’Allemagne (15 %) ; d’Italie (10 %) du Royaume-Uni (9 %), de la Belgique (9 %), du Luxembourg (8 %) [1]…

Les banquiers considéraient qu’ils pouvaient gagner beaucoup en spéculant sur la dette grecque, sans courir de véritable risque puisqu’ils bénéficiaient du soutien sans faille des banques centrales et des oligarques qui dirigent l’UE.

Ce soutien inconditionnel, accordé aux dépens du peuple grec, doit cesser. Les grandes banques européennes doivent assumer la responsabilité de leurs pratiques spéculatives. Elles ont misé gros pour empocher gros mais elles ont perdu. Les titres de la dette grecque n’ont plus, aujourd’hui, la même valeur qu’en 2008. Les banques se sont grossièrement trompées dans leurs estimations. Elles doivent en tirer les conséquences en entérinant la perte de valeur des titres de la dette grecque qu’elles ont en leur possession ; en effaçant de leurs comptes la plus grande partie de leurs créances sur l’État grec et en provisionnant ces pertes dans leurs comptabilités.

L’Union européenne et le FMI ont fait un petit pas en ce sens en demandant que les banques grecques prennent en charge une partie de la dette grecque. Elles devraient, pour cela, s’engager à acheter de nouveaux titres de la dette de leur pays lorsque les titres qu’elles détiennent aujourd’hui arriveront à échéance.

Mais cet effort n’est demandé aux banques grecques que sur la base du « volontariat ».

Surtout, cet effort ne s’adresse qu’à des comparses (les banques grecques) et permet encore aux véritables responsables de la crise de la dette publique grecque, les grandes banques européennes, allemandes et françaises en premier lieu, de s’exonérer de leur écrasante responsabilité.

Pourquoi un tel acharnement à ne pas demander de comptes aux banques européennes ?

Pour éviter un « effet domino » ?

Le domino grec entraînant dans sa chute (la restructuration de sa dette publique) celle des dominos irlandais, portugais, espagnols relève en effet du cauchemar pour la Troïka. Leur politique actuelle n’est pourtant qu’une variante du « encore une minute monsieur le bourreau ! » Les 50 milliards de privatisation ne représentent, en effet, que 13,5 % du montant actuel de la dette publique grecque. Avec l’avis intéressé des agences de notation, les spéculateurs vont rapidement s’en apercevoir. Ils vont très rapidement prendre conscience, également, qu’un total de 140 milliards de prêts accordés à la Grèce pour éviter – temporairement – la restructuration de sa dette publique c’est beaucoup trop et que l’UE et le FMI ne pourront pas accorder des sommes équivalentes au Portugal, à l’Irlande et surtout une somme 4 ou 5 fois plus élevée, à l’Espagne.

Pour sauver une nouvelle fois les banques ?

Mais la politique menée par l’UE et le FMI encourage les pratiques spéculatives les plus insensées de ces banques. Sûres de leur impunité et mues uniquement par la perspective de gains spéculatifs de l’ordre de 20 % ou 25 %, elles se retrouveront donc, tôt ou tard, face au même risque de faillite qu’en 2007-2008. A une différence près : les banques centrales et les États auront déjà utilisés la plus grande partie de leurs munitions et leur sauvetage sera des plus improbables.

Pour éviter la contagion de cette faillite à toute l’économie il faudrait, dès aujourd’hui, empêcher les banques de nuire en les nationalisant car c’est la seule méthode pour mettre à jour leurs « actifs toxiques », les empêcher de spéculer, de multiplier les fusions-acquisitions et faire en sorte que leur activité se limite strictement au financement de l’économie. Activité qui devrait être au centre de leurs préoccupations mais qui n’est pour elles, aujourd’hui, que la 5ème roue de leur carrosse.

C’est-à-dire qu’il faudrait agir exactement à l’inverse de ce que préconisent l’UE et le FMI en Grèce lorsqu’ils exigent la privatisation de la Banque postale, de la banque agricole, de la Caisse des dépôts et consignations…

Le peuple grec a le droit de décider la part de sa dette publique qui doit ou ne doit pas être remboursée

Le Parti socialiste grec, le Pasok, est aujourd’hui, majoritaire au Parlement. Il a donc toute la légitimité nécessaire, en s’appuyant sur le mouvement social grec (des « indignés » de la place Syntagma aux salariés mobilisés par les organisations syndicales), pour décréter un moratoire sur le remboursement de la dette, suspendre tout remboursement, tout versement d’intérêt, arrêter les plans d’austérité ou de privatisation et organiser un audit démocratique, de la dette grecque.

Un audit qui rendrait enfin public tout ce que cache, à ses propres citoyens, la dette de la Grèce (comme toutes les dettes publiques). Un audit qui ferait participer démocratiquement les élus, les syndicats, les citoyens et leur permettrait de savoir quelle est l’origine de cette dette au nom de laquelle l’UE et le FMI exigent d’eux des sacrifices aussi inhumains.

Une fois, cet audit réalisé, il serait alors possible de consulter, par référendum, le peuple grec pour lui demander de décider quelle partie de la dette il estime être légitime et devrait donc être remboursée et quelle partie de la dette il estime illégitime et ne devrait donc pas être remboursée.

Au nom de quel principe, en effet, l’UE et le FMI peuvent-elles proposer aux banques grecques d’assumer leur part de responsabilité dans l’augmentation de la dette grecque sur la base du « volontariat » et ne pas proposer le même choix au peuple grec ? Ce dernier, contrairement aux banques grecques, n’a pourtant strictement rien à voir dans l’explosion de la dette publique. Il a continuellement été tenu à l’écart de ce qui se tramait jusqu’au jour où on lui a demandé de payer l’addition.

La dette publique contractée par les colonels grecs entre 1967 et 1974 est-elle légitime ?

La dette publique contractée pour les J.O. d’Athènes de 2004, alors que les coûts initiaux ont été multipliés par 10 pour le plus grand profit des spéculateurs, est-elle légitime ?

La dette publique contractée pour financer le plan de sauvetage des banques grecques en 2008 et 2009, dont le montant est, comme dans tous les pays européens, un véritable secret d’État, est-elle légitime ?

La dette publique (les 140 milliards de prêts de l’UE et du FMI), contractée en 2010 et 2011 pour sauver les grandes banques européennes de la faillite, est-elle légitime ?

L’augmentation des déficits publics et donc de la dette publique, due au refus de diminuer le montant des dépenses d’armement pour satisfaire les marchands de canon américains et européens, est-elle légitime ? Est-elle légitime alors-même que le Premier ministre turc, avait essuyé un refus définitif lorsqu’il s’était rendu, début 2010, à Athènes pour proposer une réduction de 20 % du budget militaire de chacun des deux pays ?

C’est au peuple grec, et à lui seul, d’en décider.

Jean-Jacques Chavigné

Notes

[1] Eric Toussaint « Grèce : tout un symbole de dette illégitime » sur le site du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM). La lecture de ce site (cadtm.org) est indispensable pour qui veut vraiment comprendre la réalité des dettes publiques des pays du Sud mais aussi des pays du Nord et notamment des pays de l’Union européenne. La préconisation par le CADTM d’un audit parlementaire et citoyen des dettes publiques, tel qu’il a été pratiqué en Équateur, est un outil extrêmement précieux dans la lutte pour l’annulation des dettes publiques illégitimes.

Source :

http://www.democratie-socialisme.or...

5) RÉVOLTE POPULAIRE DE MASSE EN GRÈCE

C’est désormais par centaines de milliers que les Indignés grecs déclarent la guerre a leurs bourreaux néolibéraux !

Deux semaines après ses débuts, le mouvement des « Indignés » grecs fait déborder les places des villes du pays par des foules énormes criant leur colère, et fait trembler le gouvernement Papandreou et ses soutiens locaux et internationaux. Ce n’est plus ni une simple protestation ni même une mobilisation d’ampleur contre les mesures d’austérité. Désormais, c’est une véritable révolte populaire qui balaie la Grèce ! Une révolte qui crie haut et fort son refus de payer « leur crise » et « leur dette » tout en vomissant le bipartisme néolibéral sinon l’ensemble d’un personnel politique aux abois.

Combien étaient-ils à la Place de Syntagma (Constitution) au centre d’Athènes, juste en face du Parlement, le dimanche 5 juin 2011 ? Difficile a dire car une des particularités de ces rassemblements populaires est que, faute de discours central ou de concert, il y a un va et vient permanent de manifestants. Mais, en tenant compte des responsables du métro d’Athènes, qui savent comment calculer le nombre de leurs passagers, il y a eu un minimum de 250.000 personnes confluant à Syntagma à cette mémorable soirée ! En somme, plusieurs centaines des milliers si on y ajoute les foules « historiques » rassemblées aux places centrales des dizaines d’autres villes grecques (voir la carte).

A ce moment s’impose pourtant une interrogation : comment est-ce possible qu’un tel mouvement de masse qui, en plus est en train d’ébranler un gouvernement grec au centre de l’intérêt européen, soit passé sous un silence assourdissant par tous les medias occidentaux ? Pendant, ses 12 premiers jours, pratiquement pas un mot, pas une image de ces foules sans précédent hurlant leur colère contre le FMI, la Commission Européenne, la Troika et aussi Mme Merkel et le gotha néolibéral international. Absolument rien. Sauf de temps en temps, quelques lignes sur « des centaines de manifestants » aux rues d’Athènes, a l’appel de la CGT grecque. Etrange prédilection pour les manifs squelettiques des bureaucrates syndicaux totalement déconsidérés au moment ou quelques centaines de mètres plus loin d’énormes foules manifestent jusqu’à très tard après minuit depuis deux semaines…

Il s’agit bel et bien d’une censure aux dimensions inconnues jusqu’à aujourd’hui. D’une censure politique très organisée et méthodique, motivée par le souci de bloquer la contagion de ce mouvement grec, de l’empêcher de faire tache d’huile en Europe ! Face a cette nouvelle arme de la Sainte Alliance de temps modernes, il faudra qu’on réagisse tous ensemble, tant pour dénoncer ce scandale que pour trouver les moyens de contourner cette interdiction d’informer les opinions publiques, par le développement de la communication entre les mouvements sociaux de toute l’Europe et la création de nos propres medias alternatifs…

Revenant aux Indignés grecs (Aganaktismeni, en grec), il faut remarquer qu’il s’agit d’un mouvement de plus en plus populaire ou même plébéien, a l’image d’une société grecque façonnée par 25 ans de domination absolue de l’idéologie (néolibérale) cynique, patriotarde, raciste et individualiste qui a tout transformé en marchandises. C’est pourquoi l’image qui en émerge est souvent contradictoire, mêlant le meilleur et le pire dans les idées comme dans les actes de chacun des manifestants ! Comme par exemple, quand la même personne manifeste de façon ostentatoire un patriotisme grec aux allures racistes tout en brandissant un drapeau tunisien (ou espagnol, égyptien, portugais, irlandais et argentin) pour manifester sa solidarité…internationaliste aux peuples en lutte de ces pays.

Doit-on conclure alors qu’on est en présence d’une foule de manifestants schizophrènes ? Absolument pas. Comme il n’y a ni de miracles, ni de révoltes sociales politiquement « pures », le mouvement des Indignés grecs se radicalise a vue d’œil tout en étant marqué par ces 25 ans de désastre social et moral. Mais, attention : toutes ses « tares » se subordonnent a sa caractéristique principale qui est son rejet radical du Mémorandum, de la Troïka, de la dette publique, du gouvernement, de l’austérité, de la corruption, de cette démocratie parlementaire fictive, de la Commission Européenne, en somme du système dans son ensemble !

Ce n’est pas donc un hasard que les centaines des milliers d’Indignés grecs s’époumonent depuis 14 jours en répétant des mots d’ordre éloquents tels que « On ne doit rien, on ne vend rien, on ne paye rien », « On ne vend et on ne se vend pas », « Qu’ils s’aillent maintenant tous, Mémorandum, Troika, gouvernement et dette » ou « Nous restons jusqu’à ce qu’ils s’aillent ». C’est un fait que des mots d’ordre de ce genre unissent tous les manifestants, comme d’ailleurs tout ce qui a trait au refus d’assumer et de payer la dette publique. C’est d’ailleurs pourquoi la campagne de l’Initiative pour une Commission d’audit de la dette publique fait un réel tabac pratiquement dans tout le pays et son stand en pleine Place de Syntagma soit en permanence assiégé par une foule de gens voulant signer son appel ou offrir leurs services comme volontaires…

D’abord presque totalement inorganisés, les Indignés de Syntagma se sont offert progressivement une organisation dont le summum est l’Assemblée populaire qui attire chaque soir a 21 h. plusieurs centaines de participants devant quelques milliers d’auditeurs très attentifs. Les débats sont souvent d’une grande qualité (p.ex. celui sur la dette publique), dépassant de loin tout ce qu’il y a de mieux sur les grandes chaines de télévision. Et tout ca malgré le bruit (on est en plein centre d’une ville de 4 millions d’habitants), le va et vient des dizaines des milliers de gens et surtout, la composition hétéroclite de ces auditoires monstres au milieu d’un campement permanent qui ressemble par moments à une vraie Tour de Babel.

Toutes ces vertus de la « Démocratie directe » expérimentée jour après jour a Syntagma, ne doivent pas nous faire oublier ses faiblesses, ses ambiguïtés ou ses tares comme p.ex. son allergie initiale a tout ce qui a trait aux partis, aux syndicats ou a toute collectivité établie. Si c’est indiscutable que cette aversion pour les « partis » est dominante dans les foules des Indignés grecs qui ont tendance a rejeter l’ensemble du monde politique sans distinction, il faut quand même noter l’évolution spectaculaire de l’Assemblée Populaire, tant a Athènes qu’a Salonique, qui est passé du rejet des syndicats a l’invitation de faire aboutir leurs manifestations a Syntagma afin que leurs travailleurs rejoignent les Indignés…

Evidemment, ce n’est pas un secret que, le temps passant, il y a eu une clarification du paysage politique de la Place de Syntagma, la droite et l’extrême droite populaire étant représentée parmi la foule en haut de la Place, juste devant le Parlement, et la gauche radicale et anarchisante occupant la Place elle-même et contrôlant l’Assemblée populaire et le campement permanent. Sans aucun doute, bien que cette gauche radicale donne le ton et laisse son empreinte sur toutes les activités et manifestations à Syntagma, les colorant d’un rouge profond, on ne peut pas conclure que les diverses nuances de la droite populiste, patriotarde, raciste ou même carrément neo-nazi vont cesser leurs tentatives d’influencer cet immense mouvement populaire. Elles vont persister et tout dépend, en dernière analyse, de la capacité de l’avant-garde du mouvement de l’enraciner profondément dans les quartiers, les lieux de travail et les écoles tout en le dotant d’objectifs claires faisant le pont entre ses énormes besoins immédiats et sa rage vengeresse et anti système.

Assez différent de son homologue espagnol par ses dimensions, sa composition sociale, sa radicalité et son hétérogénéité politique, le Syntagma grec partage avec la Place Tahrir du Caire ou la Puerta del Sol de Madrid la même haine pour l’élite politique et économique qui accapare et vide de tout contenu la Démocratie parlementaire bourgeoise aux temps du néolibéralisme le plus arrogant et inhumain. En même temps, il est traversé par le même désir participatif, démocratique et non violent qui marque profondément toute révolte populaire en ce début du XXIème siècle.

Notre conclusion ne peut être que très provisoire : indépendamment de la suite des événements, qui s’annoncent déjà cataclysmiques, le mouvement actuel des Indignés grecs aura marqué un tournant dans l’histoire du pays. Désormais tout est possible et rien ne sera plus comme avant…

Yorgos Mitralias

Source :

http://www.npa2009.org/content/r%C3...

4) Calendrier de la contestation grecque en juin 2011

Vendredi 3 juin :

Matin : Des militants du PAME, front syndical du KKE (PC grec) ont bloqué l’entrée du ministère grec des Finances, où se déroulent des négociations sur le sauvetage financier du pays. Ils ont déployé sur cinq étages du bâtiment une large banderole, sur laquelle était écrit : « 

Organise-toi et combats pour la révolution - Grève Générale ».

Après-midi : Appel à manifester du PAME

Samedi 4 juin : 11 h. : Appel à manifester des deux confédérations syndicales (Adedy, secteur public, et GSEE, secteur privé)

Dimanche 5 juin : Appel des Indignés à les rejoindre

Jeudi 9 juin : Grève dans les entreprises publiques

Mercredi 15 juin : Grève générale

Mardi 21 juin : Participation à la Journée d’action européenne"

http://www.humanite.fr/03_06_2011-g...

3) La solidarité internationale s’exprime à Athènes pour mettre fin à l’asservissement par l’endettement

http://www.cadtm.org/La-solidarite-...

C’est dans une salle bondée d’Athènes que la députée Sofia Sakorafa, récemment exclue du parti socialiste au pouvoir PASOK pour avoir refusé de voter les mesures d’austérité, introduit la conférence « Dette et austérité : du Sud global à l’Europe ». D’entrée, elle donne le ton en déplaçant la problématique de l’endettement au-delà des frontières et du clivage Nord / Sud : “La dette est liée à la question de classe”. En effet, l’enjeu de cette activité qui s’est déroulée du 6 au 8 mai 2011, un an, presque jour pour jour, après le « sauvetage » de la Grèce par le Fonds monétaire international (FMI) et la Commission européenne (C.E), est de tirer un enseignement des expériences du Sud contre la dette illégitime qui affecte en premier lieu les classes pauvres et de mobiliser pour son annulation. Il s’agit d’établir un lien entre le « Tiers-monde » et la périphérie de l’Europe en voie de « Tiers-mondialisation » (Grèce, Irlande, Portugal…), d’apprendre des expériences en Amérique latine et d’ailleurs pour tenter de récupérer une souveraineté dérobée aux citoyens et à l’Etat par leurs créanciers, d’établir des solidarités en Europe pour mieux lutter contre une dette oppressante envers les plus pauvres, et enfin, d’impulser une commission d’audit en Grèce afin de répudier la part illégitime de la dette qui n’a pas bénéficié à la population.

Au cours de ces 3 jours de conférence, se sont enchaînées les interventions souvent très radicales et, lorsque de la salle le public prend la parole, on sent une rage incommensurable contre l’injustice persistante de la dette. De ces débats ressort une volonté affirmée d’en finir avec l’oppression capitaliste. Il n’y a pas lieu ici de parler de réformisme mais bien d’un changement radical débouchant sur une réelle justice sociale sans asservissement par l’endettement. La restructuration de la dette ne changera pas le modèle d’exploitation qui se fait sur les épaules des plus faibles, cela ne résoudra pas le problème mais l’amplifiera en prolongeant d’autant l’échéance des remboursements. Il faut une annulation et l’audit est l’outil nécessaire pour y parvenir. L’audit est le préalable indispensable pour déterminer la part illégitime qui doit être déclarée irrecevable et nulle en droit. C’est un outil potentiellement très puissant, capable d’apporter une réponse à la crise, pour peu que ses travaux soient menés de manière indépendante, transparente et démocratique et que la commission soit à l’écoute des revendications portées par les citoyens afin d’être au service de ceux-ci.

Dans un pays qui, dans l’histoire du monde a donné naissance à une forme de gouvernement démocratique, l’immixtion de la Troïka (terme communément utilisé en Grèce pour désigner le trio FMI, Commission Européenne, Banque Centrale Européenne) dans les affaires de l’Etat reste très impopulaire et donne lieu à une lutte acharnée de la part de la gauche à la gauche du parti socialiste au pouvoir. La Troïka n’a pas de mandat du peuple pour imposer ses politiques, la dette qui en découle n’est pas le résultat de négociations démocratiques, ce sont des négociations entre individus qui s’expriment au nom d’institutions non démocratiques. La différence est de taille et la Troïka qui occupe politiquement et économiquement la Grèce pourrait être expulsée afin de débarrasser les citoyens grecs de cette présence illégitime. Alors que le peuple grec se saigne aux quatre veines pour rembourser une dette dont il n’a pas ou très peu bénéficié, la Grèce achète du matériel militaire à ses voisins européens censés l’aider, les droits des travailleurs sont détruits et le taux de suicide est passé de 1 par jour en 2009 à 2 par jour en 2010.

Il est temps de dire stop au pillage capitaliste par la dette qui opère un transfert de Capital depuis ceux qui produisent la richesse vers ceux qui spéculent et influencent les marchés ! Voilà un peu en substance, ce que l’on pouvait ressentir au cours des différentes interventions de ce séminaire. L’expérience de l’audit en Equateur en 2007 et 2008 qui a permis d’annuler une part importante de la dette illégitime et d’économiser 300 millions de dollars par an pendant 20 ans constitue un riche enseignement pour une alternative à construire en Grèce… Plusieurs représentant-e-s de l’Irlande, où l’Etat prévoit 6 milliards de nouvelles coupes budgétaires en 2011, ont motivé l’assemblée en annonçant qu’une commission d’experts indépendants portée par les associations AFRI, la coalition Debt and Development Ireland et le syndicat Unite avait déjà commencé à préparer le terrain pour un audit citoyen dans leur pays. Pour rappel, l’UE et le FMI ont engagé un plan de 85 milliards d’euros de prêt à l’Irlande, réparti sur plusieurs années, destiné notamment à renflouer le secteur bancaire.

Le peuple grec, au même titre que le peuple tunisien, peut, au regard du droit international, refuser le remboursement de la dette odieuse contractée sous un régime dictatorial qui a servi à maintenir et enrichir des tyrans au pouvoir tout en réprimant la population. Mais au-delà, peut-on demander réparation ? Le prêt de 110 milliards d’euros accordé par Bruxelles et le FMI à la Grèce en échange de l’austérité imposée à la population est-il légitime ? La dette aggravée par des « plans de sauvetage » pour porter secours aux banques est-elle légale ? Quelle est la priorité budgétaire de l’Etat, doit-elle aller en premier lieu vers le remboursement aux créanciers et les dépenses en armement ? Toutes ces questions alimentent le débat en Grèce pour un « audit indépendant » de la dette qui intègre des représentants de la société civile. Elles sont les prémices à autant d’arguments, qui avancés sur le plan juridique, doivent poser ces dettes comme irrecevables et nulles en droit. Et si la justice ne le fait pas, la pression populaire peut l’y contraindre. Le bouleversement de rapport de force, produit par un audit efficace, entre les détenteurs de richesse et ceux qui la produisent ne pourra qu’œuvrer pour une juste répartition. C’est un préalable utile qui appelle d’autres mesures fortes et nécessaires pour emprunter la voie d’une société radicalement différente, basée sur le partage des richesses, la justice et la solidarité, et qui reste à construire par et pour le peuple.

Jérôme Duval

P.-S.

2) Grèce - Organise-toi et combats pour la révolution - Grève Générale le 15 juin

Rallonge pour le sauvetage financier de la Grèce

Un plan d’aide a été convenu, hier, entre Bruxelles et Athènes. Il atteindrait 60 milliards d’euros.Le pays serait ainsi financé jusqu’en 2014. Au prix de nouveaux efforts impopulaires.

« Un accord de sauvetage sur trois ans.

 » C’est ainsi que la presse grecque rend compte de l’accord de principe passé entre la Grèce et l’Union européenne (UE). En plus des 110 milliards d’euros déjà programmés jusqu’en 2014, Athènes bénéficierait d’un plan supplémentaire de 60 milliards, financé par l’UE et probablement le Fonds monétaire international (FMI). Il couvrirait ses besoins budgétaires des trois prochaines années. Ta Néa, un journal réputé proche du gouvernement, indique que l’accord se serait fait, mercredi, à Vienne, lors d’une réunion des experts de la zone euro.

Privatisations accélérées.

En contrepartie, toujours selon Ta Néa, le pays s’engagerait sur des mesures d’austérité portant sur 6,4 milliards cette année et 22 milliards l’an prochain. Au programme : davantage de taxes, moins de fonctionnaires et des salaires diminués. La troïka (UE, FMI et Banque centrale européenne) annonce que la Grèce est prête à créer une agence de privatisation gérée de manière indépendante. Le rythme des privatisations (50 milliards d’euros) va être accéléré.

Les banques privées associées. Après avoir reçu Georges Papandréou, le Premier ministre grec, Jean-Claude Juncker, chef de file des ministres des Finances, a annoncé que la zone euro s’apprêtait à décider d’une nouvelle aide financière « en échange de conditions strictes ». Il n’a pas confirmé cependant le montant de cette aide. Les banques privées seront associées « sur la base du volontariat ». Berlin demandait que les créanciers privés participent à l’effort en rachetant des obligations grecques quand celles qu’ils détiennent arriveront à échéance.

Grève générale en vue.

La grogne sociale permettra-t-elle l’avancement de ce plan ?

Tandis que les experts de la troïka se trouvaient à l’intérieur, des sympathisants communistes ont bloqué, hier, l’entrée du ministère des Finances, à Athènes.

Ils ont déployé, sur cinq étages de la façade, une large banderole visible de la place Syntagma où des milliers d’« Indignés » se regroupent chaque soir : « Organise-toi et combats pour la révolution-Grève générale. »

Les syndicats du privé et du public ont appelé à une grève générale le 15 juin. Une manifestation est annoncée ce samedi et des arrêts de travail dans le public jeudi prochain.

Ballon d’oxygène en juillet.

Athènes attendait également le rapport des experts sur l’avancement du redressement de ses finances. La troïka a confirmé le versement, début juillet, d’une tranche de 12 milliards, après de nouvelles discussions. Le nouveau plan sera avalisé le 20 juin par les ministres des finances européens puis par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement, trois jours plus tard. Dès hier, les marchés ont réagi positivement : les rendements des obligations d’État grecques ont reculé tandis que les banques grecques gagnaient 9 % en Bourse.

http://www.ouest-france.fr/actu/eco...

2) Occupation du Ministère des Finances à Athènes par les syndicalistes

Des manifestants ont occupé le Ministère des Finances grec à Athènes ce vendredi alors que le gouvernement annonçaient que les négociations avec l’UE, la BCE et le FMI sur les mesures d’austérité et le bradage des biens publics avaient été « positives ».

Des centaines de militants de la confédération syndicale du PAME ont bloqué l’entrée du bâtiment à l’aube. Les syndicalistes ont déployé une immense banderole appelant à la grève générale sur cinq étages de l’édifice et ont arraché le drapeau de l’UE qui se trouvait sur le toit, le remplaçant par celui du PAME.

Les militants du Parti communiste grec (KKE) ont joué un rôle de premier plan dans l’occupation, disant que les mesures économiques prévues par le gouvernement « transformeraient les travailleurs en esclaves ».

Le PAME a déclaré aujourd’hui « un jour d’activité nationale » et des rassemblements contre « la politique anti-populaire » du gouvernement, avec des actions se déroulant dans tout le pays cet après-midi.

Le premier ministre Georges Papandreou n’était plus à Athènes, s’étant rendu au Luxembourg pour s’entretenir avec Jean-Claude Juncker, responsible du groupe des 17 ministres des Finances de la zone euro.

« Le premier ministre présentera le plan à moyen-terme à Juncker, qui comprend une accélération des privatisations et de nouvelles mesures pour couper dans les dépenses publiques et augmenter les recettes », a déclaré un officiel du gouvernement.

M.Juncker a critiqué M.Papandreou pour ne pas avoir coupé assez vite et pour avoir échoué à « réformer » le secteur public en contrepartie du plan de sauvetage de 110 milliards d’euros du FMI et de l’UE.

Le Parti socialiste au pouvoir tente de mettre en œuvre son « programme d’austérité » pour calmer les investisseurs en obligations qui soupçonnent le pays de ne pas pouvoir rembourser sa dette souveraine.

Le Ministre des Finances Georges Papaconstantinou a annoncé des coupes de 6,4 milliards d’euros le mois dernier qui prendront effet l’an prochain comme la première étape d’un plan agressif de réduction des déficits

Les critiques déclarent que ces mesures sont de nature à démanteler les services publics en Grèce, ayant un impact dévastateur sur les conditions de vie des travailleurs et plongeant le pays dans une récession prolongée.

De nouvelles coupes devront être ratifiées par le parlement Grec. Le gouvernement dispose d’une majorité de six sièges à l’Assemblée mais 16 députés socialistes ont appelé à « un vaste débat » sur les coupes. Le gouvernement a annulé deux réunions prévues de ses députés cette semaine pour éviter une confrontation avec les voix critiques issues de ses propres rangs.


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